Le Fil de l’épée connaît peu de succès lors de sa publication en 1932. Pourtant, ce livre est annonciateur : avant même de rencontrer l’Histoire, le futur général de Gaulle y énonce des idées qu’il ne cessera de développer par la suite. Il insiste, déjà, sur la contingence propre à toute action, l’attitude de l’homme de caractère, le rôle du prestige dans l’art de commander, ou la complémentarité entre le politique et le soldat.

Aux yeux de De Gaulle, il est urgent que l’armée sorte du doute et de la passivité. Il en va de la grandeur de la nation, exaltée par l’auteur, et de sa capacité à faire face aux défis internationaux. Pour se rénover, l’armée doit se retremper, sortir des raideurs hiérarchiques, des vieilles habitudes. Elle doit retrouver le génie militaire, renouer avec l’idéal, se rassembler derrière l’homme de caractère qui, poussé par « une sorte de lame de fond », saura la conduite dans l’action.

Le texte, servi par une plume acérée, annonce le de Gaulle politique, solitaire dans ses décisions, sûr de lui et des desseins de la nation. Il préfigure aussi les difficultés qu’il rencontrera : sa conception du pouvoir n’est pas du goût des conservateurs.

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