Félix ÉBOUÉ

Félix ÉBOUÉ

Félix Éboué est né le 26 décembre 1884 à Cayenne (Guyane française) dans une famille de cinq enfants. Son père était orpailleur et sa mère tenait une épicerie.
En octobre 1901, boursier, il entre en classe de troisième au lycée Montaigne de Bordeaux.

Passionné par l’Afrique, il entre à l’Ecole coloniale de Paris en 1906. Deux ans plus tard il est nommé élève administrateur des colonies et désigné, à sa demande, pour servir en Afrique équatoriale française.

Arrivé à Brazzaville au début de l’année 1909, il insiste pour être affecté en Oubangui-Chari. Là, nommé administrateur adjoint des colonies, il passe deux années à Bouka suivies d’une autre à Bozoum, à la frontière camerounaise.

En 1912 il est chef de la subdivision de Demara puis à partir de 1914 – alors qu’il voit sa demande d’engagement dans l’armée refusée – à Kouango près de Bangui.

En 1918 il est affecté à la circonscription de l’Ouaka puis à celle du Bas Mbomou en 1921. Marié en Guyane en 1922 avec Eugénie Tell, il est à la même époque initié à la franc-maçonnerie. En 1923 il est nommé chef de subdivision à Bangassou puis à nouveau à l’Ouaka en 1927. En 1928, il adhère à la ligue des Droits de l’Homme et du Citoyen.

Progressiste, Félix Éboué se dépense sans compter durant les vingt années qu’il passe en Oubangui pour le territoire dont il a la charge, aidant au développement des cultures à la construction de routes et d’écoles, s’imprégnant de la culture et des traditions locales qu’il étudie en profondeur. Il écrit parallèlement plusieurs ouvrages sur le langage et les peuples d’Oubangui.

En 1930 il est promu au grade d’administrateur en chef puis, en congé en France, il participe, en avril 1931, au congrès international d’ethnographie réuni à Paris à l’occasion de l’exposition coloniale.

En janvier 1932, Paul Reynaud, ministre des Colonies, le nomme secrétaire général auprès du gouvernement de la Martinique où, par deux fois, il assure l’intérim en l’absence du gouverneur.

En avril 1934, il est affecté dans les mêmes fonctions au Soudan français ; dix mois plus tard il y est nommé gouverneur intérimaire avant d’être rappelé en France en septembre 1936. A la demande de Maurice Violette, ministre des Colonies du gouvernement Blum, Félix Éboué accepte le poste de secrétaire général de la Guadeloupe où il est nommé aussitôt gouverneur intérimaire. Arrivé à Pointe-à-Pitre en octobre 1936, il y trouve une agitation inquiétante qu’il réussit progressivement à calmer. Dans le même temps, aidé par une conjoncture économique favorable, il assainit en deux ans les finances publiques, déficitaires depuis plusieurs années et met en place les réformes sociales du Front populaire.

En juillet 1938 il est rappelé en France et nommé gouverneur de 2e classe au Tchad. Le 4 janvier 1939, Félix Éboué rejoint Fort-Lamy et se lance dans des grands travaux de construction des infrastructures économiques et militaires, en prévision d’une guerre qui apparaît de plus en plus inévitable.

L’effondrement de juin 1940 et l’occupation de Paris stupéfient le gouverneur Éboué qui, refusant l’idée de l’armistice, câble, dès le 29 juin, au gouverneur général Boisson sa détermination à maintenir le Tchad dans la guerre. Félix Éboué dont les convictions humanistes et républicaines sont aux antipodes des valeurs du gouvernement Pétain prend contact avec le général de Gaulle dès le début du mois de juillet. La France Libre est officiellement reconnue par les Britanniques depuis le 7 août et elle peut alors agir ; le 24 août René Pleven et le commandant Colonna d’Ornano envoyés du général de Gaulle parviennent à Fort-Lamy où ils sont accueillis chaleureusement par Félix Éboué, le lieutenant-colonel Marchand et la population.

Le 26 août 1940 le Tchad rallie officiellement la France libre par décision unanime du gouverneur Eboué et du commandant militaire donnant un exemple immédiatement suivi par la quasi totalité des territoires de l’AEF (Congo – Oubangui-Chari) et du Cameroun. Au début du mois d’octobre 1940 le général de Gaulle se rend à Fort-Lamy où il rencontre Félix Eboué qu’il nomme, quelques jours plus tard, membre du Conseil de Défense de l’Empire et, le 12 novembre 1940, gouverneur général de l’Afrique équatoriale française.

En janvier 1941 il est décoré de la Croix de la Libération et nommé membre du Conseil de l’Ordre de la Libération. A la même époque, Félix Éboué libère les chefs africains incarcérés par Boisson et commence à définir les grandes lignes d’une nouvelle politique indigène en AEF qui devra s’appuyer sur les élites locales, maintenir et développer les structures sociales déjà existantes et améliorer les conditions de travail tout en favorisant le développement économique. Il soutient aussi en priorité la poussée des Forces françaises combattantes en Afrique du Nord.

En juillet 1942, sur sa proposition, le général de Gaulle signe trois décrets fixant le statut des notables, organisant les communes africaines et créant un office du travail. En septembre, il reçoit le général de Gaulle en inspection en AEF.
Du 30 janvier au 8 février 1944, il participe activement à la conférence de Brazzaville sur la question coloniale ouverte par le général de Gaulle et au cours de laquelle il voit dans leur ensemble ses théories reprises et adoptées. Le 16 février 1944, accablé de fatigue à la suite de la conférence, il quitte Brazzaville accompagné de son épouse et de sa fille pour un voyage au Soudan anglo-égyptien et en Egypte.

Au Caire, il parvient à apaiser les différends entre le Comité français de la Libération nationale (CFLN) et le premier ministre du roi d’Egypte Nahas Pacha. Au début du mois de mai il donne au lycée français du Caire une conférence sur l’AEF « de Brazza à de Gaulle » lorsque, pris d’un malaise, il doit s’interrompre et s’aliter.

Une congestion pulmonaire se déclare et, le 17 mai 1944, Félix Éboué rend son dernier souffle. Le 20 mai 1949, il est inhumé au Panthéon.

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