Etape 1 – Historique de la Croix de Lorraine – 1. Origines historiques 

Les origines de la Croix de Lorraine : la croix byzantine 327-328

Les origines de la croix de Lorraine débutent au Golgotha à Jérusalem où Jésus-Christ fut crucifié. Selon la coutume romaine, un écriteau portant la mention Jésus de Nazareth, roi des Juifs (INRI : Iesus Nazarenus Rex Iudeorum) fut attaché en haut de la croix.

Trois siècles plus tard des fouilles furent ordonnées par l’impératrice Hélène à Jérusalem, en 327-328, mettant au jour trois croix dont celle présumée du Christ. L’impératrice partagea la relique en deux parties : elle en confia une au patriarche de Jérusalem, l’autre à l’empereur Constantin, son fils. Au fil des âges, de nombreux morceaux en furent détachés et dispersés dans toute la chrétienté entraînant un culte de cette relique et la construction de nombreux édifices pour les abriter : citons entre autres Aix-la Chapelle aujourd’hui en Allemagne voulue par Charlemagne ou la Sainte-Chapelle à Paris ordonnée par Louis IX (Saint Loui

La croix dite byzantine ou patriarcale est donc une croix à double traverse, par opposition à la croix latine ou christique à une seule branche.

Cet objet symbolique est partagé par l’Anjou, la Hongrie et la Lorraine, sans qu’il soit  d’ailleurs possible d’établir une réelle antériorité de l’un par rapport à l’autre.

Enluminure représentant Saint Louis priant devant les reliques de la Passion exposées en la Sainte Chapelle (Collection BNF)

La croix d'Anjou, 1244 - De Jérusalem à Baugé

En 1241, le seigneur angevin Jean d’Alluye, qui avait suivi Thibaut VI de Champagne à la sixième croisade, contribue à la défense de la Crète. En récompense, il reçoit de l’évêque Thomas de Crète, un morceau de la Vraie Croix, sculpté en forme de croix à double traverse.

Rentré en France, Jean d’Alluye offre la précieuse relique en 1244 à l’abbaye cistercienne de la Boissière en Anjou. Pendant la guerre de Cent Ans, la relique est confiée par les religieux à la protection du duc d’Anjou.

Le duc décide de décorer la Croix d’une parure de joyaux. Les orfèvres du roi Charles V placent sur chaque face de la Croix un Christ en or massif, surmonté d’un médaillon frappé d’un agneau sur une face, d’une colombe sur l’autre.

Dix-sept rubis et dix-neuf saphirs en cabochon ornent les branches, la croisée supérieure et le socle.

Le fragment vénéré à Baugé est, par son volume, le deuxième de France après celui de la Sainte-Chapelle, et le onzième de toute la Chrétienté.

 

La Croix de Lorraine, 1477 - De l'Anjou à la Lorraine

René II, duc d’Anjou et de Lorraine manifeste une grande dévotion pour la Sainte Croix et attache une grande importance à la filiation très discutable sur le plan de l’exacte généalogie, avec le preux Godefroy, duc de Basse-Lorraine et premier avoué du Saint-Sépulcre.

C’est en souvenir de son « ancêtre », le croisé Godefroy qu’il adopte la croix à double traverse.

Vainqueur de Charles Le Téméraire, il la donne pour emblème à son duché de Lorraine et à sa capitale Nancy dès 1477.

Pour autant la croix à double traverse est présente dès le début du XIVe siècle en Lorraine. En effet, un sceau à croix double est appendu à l’acte original de donation des terres de Neufchâteau et de Chatenoy, établi en 1326 par Ferry IV, duc de Lorraine à sa femme Isabelle d’Autriche.

La Croix de Lorraine, symbole de la province perdue après 1870

La croix à double traverse s’impose non seulement dans la famille régnante de Lorraine mais aussi dans la branche cadette et devient, grâce aux de Guise, l’emblème de la Ligue catholique contre les protestants sous le règne du roi de France Henri III.

De même, exaltée par le mouvement lotharingiste après la Révolution, la croix devient, après le désastre de 1870 et le traité de Francfort, le symbole de la province perdue, ce qui s’exprime dans la première inscription placée à Notre-Dame de Sion : Ce n’est pas pour toujours. Cet espoir de retrouver un jour la Lorraine mosellane s’exprime tant dans l’œuvre littéraire de Maurice Barrès que sur les innombrables œuvres d’art de l’École de Nancy, en particulier sous la signature d’Émile Gallé, marqué dans sa chair par l’annexion et la nouvelle frontière.

C’est d’ailleurs à Notre-Dame de Sion que le général de Gaulle se rend le 9 février 1945 peu avant sa tournée dans une Alsace- Lorraine à peine libérée du joug nazi.

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