La décolonisation

Solder l’héritage de la IVe République

L’appel au général de Gaulle en mai 1958 résulte avant tout de l’incapacité de la IVe République à faire face aux enjeux de la décolonisation. La défaite en Indochine (1946-1954) avait traumatisé l’opinion publique, qui voyait dans l’Empire un moyen de pérenniser le rôle de nation majeure de la France, et les autonomies garanties à la Tunisie (1954) par Pierre Mendès France et au Maroc (1955) par Edgar Faure, suivies d’une rapide accession à l’indépendance pour ces deux pays, avaient contribué à crisper encore le débat sur la décolonisation.

Pour le général de Gaulle, l’avènement de la Ve République, et les marges de manœuvre que celle-ci offre aux gouvernements, sont indispensables pour régler des enjeux aussi lourds. On peut ainsi remarquer que le référendum sur la Constitution de septembre 1958 porte aussi sur la création d’une communauté franco-africaine : les pays d’Afrique sub-saharienne, dont les dirigeants, comme Félix Houphouët-Boigny en Côte d’Ivoire ou Léopold Sédar Senghor, ont été formés par le système politique français, choisissent alors à une large majorité d’appartenir à une communauté avec le France, et sont libres de prendre leur indépendance. Seule la Guinée de Sékou Touré rejette ce cadre en septembre 1958, accédant immédiatement à l’indépendance. En revanche, les autres composantes de la Communauté y accèdent progressivement entre 1959 et 1960.

En Algérie, à compter de 1960, le Général engage une politique dite d’autodétermination qui permet l’ouverture de pourparlers avec le FLN. Cette politique suscite l’hostilité d’une partie de la population pied-noir et des militaires présents sur place (semaine des barricades du 24 janvier au 1er février 1960, putsch des généraux Jouhaud, Salan, Challe et Zeller du 21 au 26 avril 1961), mais débouche en mars 1962 sur les accords d’Evian, qui conduisent à l’indépendance de l’Algérie. Consultée par référendum, la population française approuve ces accords par 91% des votants le 8 avril 1962.

Faire de la France un ami des pays émergents

Cette œuvre de décolonisation offre au général de Gaulle la possibilité de nouer au nom de la France des liens privilégiés avec les pays nouvellement indépendants (on parlera de « Françafrique » au sujet de la politique africaine du Général et de son conseiller Jacques Foccart), mais aussi de se poser en interlocuteur des pays émergents, ce qui s’inscrit pleinement dans la stratégie du Général de rendre à la France un rôle mondial en refusant l’alignement sur les Etats-Unis. A l’occasion du discours de Phnom Penh (1er septembre 1966), le Général n’hésite pas à critiquer l’intervention américaine au Viêt-Nam, comme plus tard, son image de décolonisateur crédibilisera sa politique arabe.

Vidéos
Charles de Gaulle-Paroles publiques (INA/Fondation Charles de Gaulle)

Discours de Brazzaville

Parcours thématique : de Gaulle et l’Afrique noire

 

 

 

 

 

 

 

Discours de Phnom Penh

Bibliographie
  • Oulmont Philippe, Vaïsse MauriceLa décolonisation de l’Afrique subsaharienne, Paris, Karthala, 2014
  • Turpin Frédéric, Jacques Foccart, dans l’ombre du pouvoir, Paris, CNRS, 2015
  • Turpin FrédéricDe Gaulle, les gaullistes et l’Indochine, Paris, Les Indes savantes, 2005
  • Turpin Frédéric, De Gaulle, Pompidou et l’Afrique, décoloniser et coopérer, Paris, Les Indes savantes, 2010
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