L'unification de la Résistance
De la France Libre à la France Combattante
Dès le début de l’Occupation, les programmes français de la BBC et les tracts parachutés en métropole rendent compte de l’action des Français Libres et des Alliés, alors que les émissaires du général de Gaulle envoyés en mission en France récoltent des renseignements sur les premiers noyaux de résistance intérieure. A l’automne 1941, Jean Moulin livre au général de Gaulle un rapport détaillé sur l’organisation de la résistance métropolitaine : il est alors chargé d’une mission visant à unir et rallier les mouvements de résistance de zone sud.
Alors que la circulation des hommes, des informations et du matériel s’intensifient progressivement entre Londres et les différentes zones d’occupation françaises, le général de Gaulle entend rassurer les représentants de la Résistance intérieure en diffusant une « déclaration du chef de la France Libre aux mouvements de résistance », texte dans lequel il clarifie son programme politique, économique et social pour l’après-guerre. La transformation du terme « France Libre » en « France Combattante » à partir du 13 juillet 1942 illustre le rapprochement alors en cours.
Jean Moulin et la création du Conseil national de la Résistance
La mission confiée à Jean Moulin aboutit en janvier 1943 à la fusion des trois grands mouvements de résistance de zone sud (Combat, Libération, Franc-Tireur) au sein des Mouvements unis de la Résistance (MUR). Parallèlement, les efforts de deux autres émissaires du général de Gaulle, le colonel Passy et son adjoint Pierre Brossolette, permettent de regrouper en mars 1943 les cinq principaux mouvements de la zone occupée.
Une étape supplémentaire est franchie le 27 mai 1943, à l’occasion de la première réunion du Conseil de la Résistance. Jean Moulin a créé un organe représentatif de la Résistance regroupant les principaux responsables des organisations de résistance (syndicats, partis politiques, mouvements de résistance) qui reconnaissent alors l’autorité de général de Gaulle.
Portée et limites de l’unification de la Résistance
L’unification des résistances a une importance stratégique majeure pour le général de Gaulle : alors en concurrence avec le général Giraud, l’appui de la Résistance intérieure renforce sa position aux yeux des Anglo-Saxons, qui lui reprochent parfois son intransigeance.
Malgré les obstacles qui viennent parfois entraver la coordination de l’action des Résistances (arrestations dont celle de Jean Moulin, problèmes de circulation des informations, divergences stratégiques), le consensus politique né autour du programme du Conseil national de la Résistance (CNR) adopté à l’unanimité et dans la clandestinité le 15 mars 1944 permet à la Libération l’adoption de réformes économiques et sociales d’envergure.