De Gaulle et l’Afrique (4)

Radio Brazzaville, l’esprit de la France libre

C’est par un appel lancé sur les ondes d’un poste britannique que commence, comme on le sait, l’épopée de la France Libre, un certain 18 juin 1940. Le général de Gaulle comprend très tôt en effet que la radio est une arme capitale dans la conduite de la guerre. Il s’exprime 67 fois à la BBC entre 1940 et 1944.

Mais il s’agit d’un poste d’un poste étranger et les interventions du chef de la France Libre ne sont diffusées qu’après autorisation, voire censure du gouvernement britannique. Soucieux de doter la France Libre d’une voix qui lui soit propre, de Gaulle demande en octobre 1940  à une équipe de journalistes de fonder à Brazzaville un service d’information en Afrique française libre. Radio Brazzaville était née.

Les difficultés d’équipement et de recrutement ne permettent pas cependant d’émettre avant le 5 décembre 1940. Onze jours plus tard, de Gaulle reçoit le télégramme suivant : « Plan propagande radio maintenant appliqué. Sept émissions quotidiennes dont deux en morse, trois entendues en Afrique du Nord et en Syrie, et deux locales ».

Un service d’écoute est très vite créé pour réunir les informations alimentant les émissions d’actualité. Au reste, la qualité de réception s’améliore peu à peu grâce à des ondulateurs. Quant au problème du personnel, il est réglé par la fondation d’une école où la lecture du son, la lecture de la bande et la dactylographie sont enseignées aux futurs radio-télégraphistes issus des territoires de l’Afrique équatoriale française (AEF).

L’influence de Radio Brazzaville fut tout d’abord limitée en raison de la faible puissance de l’émetteur. Or, le général de Gaulle souhaitait que les émissions en puissent être écoutées dans le monde entier. Il convenait de doter Radio-Brazzaville d’un émetteur puissant et moderne ; c’est ce qui fut fait. Jacques Soustelle, Commissaire national à l’information à partir du 27 juillet 1942, devait en témoigner dans le journal Combat d’Alger : Radio Brazzaville fut aussi une formidable réussite technique.

« On ne s’est guère soucié jusqu’à présent de dire que la France possède là [avec Radio Brazzaville] un instrument supérieur à tout ce qu’elle possédait, même avant la guerre, comme émetteur à ondes courtes ».[…] «Dans la salle centrale, le technicien qui contrôle l’émission siège, comme un juge, et comme un pilote, à son bureau d’orgue chargé de cadrans et de molettes. Devant lui, sur la muraille s’étale une mappemonde dont Brazzaville est le centre et que coupent les six faisceaux des ondes dirigées. Au-dessus, une croix de Lorraine. Un câble souterrain, long de 3 kilomètres, relie l’émetteur situé dans le quartier de M’Pila, près du Congo, au bâtiment de l’information. Celui-ci est une maison allongée de 156 mètres de façade, entourée d’une véranda. C’est là que palpite, au bord du Congo, l’esprit de la France Libre ».

X