De Gaulle et l’Afrique (6)

La conférence de Brazzaville

C’est du 30 janvier au 8 février 1944, alors que la victoire des Alliés sur les forces de l’Axe semble se préciser, que se déroule à Brazzaville la « Conférence africaine française ». Elle rassemble les gouverneurs coloniaux de l’AOF, de l’AEF et de Madagascar, ainsi que les représentants des intérêts économiques et des membres de l’Assemblée consultative provisoire, sous l’égide du général de Gaulle.

La conférence doit définir les orientations futures de l’Empire et les rapports qui unissent la France à ses possessions d’outre-mer. Dans les années 1920-1930, les revendications en faveur d’une plus grande autonomie pour les colonies françaises n’avaient en effet cessé de s’affirmer. Le rôle décisif joué par l’Empire dans la France Libre donnait à ces demandes une légitimité accrue.

La conférence de Bazzaville est organisée et présidée par René Pleven, commissaire aux Colonies du Comité français de la Libération nationale, qui a rejoint le général de Gaulle dès juin 1940. Félix Éboué – le gouverneur général de l’AEF qui a rallié le Tchad à la France Libre à l’été 1940 – et Henri Laurentie – directeur des Affaires politiques au Commissariat aux Colonies, à Alger – sont également au cœur de cet événement.

Dans le discours qu’il prononce à l’ouverture de la conférence, de Gaulle rend hommage aux nombreux jeunes Africains qui se sont engagés pour défendre la France et l’Empire. C’est en feignant de s’interroger qu’il rend hommage à la fidélité de l’AEF et de sa capitale à la France Libre : « Où donc une telle réunion devait-elle se tenir, sinon à Brazzaville, qui, pendant de terribles années, fut le refuge de notre honneur et de notre indépendance et qui restera l’exemple du plus méritoire effort français ? ».

Le général de Gaulle rappelle que l’enjeu du conflit est bel et bien la « condition de l’Homme » et que, dans le même temps, « la guerre elle-même précipite l’évolution » de l’Empire français. Il souhaite que les habitants en puissent « s’élever peu à peu jusqu’au niveau où ils seront capables de participer chez eux à la gestion de leurs propres affaires ». Ce discours reçoit un large écho à travers tout le continent africain. Il n’ouvre pas directement la voie à l’indépendance, mais envisage l’émancipation des territoires de l’Empire français comme une nécessité à la fois politique et morale.

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