CÉRÉMONIE DES VŒUX DE L’ANNÉE 2018 À LA FONDATION CHARLES DE GAULLE
Allocution de Marc Fosseux, Secrétaire général
Vendredi 12 janvier 2018
Monsieur le président,
Mesdames, Messieurs les administrateurs,
Mesdames, Messieurs,
Chers amis,
« Je suis de ceux qui admirent les anciens, sans cependant mépriser, comme certains, les talents de notre époque. Car il n’est pas vrai que la nature, comme si elle était lassée et épuisée, n’enfante plus rien d’estimable ».
Cette citation d’une des lettres de Pline le jeune à son ami Tacite résume assez bien l’état d’esprit dans lequel la Fondation s’emploie à travailler. Entretenir le souvenir d’un grand homme et d’une grande période de l’histoire de notre pays, mais faire confiance à l’avenir.
Comme chaque année, nous nous retrouvons dans cette bibliothèque pour la cérémonie des vœux. Je commencerai en préambule par saluer la mémoire de tous les membres ou anciens membres de la Fondation qui nous ont quittés en 2017, et j’ai ce matin une pensée particulière pour Mme Guéna décédée mardi et dont les obsèques auront lieu en Dordogne samedi.
I – Retour sur 2017
Pas plus que l’an dernier, je ne vais me livrer à un inventaire détaillé de tout ce qu’a fait la Fondation.
L’année 2017 a vu la poursuite et l’amplification d’actions engagées les années précédentes, notamment en direction de la jeunesse et du numérique et qui nous valent d’être de plus en plus sollicités et de nouer de nouveaux partenariats : avec la Région d’Ile-de-France, pour intervenir dans les lycées de la région, avec l’Assemblée des départements de France, qui nous aide vis-à-vis des collèges et pour la diffusion de la revue Espoir, avec la direction du patrimoine, de la mémoire et des archives du ministère des armées, avec la ville de Paris. Ces murs résonnent régulièrement du bavardage sympathique de classes du secondaire, et même du primaire, et c’est le meilleur encouragement à continuer ce que nous faisons.
Le séminaire réussi sur la Défense, qui s’est clôturé le 12 janvier 2017, il y a exactement un an, a donné lieu à une publication dès le mois de mars d’un livre de synthèse grâce à Frédéric Fogacci et à l’équipe d’étudiants de Sciences Po. Il a incontestablement permis de resserrer nos liens avec les Armées et le ministère du même nom, donnant naissance à des coopérations intéressantes et prometteuses en particulier avec l’Armée de Terre, la Marine nationale et l’Armée de l’Air. Je salue la qualité exceptionnelle de la présence des armées lors des cérémonies du 9 novembre à Colombey. Je souligne que ces cérémonies, organisées comme il se doit par l’ordre de la Libération et son délégué national le général Baptiste, avec l’appui de la Fondation, furent particulièrement belles et émouvantes ; elles ont impressionné les personnes présentes, officiels, population de Colombey et élèves des académies de Reims et de Paris.
La Fondation a reçu de nombreuses délégations françaises et étrangères, en particulier une délégation allemande venue observer les élections en France au printemps, des dirigeants russes venus ici grâce à la chambre de commerce et d’industrie de Paris. La Fondation a été honorée de recevoir de hautes personnalités comme le président Hollande ici même en avril et le Premier ministre Edouard Philippe en juin à la Boisserie. L’année 2017 a été l’occasion de commémorer le 50e anniversaire du voyage du Général de Gaulle au Québec, avec une participation à des événements au Québec et en France – notamment la visite ici le 24 juillet de Mme Beauchamp, déléguée général du Québec ; 2017 a vu également le 50e anniversaire du voyage en Pologne avec une exposition réalisée pour l’ambassade de France.
Je vous donne aussi quelques nouvelles des sites de Colombey, Lille et Paris.
À Colombey, nous avons inauguré le sentier Dans les pas de Charles de Gaulle, sentier d’interprétation d’un kilomètre et demi réalisé autour de la Croix de Lorraine et avec l’aide de l’office national des forêts et du département de Haute-Marne. C’est une belle façon de mettre en valeur le site de la colline, ses arbres, la relation que le Général de Gaulle entretenait avec la nature de Haute-Marne. J’espère que, grâce à un effort de signalisation qui reste à faire, ce sentier attirera de nombreux visiteurs. Il faut dire que la fréquentation globale de Colombey et celle de la Boisserie en particulier ont accusé un recul en 2017. Il faudra relancer des actions volontaires en 2018 avec nos partenaires locaux.
La Maison natale à Lille continue à profiter de la nouvelle formule de gestion par le département du Nord et nous nous en réjouissons. Nous allons créer un fonds de dotation qui a déjà reçu des engagements de la part de mécènes lillois.
L’Historial des Invalides a suivi la fréquentation globale du musée de l’armée. Une réflexion va s’engager en 2018 sur les modernisations à apporter d’ici à 2020, mais sa conception n’a pas vieilli depuis l’ouverture en 2008.
La Fondation a soutenu en 2017 la pièce de théâtre Meilleurs Alliés de Jean-Claude Idée jouée de septembre à décembre au Petit-Montparnasse et qui a reçu un accueil très favorable de la critique et du public.
Au plan scientifique, je rappellerai d’abord l’arrivée d’un nouveau président du conseil scientifique, Arnaud Teyssier, qui a succédé à Gilles Le Béguec en mars. Malgré ses nombreuses occupations et son activité éditoriale remarquée, Arnaud Teyssier s’est engagé complètement dans sa mission très importante, en parfait accord avec le conseil d’administration. Cela s’est vu notamment lors des journées de Rome organisées en septembre avec la fondation Magna carta sur le rôle des partis politiques.
Toute cette activité de la Fondation reste encore trop peu connue. Pourtant, 2017 a vu la mise en place d’une stratégie cohérente de communication, s’appuyant sur un site internet rénové et une présence croissante sur les réseaux sociaux. Nous avons également ouvert en décembre une boutique en ligne. La Fondation a toujours vendu des objets souvenirs à Colombey ou ici à Paris et il n’y aucune raison de s’émouvoir qu’une telle activité, qui restera de toute façon accessoire, soit visible sur notre site. Les produits qui y sont proposés sont de qualité et ne dégradent en rien l’image de la Fondation.
J’en viens maintenant à l’année 2018 et aux perspectives d’avenir.
II – Projets et perspectives
Toutes les actions que je viens de rappeler seront poursuivies. Je voudrais m’attarder sur quelques points et en tirer une synthèse générale.
– Les anniversaires
Il y en aura principalement trois en 2018, deux qui nous semblent importants, un troisième qu’on ne pourra éviter.
Les deux premiers, c’est d’abord le 60e anniversaire de la Constitution de 1958. Le conseil scientifique prépare un colloque de haut niveau avec l’École normale supérieure et l’École nationale d’administration. Le Président de la République a accordé son haut patronage.
Ce sera par ailleurs le 60e anniversaire de la rencontre capitale entre De Gaulle et Adenauer à Colombey (14 septembre 1958) au cours de laquelle ces deux hommes ont appris à se connaître et à s’apprécier et qui déboucha un peu plus de quatre plus tard sur le traité de l’Élysée. Le 50e anniversaire en 2008 avait été marqué par la présence à Colombey du Président français et de la chancelière allemande, venus par ailleurs inaugurer le Mémorial. Nous travaillons à une cérémonie similaire dont chacun mesure la portée qu’elle pourrait avoir dans le contexte européen d’aujourd’hui, et je profite de la présence du représentant de l’état-major particulier du Président de la République pour lui dire que nous nous tenons à la disposition du cabinet du Président pour y travailler.
Le 3e anniversaire, c’est les 50 ans de Mai 68 qui a déjà droit à des unes de magazines. La Fondation n’envisage nullement de participer à une célébration nostalgique d’événements dont je vous laisse libre d’apprécier la postérité. Pour autant, comme nos prédécesseurs l’ont fait en 1998, nous préparons un numéro d’Espoir sur Mai 68 qui visera non seulement à rappeler les événements sur le plan historique, mais aussi à laisser s’exprimer des intellectuels et des jeunes sur ce qu’ils retiennent réellement de Mai 68. J’en profite pour vous encourager à renouveler – si ce n’est déjà fait – votre abonnement à Espoir qui vient de faire peau neuve dans un numéro de grande qualité.
– Les projets internationaux
Le président et le directeur sont rentrés hier de Chine où ils se trouvaient à l’occasion du voyage du Président de la République qu’ils ont rencontré. Ce déplacement fut l’occasion pour la Fondation de signer un protocole avec la principale business school chinoise, la China European business school de Shanghai (CEIBS), en vue de créer une chaire « Charles de Gaulle – leadership global » sous le haut patronage de l’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin. Vous savez que la Fondation travaille depuis quelque temps sur cette question de la formation des futurs dirigeants et sur l’exemple que Charles de Gaulle en tant que chef, décideur, visionnaire peut représenter pour des décideurs globaux du 21e siècle. C’est un axe un peu nouveau, quoique s’inscrivant dans la mission de cette maison, et qui peut rejoindre des préoccupations exprimées par d’autres institutions en France – l’Armée, l’enseignement supérieur, le CEPS qui est ici représenté – et à l’étranger. Pour compléter sur la Chine, la Fondation dispose désormais d’un bureau mis à sa disposition gracieusement dans le D-Park de Shanghai grâce à M. Antonio Duarte.
Vous savez que c’est autour d’un projet de formation et d’éducation que nous allons mettre en œuvre le futur institut Charles de Gaulle – Liban qui sortira de terre bientôt dans l’enceinte de l’École supérieure des affaires de Beyrouth. Le lancement officiel du projet d’institut aura d’ailleurs lieu dans les toute prochaines semaines.
De même, nous travaillons sur de nouveaux projets de séminaire de futurs dirigeants, sur le modèle de ce que nous faisons depuis une dizaine d’années avec la Chine.
Pour résumer, on voit que la Fondation Charles de Gaulle est en train d’adapter son action pour l’inscrire dans son époque et dans une dimension globale. Si la dimension historique et mémorielle constitue toujours le socle de son action, la Fondation Charles de Gaulle a l’ambition de mettre en valeur ce qui reste profondément actuel dans la pensée et l’action de De Gaulle. Montrer comme on l’a fait en 2017 la cohérence et la force de notre organisation institutionnelle et de défense et ce qu’elle permet de faire à un Président légitimé par l’élection populaire pour protéger la France et les Français, c’est souligner combien il serait irresponsable d’y renoncer dans le monde dangereux où nous vivons. Vouloir montrer, comme nous souhaitons le faire en 2018 avec le séminaire « Le grand large », que la France reste une puissance globale dans un monde où les enjeux de puissance et de souveraineté pèsent lourd, qu’elle est une puissance au service de la paix mais attentive aussi à ses intérêts, je crois que cela contribue au rayonnement de notre pays et à son influence dans le monde. Et j’ai même le sentiment que c’est une approche qui a retrouvé sa place au sommet de l’État. Parler de De Gaulle à de futurs dirigeants, en faire une source de réflexion et d’inspiration – il n’y pas que Churchill, Steve Jobs ou la Harvard Business Review – pour les préparer à leur métier de décideur dans un monde global et hyper-complexe, je crois aussi que cela a du sens et sert le rayonnement de la France.
La Fondation déploie donc son activité dans des directions nouvelles et par le biais de partenariats. Elle doit le faire en étant très attentive à ne pas perdre la maîtrise des projets dans lesquels elle s’engage, ni prendre le risque que son image, sa réputation, son savoir-faire soient détournés par d’autres à des fins étrangères à son objet. C’est une difficulté dont il faut être conscient, alors que la Fondation a des moyens humains et financiers limités. C’est une difficulté en particulier pour des projets à l’international où la distance, les changements de personnes, les intérêts bien compris des uns et des autres aboutiraient à dénaturer des projets initiés par la Fondation ou à marginaliser son rôle. Si un tel risque existait, je le dis clairement, la Fondation se retirerait et arrêterait les projets en question. La Fondation Charles de Gaulle est la seule institution voulue par le Général de Gaulle pour entretenir sa mémoire et reconnue comme telle par l’État. Nous veillerons donc à protéger son nom, sa réputation et ses droits.
Je voudrais terminer par un propos sur notre compagnie d’hommes et de femmes fiers de servir cette noble maison.
La Convention d’abord. Elle réunit aujourd’hui un peu moins de 200 personnes. Il est essentiel de la renouveler, d’y faire entrer de nouvelles personnes, d’horizons divers, mais désireux d’apporter leur concours, leurs réseaux, leur bonne volonté et de contribuer ainsi à la réussite de nos actions. Ce qui compte, c’est d’accueillir des hommes et des femmes sincères dans leur volonté de servir la mémoire du Général de Gaulle. C’est aussi le rôle des Amis de la Fondation, qui nous aident à attirer et à détecter des personnes – notamment des jeunes – intéressées par les actions que nous menons.
Un mot aussi sur le conseil d’administration dont je suis maintenant le membre le plus ancien avec Martine de Boisdeffre puisque nous y siégeons tous les deux depuis dix ans. Nous avons la chance, le président et moi-même, de nous savoir en confiance avec un conseil d’administration composé de personnalités toujours positives, d’expériences et de points de vue divers, mais toujours soucieuses de l’unité de cette maison.
L’équipe des salariés enfin, sans oublier l’équipe de Colombey. Sous le commandement du directeur, l’amiral Barrère, l’équipe de la Fondation qui est jeune, dynamique, sympathique, déploie une énergie communicative. Le visage au quotidien de la Fondation, c’est vous, il rayonne aussi grâce à vous et je sais combien vous êtes tous fiers de participer à cette œuvre.
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Je conclurai par des vœux de bonne année et de bonne santé pour vous, Monsieur le Président. Je vous remercie pour votre engagement personnel sans limite au service de la Fondation Charles de Gaulle, pour votre appui constant aux initiatives qui sont prises, pour la confiance dans laquelle nous travaillons ensemble. Je formule également des vœux pour votre épouse, pour vos enfants et petits-enfants, pour l’Aveyron naturellement, ainsi que pour chacune et chacun d’entre vous.
Marc Fosseux
Secrétaire général de la Fondation Charles de Gaulle