De Gaulle et l’Afrique

Les ralliements : les Trois Glorieuses, août 1940

 

A Londres, au lendemain de l’appel du 18 juin, le général de Gaulle mesure son isolement. Il place ses espoirs dans l’Empire et ne cesse d’y faire allusion dans ses messages à la radio de Londres. Ainsi déclare-t-il par exemple, le 24 juin 1940, que la France « sent que, dans son vaste Empire, des forces puissantes de résistance sont debout pour sauver son honneur ». Il appelle dès lors les responsables de l’Empire à le rejoindre : « Mettez-vous en rapport avec moi pour unir nos forces et sauver les terres françaises » (28 juin 1940). Les Français des Nouvelles-Hébrides, derrière le Commissaire résident Henri Sautot, sont les premiers à rejoindre la France Libre le 20 juillet. Le 26 août 1940, c’est au tour du Tchad, sous l’autorité de son gouverneur, le Guyanais Félix Eboué, et de commandant militaire, le lieutenant-colonel Marchand. Le général de Gaulle s’en félicite le lendemain : « La France écrasée, humiliée, livrée, commence à remonter la pente de l’abîme. Les Français du Tchad viennent d’en donner la preuve ».

Le lendemain, 27 août 1940, le commandant Leclerc, qu’accompagnent René Pleven, Claude Hettier de Boislambert et André Parant, accomplit la mission que lui avait confiée de Gaulle : rallier le Cameroun à la France Libre. Grâce à l’action du médecin général Sicé et du colonel de Larminat, le Congo–Brazzaville devient alors la « capitale » de l’Afrique équatoriale française et rejoint la France libre le 28. Le 29 août 1940 enfin, le gouverneur intérimaire Pierre de Saint-Mart proclame le ralliement de l’Oubangui-Chari à de Gaulle, malgré l’opposition du commandant militaire du territoire. Très vite, on parle des « Trois Glorieuses » à propos de cette vague de ralliements d’août 1940, par analogie avec la révolution de 1830.

A la fin de l’été 1940, toute l’Afrique équatoriale française a donc rejoint la France Libre, à l’exception du Gabon. Ces ralliements ont donné au général de Gaulle une assise territoriale et une légitimité supplémentaire dans ses rapports avec les Britanniques. Les effectifs des Forces françaises libres en ont, en outre, été quintuplés : ils passent de 7 000 hommes en juillet 1940 à 35 000 à la fin août. Dès le 29 août 1940, De Gaulle peut ainsi affirmer que « la guerre continue par l’Empire français ». De nouveaux territoires devaient reconnaître l’autorité du général de Gaulle dans les semaines suivantes : les Etablissements français de l’Océanie (actuelle Polynésie française) le 1er septembre, les Indes françaises le 12 septembre, la Nouvelle-Calédonie le 20 septembre et le Gabon le 11 novembre 1940.

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