Notre ami Philippe Barthelet, écrivain et membre de la Convention de la Fondation Charles de Gaulle, nous adresse ces lignes sur la mort de François de Curel, membre de l’Académie française et ancien propriétaire du 5 rue de Solférino à Paris.

[…] Le 26 avril 1928, l’Académie française venait de se réunir pour sa séance du jeudi quand se répandit la nouvelle de la mort de François de Curel. M. Abel Hermant improvisa un bref éloge et la séance fut levée en signe de deuil. Le maréchal Foch, qui fut le condisciple de M. de Curel au collège de Metz, le maréchal Joffre et M. René Doumic se rendirent immédiatement au domicile du défunt, rue de Solférino.

L’écrivain y était revenu quelques jours auparavant, de Marlotte où il possédait une villa. Il se trouvait seul dans son cabinet de travail, assis dans un fauteuil et lisant, lorsqu’il succomba, à 11h 30, durant une syncope cardiaque.

Les obsèques du vicomte François de Curel, commandeur de la Légion d’honneur, ont eu lieu le lundi 30 avril, en la basilique de Sainte-Clotilde.

L’Académie française y était officiellement représentée par MM. Emile Picard, Albert Besnard, Georges Lecomte et Camille Julian, et c’est M. Abel Hermant qui prononça son éloge funèbre, sous le porche, devant la foule émue des amis et des admirateurs du grand auteur dramatique.

Le même M. Abel Hermant avait, dans le Figaro du 27 avril, écrit une chronique sur François de Curel, où il disait : « Il a été aussi l’un de ceux que Baudelaire appelle les phares – l’un des phares, le plus hautain sans doute, de la scène française à la fin du dix-neuvième siècle et aux premières années du vingtième, et c’est probablement ce qui intéressera le plus nos neveux, voire les contemporains, il a été l’un de ceux dont les blasphèmes ou les plaintes :

  • Sont un écho redit par mille labyrinthes…
  • Un appel de chasseurs perdus dans les grands bois.

On a bien le droit d’emprunter à la poésie ces figures trop splendides, pour les offrir en hommage à celui qui n’a pas craint de faire souvent parler à ses créatures, sur les tréteaux de la comédie, un langage égal en magnificence à celui de Chateaubriand. »

François de Curel, par Gilbert de Voisins, dans la collection « Les Quarante », chez Félix Alcan (1930), pp. 44-45.

 

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