Membre de longue date de la convention de la Fondation Charles de Gaulle, Jean Mauriac est mort à Paris le lundi 24 août à l’âge de 96 ans. Son patronyme le liait d’évidence à une grande famille gaulliste : fils de François Mauriac, dont la relation d’admiration et de fascination mutuelle avec le Général fut si dense et complexe, frère de Claude Mauriac, secrétaire particulier du Général de 1944 à 1948 et auteur d’un ouvrage précieux, un peu oublié, Un autre de Gaulle, Jean Mauriac a également vu sa vie transfigurée par la trajectoire de Charles de Gaulle.

Jeune étudiant en droit, il intègre dès la Libération l’Agence France Presse (AFP), héritière des différentes structures créées par la France libre (AFI, AID). Affecté dès 1945 à la couverture de l’action du général de Gaulle, Jean Mauriac y consacrera plus de deux décennies de son existence, accompagnant le Général de la rue Saint-Dominique à la rue de Solférino, restant à ses côtés lors du plus sombre de la traversée du désert (il est le seul journaliste à couvrir le grand voyage de 1956), avant de poursuivre cette relation de respect et de confiance après le retour au pouvoir de 1958. Jean Mauriac aimait à mentionner le voyage en Irlande de 1969, moment, sinon d’intimité, du moins de proximité avec le Général, interrompu par la naissance de l’un de ses fils, qui le privera du privilège d’un déjeuner en tête-à-tête avec le Général.

Une telle longévité dans la relation, une telle fidélité ne doit rien au hasard. Jean Mauriac était une mémoire vivante du gaullisme. Sa présence de tous les instants lui avait permis de vivre aux premières loges des évènements qui appartiennent aujourd’hui à la grande histoire de la Ve République. Il était saisissant de l’entendre mentionner avec familiarité, une forme de complicité et une lueur nostalgique l’action ou les confidences d’acteurs de premier plan de l’épopée gaulliste : l’un de ses derniers textes, publié pour la Fondation, revenait voici deux ans sur son amitié avec Olivier Guichard, et évoquait, incidemment, avec discrétion et pudeur, ces jours de mai et de juin 1958 où l’on sait quel rôle crucial joua le futur fondateur de la DATAR. Ecouter Jean Mauriac, c’était avoir le grand privilège d’entendre un récit puisé aux grandes sources de l’histoire, dans lequel il adoptait toujours, avec modestie, la posture du témoin. C’était également l’entendre évoquer des anecdotes uniques, connues de lui seul, sur le Général, avec ce mélange de fierté et d’admiration qui n’appartenait qu’à lui.

Cette connaissance intime a également fait son œuvre : ayant, en exclusivité mondiale, rendue publique la mort du Général le 9 novembre 1970, Jean Mauriac en tire un ouvrage précis et nostalgique deux années plus tard, avant de publier un récit, parfois rugueux, des années suivant le départ du Général et du mandat de Georges Pompidou, l’Après de Gaulle. Directeur adjoint de l’agence France-Presse à sa retraite en 1988, Jean Mauriac suivait avec une grande attention les activités de la Fondation, dont il était un membre éminent de la Convention, et nous avions plaisir à lui rendre visite, pour le tenir au courant de nos travaux, puiser quelques anecdotes et l’entendre nous dire sa passion toujours intacte pour le Général.

À sa fille, à ses deux fils, la Fondation présente ses plus sincères condoléances.

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