CORRESPONDANCE DU GÉNÉRAL DE GAULLE À JOSEPH KESSEL

9 avril 1950

Mon cher compagnon des grandes années, laissez-moi vous dire quel intérêt et quel plaisir j’ai trouvé

à lire Le Tour du malheur (La Fontaine Médicis et L’Affaire Bernan). C’est bien vivement que je vous

remercie de me les avoir envoyés et dédicacés. Vous revoilà, avec votre puissant et magnifique talent !

Veuillez croire, Cher Monsieur, à mes sentiments de bien sincère et amicale sympathie et à mes fidèles souvenirs.

C. de Gaulle

17 juillet 1952

Mon cher Kessel,

Dans Au Grand Socco, vous avez mis beaucoup de talent. Je vous en félicite, heureux de voir couler, forte et claire, la somme d’idées, d’images, de couleurs, de sentiments, qui fait de vous le grand romancier et écrivain que vous êtes.

Sachez, mon cher Kessel, que j’ai gardé vivant le souvenir de nos rencontres des temps héroïques et veuillez croire à mes sentiments bien cordialement dévoués.

C. de Gaulle

13 février 1956

Mon cher Joseph Kessel,

Vous êtes venu me trouver dans ma solitude et m’avez entraîné avec vous dans La Vallée des rubis. J’en ai été enchanté. Votre extraordinaire talent est un guide et un compagnon à qui, après le voyage, je demeure reconnaissant.

J’espère qu’indépendamment de la littérature, tout va, pour vous, comme vous voulez. La France n’est pas, actuellement, brillante. Il faut en avoir du chagrin, c’est le meilleur service à lui rendre.

Avec mon meilleur souvenir, je vous adresse, mon cher Joseph Kessel, l’expression de mes sentiments bien cordialement dévoués.

C. de Gaulle

2 novembre 1957

Mon cher Joseph Kessel,

Rien n’est plu vivant, dramatique, que votre livre Hong Kong et Macao. Cela tient un peu aux lieux et aux gens que vous peignez. Cela tient surtout à votre très grand talent qui est aujourd’hui plus éclatant que jamais.

Je vous remercie de m’avoir entraîné ailleurs qu’ici et fait vivre un autre jour qu’aujourd’hui.

Veuillez croire, mon cher Joseph Kessel, à mes sentiments bien cordialement et fidèlement dévoués.

C. de Gaulle

15 mai 1958

Mon cher Joseph Kessel,

Le Lion est magnifique. C’est, peut-être, le pus beau de vos livres. Cela marche, court, s’émeut éclate et retentit. Votre talent est très grand et vous en distribuez les fruits, largement, tout de go, sans artifices apparents de la pensée et du style.

Croyez bien, mon cher Joseph Kessel, que je vous tiens pour un des anciens, aujourd’hui autant que jamais.

Bien amicalement vôtre.

C. de Gaulle

8 janvier 1961

Mon cher Joseph Kessel,

Je n’ai pas manqué d’être extrêmement intéressé et assez ému par la lecture de votre livre : Avec les alcooliques anonymes. L’admirable est ce dévouement, cet apostolat, de ceux qui « en reviennent ».

L’étonnant est votre talent que vous déployez comme jamais dans cette peinture des gens, de leur âme vivante au milieu des choses éteintes.

Veuillez être assuré, mon cher Joseph Kessel, de mes sentiments d’admiration amicale et fidèle.

C. de Gaulle

9 juillet 1963

Mon cher Maître,

Une fois de plus, grâce à Tous ne sont pas des anges, je salue votre talent, son relief, sa couleur, son langage et cette teinte qui lui est propre d’incoercible mélancolie humaine.

Pour tout cela, je vous adresse l’expression de mes remerciements et de mon admiration, avec celle, mon cher Joseph Kessel, de ma fidèle amitié.

C. de Gaulle

3 novembre 1963

Nos résistants ont bien mérité que Joseph Kessel leur consacre L’Armée des ombres. Votre livre éclaire avec art et avec émotion l’obscurité de leur sombre combat. Votre talent fait voir combien et comment ils étaient vivants jusqu’au moment où ils tombaient morts. En vérité vous étiez bien fait pour participer à leur drame et, ensuite, pour en écrire. Je vous remercie pour eux, pour moi, pour ceux qui vous lisent et, à mesure, vous admirent.

Veuillez croire, mon cher Joseph Kessel, à mes sentiments de fidèle amitié.

C. de Gaulle

9 novembre 1964

Mon cher Maître,

Merci bien sincèrement de m’avoir donné l’occasion de relire votre très beau discours de réception à l’éloge du Duc de la Force et la noble réponse de Monsieur André Chamson.

Je suis heureux d’en conserver le texte enrichi des aimables lignes que vous avez bien voulu y ajouter en guise de dédicace.

Veuillez croire, mon cher Maître, à mes sentiments de fidèle amitié.

C. de Gaulle

10 octobre 1965

Mon cher Maître et ami,

Cette Palestine de notre siècle, cette aventure des pionniers, ce combat des guerriers, étaient faits par excellence pour que vous en écriviez. Mais quel talent vous y avez mis ! Pour Terre d’amour et de feu, je vous remercie vivement. Quant au procès d’Eichemann, vous en faites un drame de Shakespeare.

Soyez assuré, mon cher Maître et ami, de mes sentiments bien fidèlement dévoués.

C. de Gaulle

25 avril 1967

Mon cher Maître,

Toute la couleur, toute la poésie, toute la nostalgie, qui resplendissent dans votre grand talent, je les ai trouvées plus brillantes que jamais dans Les Cavaliers. Pour cadre du roman, vous avez, cette fois, choisi un royaume encore intact pour ce qui est de son âme et de sa figure. Vos dessins et vos personnages y trouvent un magnifique relief.

Laissez-moi vous exprimer, une fois de plus, ma sincère admiration.

Et veuillez me croire, mon cher Joseph Kessel, votre toujours fidèlement et amicalement dévoué.

C. de Gaulle

6 juillet 1970

Mon cher Maître et ami,

Vous avez vu, vous faites voir ; vous avez senti, vous faites sentir ; vous avez compris, vous faites comprendre ; le tout simplement, directement, fortement. Telle est la marque de votre si grand talent. C’est celle-là que porte votre livre Les Fils de l’impossible. Je vous remercie de tout cœur de l’avoir écrit, à son tour, et des termes en lesquels vous me l’avez dédicacé.

Soyez assuré, je vous prie, mon cher Joseph Kessel, de mon amitié fidèle et dévouée.

C. de Gaulle

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