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par Philippe Goulliaud,
Journaliste

Cette semaine Philippe Goulliaud commente le discours de la Reine Elisabeth lors de la visite officielle du général de Gaulle en Grande-Bretagne en 1960 : « Better days will return », l’espérance made in England.

Lorsqu’il arrive à Londres, le 5 avril 1960, le général de Gaulle sait tout ce qu’il doit au Royaume-Uni, où il n’est pas revenu depuis 1944. Pendant la Deuxième Guerre mondiale, c’est à Londres qu’il a été accueilli et qu’il a incarné la France libre. C’est à Londres, qu’avec le soutien du Premier ministre Winston Churchill, il a eu accès aux ondes de la BBC pour y lancer l’Appel du 18 Juin 1940, aussitôt entré dans l’Histoire et dans lequel il exhortait à poursuivre la lutte contre l’Allemagne nazie.

Le Général sait aussi ce qu’il doit à la famille royale dont le soutien ne lui a jamais manqué pendant cette période. Il se souvient du patriotisme et de la détermination du Roi George VI et de son épouse Elizabeth, les parents de l’actuelle souveraine, qui ont partagé les dangers et les malheurs de leur peuple. A 18 ans, Elizabeth II a elle-même servi au sein de la branche féminine de l’Armée britannique comme conductrice et mécanicienne d’ambulances sous le matricule 230873.

Pour marquer la portée de cette visite d’État, la première de la présidence gaullienne, la Reine est venue en personne à Victoria Station, la gare principale de Londres, accueillir ses hôtes. Conduit par un vétéran des chemins de fer britanniques, le train Pullman à bord duquel ont pris place Charles et Yvonne de Gaulle arrive de l’aéroport de Gatwick, où la Caravelle présidentielle s’était posée. Sur le quai, Elizabeth II est accompagnée de son époux, le prince Philip, duc d’Edimbourg, de sa soeur, la princesse Margaret, de son oncle et sa tante, le duc et la duchesse de Gloucester, et de sa cousine, la princesse Alexandra de Kent. Le Premier ministre conservateur Harold MacMillan est également présent pour accueillir le président français, en uniforme.

La Reine Elizabeth, particulièrement souriante, réserve un accueil extraordinaire au président français qui a droit à tous les fastes de la Couronne. Pour gagner Buckingham Palace, où il sera logé, le Général prend place au côté de Sa Gracieuse Majesté dans le landau royal tiré par six chevaux Windsor Grey. Cet attelage éblouissant, escorté par un peloton de cavalerie des Life Guards, traverse le cœur historique de Londres où de Gaulle a tant de souvenirs. Et compte de nombreux supporters. On n’avait en effet jamais vu autant de monde pour voir passer un dirigeant étranger : quelque 100.000 personnes rassemblées tout le long du parcours du cortège pour acclamer ces deux personnages historiques.

Après un dîner de gala à Buckingham, Charles et Yvonne de Gaulle et la famille royale saluent la foule du haut du balcon du palais. Une immense Croix de Lorraine illumine alors le ciel de Londres, avant un mémorable feu d’artifice, pour la plus grande joie des spectateurs.

Dans le toast prononcé lors du dîner offert par la Reine, de Gaulle rend hommage à George VI et à Churchill qu’il a faits Compagnons de la Libération. Et il souligne que le peuple britannique « a pris à son compte tout le poids de la guerre, à un moment où son propre sort, celui de la France et celui de l’Europe ne dépendaient plus que de lui. Par là-même, il a été l’espérance de la France. »

Soixante ans plus tard, jour pour jour, le 5 avril 2020, Elizabeth II a à son tour invoqué l’espérance dans son discours historique consacré à la crise du Coronavirus. « Better days will return », « We will meet again » (« Des jours meilleurs reviendront », « Nous nous retrouverons »), a dit la Souveraine dans une courte allocution dont l’impact a été considérable.

Pour visionner la vidéo de l’arrivée du général de Gaulle à Londres :

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