De Gaulle et l’Afrique (7)

Les voyages de 1953 en Afrique

Depuis qu’il a démissionné de la présidence du Gouvernement provisoire de la République (GPRF) le 20 janvier 1946, le général de Gaulle n’a cessé de fustiger le « régime des partis ». C’est pour l’ébranler qu’il fonde le Rassemblement du peuple français (RPF) le 7 avril 1947.

Mais ce mouvement, qui remporte d’importants succès électoraux dans le contexte des débuts de la guerre froide, semble marquer le pas après les législatives du 17 juin 1951. Pour autant, de Gaulle reste interdit d’antenne par le pouvoir au début des années 50 : ni la radio, ni la télévision d’État ne lui accordent la parole. Le 6 mai 1953, l’ancien chef de la France Libre décide de mettre en sommeil le RPF. Débute alors pour lui ce qu’on appelle « la traversée du désert ».

C’est dans ce contexte qu’il effectue deux longs voyages en Afrique noire. En mars 1953, il se rend d’abord en Afrique occidentale française (AOF). L’itinéraire préparé par ses collaborateurs le conduit au Sénégal, au Soudan français, en Guinée, en Côte d’Ivoire, au Togo, au Dahomey, en Haute-Volta et au Niger. L’accueil des populations est souvent très enthousiaste, au point que le Haut Commissaire de la République en AOF, Bernard Cornut-Gentille, en est lui-même impressionné.

Le général de Gaulle gagne ensuite l’Afrique équatoriale française (AEF). Il visite le Tchad, l’Oubangui-Chari, le Congo, le Gabon et  conclut ce long voyage (du 4 mars au 1er avril 1953) par le Cameroun.

A l’automne 1953, le général de Gaulle entreprend un second voyage sur le continent africain et dans l’Océan indien. Il retrouve le Tchad et le Congo, puis séjourne à Madagascar, à La Réunion, aux Comores et à Djibouti. Il s’écarte même des territoires de l’Union française au terme de ce voyage et se rend en Ethiopie.

D’aucuns commentent ces déplacements en avançant que de Gaulle cherche (et trouve) en Afrique la chaleur et l’affection que la métropole lui refuse. Il ne prononce qu’un seul discours sur le sol africain, à l’occasion de l’inauguration du monument honorant la mémoire de Félix Eboué à Bamako, le 8 mars 1953.

Aux nostalgiques de l’ancien ordre colonial, il assène alors que « l’Afrique est engagée sur une route où on ne revient pas en arrière ». C’est pour constater de lui-même les changements intervenus dans l’Union depuis la conférence de Brazzaville qu’il a choisi de s’y rendre. A ce souci se mêle la volonté de témoigner son attachement à des territoires qui ont joué un rôle crucial pendant la Seconde Guerre mondiale.

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