LA BIBLIOTHÈQUE DU GÉNÉRAL

Par le Professeur Alain Larcan

 

« Chaque fois que j’entre dans une bibliothèque, j’éprouve un sentiment de tristesse », écrivait Renan, probablement en pensant au « linceul de pourpre où dorment les dieux morts » mais aussi aux trésors enfouis et rarement visités, et aux propriétaires disparus qui avaient rassemblé, feuilleté, lu et utilisé les livres rassemblés dans ces bibliothèques. Ce sentiment m’envahissait déjà lorsque j’ai commencé à la demande de Pierre Messmer l’inventaire de la bibliothèque de la rue de Solferino puis bien entendu et bien davantage à Colombey quand l’Amiral, m’honorant grandement de son amicale confiance a bien voulu m’autoriser à établir l’inventaire de la principale bibliothèque du Général.

En restant des journées entières dans ces deux pièces du rez-de-chaussée, travaillant sous le regard des visiteurs, respectueux des lieux et parfaitement silencieux, sans relever la tête, je subissais l’envoûtement de ces lieux où au-delà de la mort, continue à souffler l’esprit. Là je pouvais méditer à loisir sur le destin des livres qui est d’abord fonction de la capacité du lecteur, pro captu lectoris habent sua fata libelli.

Avant d’analyser la bibliothèque du général de Gaulle, nous dirons ce qu’elle n’est pas.

Elle n’est pas une bibliothèque familiale complète et on ne retrouve aucune trace de transmission d’une collection d’ouvrages venant soit du côté de Gaulle, soit du côté Maillot. Peut-être les ouvrages transmis ont-ils été distribués aux frères et à la sœur du Général ou ont-ils disparu à la faveur des circonstances. Il existait cependant un exemplaire, vraisemblablement familial, de l’édition en 9 volumes de l’Histoire de Paris, de Julien de Gaulle que l’Amiral a repris car c’était un exemplaire unique [1]. Les quelques ouvrages antérieurs à 1900, et qui sont souvent des livres de prix, n’ont pas un grand intérêt en dehors de la présence significative de livres d’enfance et d’adolescence [2]. Mentionnons cependant quelques ouvrages de Joséphine Maillot – de Gaulle dont un consacré au Saint-Sacrement et un autre aux jeux d’esprit. Nous n’avons trouvé ni Le Foyer de mon oncle, ni les biographies de Chateaubriand, O’Connor ou Drouot, ni la correspondance des familles [3].

Elle n’est pas non plus la bibliothèque réduite et significative du jeune officier – celle de Psichari comportant idéalement les exercices de Saint Ignace, Corneille et Vigny -, il n’existe qu’un livre, emprunté à la veille de 1914, par le jeune lieutenant à la bibliothèque du 33e RI à Arras, et jamais rendu, l’Histoire de dix ans, 1830-1840 de Louis Blanc. Il reste aussi l’exemplaire de Charles de Gaulle (3è groupe de l’école spéciale militaire) des notions de perspective appliquée aux croquis rapides de vues après nature.

Elle n’est pas contrairement à celle du maréchal Lyautey à Thorey en Lorraine que nous avons pu répertorier, la bibliothèque d’un officier intellectuel, possédant tous les « classiques militaires » nécessaires tant au stagiaire de l’école de Guerre qu’à l’historien et théoricien militaire. Sans doute des livres ont-ils disparu pendant la guerre, et peut-être aussi le Général utilisait-il largement les prêts des bibliothèques, des Cercles et écoles. Parmi les classiques militaires nous avons cependant retrouvé, en particulier appartenant à la collection Berger-Levraut, dont le conseiller militaire était son ami le lieutenant-colonel nachin, végèce [4] et Blaise de Montluc. Nous avons également trouvé un Clausewitz, mais de 1955 à l’appui de l’idée que nous avons émise que Clausewitz n’avait pas été travaillé directement par le Général dans ses écrits d’avant-guerre. Nous avons également noté les lettres du général Bosquet et deux classiques militaires dans leur langue d’origine qui semblent appartenir à la bibliothèque du Général au moment de la rédaction de ses ouvrages en particulier de Vers l’armée de métier, il s’agit de l’ouvrage de Liddell Hart (1934) et celui de Fuller (1935)

Il ne s’agit pas non plus d’une bibliothèque de bibliophile même si certains livres représentent des raretés (exemplaires spécialement imprimés pour le général de Gaulle, exemplaire n°1, etc.), et bien entendu des curiosités en raison de la dédicace de l’auteur à son illustre destinataire.

En dehors de quelques ouvrages sur lesquels nous reviendrons, en particulier un concernant La question belge (Wullus-Ludiger), nous n’avons pas retrouvé de liens directs  entre tel ou tel livre ou article publiés avant-guerre et des ouvrages ayant pu fournir matière à réflexion ou documentation.

Nous considérons donc que le fonds d’avant-guerre dont nous ignorons la nature et l’importance a, sinon complètement disparu, au moins été profondément dénaturé (déménagements ? pillages ? inondations ?). Cependant nous ferons une étude particulière des livres présents et antérieurs à 1939 qui sont en petit nombre mais qui présentent de ce fait beaucoup d’intérêt.

Les livres de la période 1940-1944 sont, soit des éditions d’ouvrages concernant la France Libre, soit des envois d’auteurs, soit des hommages de Français ou d’Anglais qui adressent au Général des livres français, souvent anciens, symbolisant la vitalité de la France éternelle. Leur nombre en est réduit, et beaucoup même, semblent n’avoir rejoint la bibliothèque qu’après envoi tardif en 1945-1946.

Il s’agit donc d’une bibliothèque constituée ou plutôt reconstituée tardivement dont la presque totalité est postérieure à 1945 et qui comprend :

– des achats personnels du Général dans les librairies de Chaumont et de Bar-sur-Aube, parmi lesquels, certains Goncourt et Renaudot,

– des envois d’auteurs [5] ou d’éditeurs à titre d’hommage,

– des cadeaux de voyage. Ces derniers deviennent évidemment plus nombreux et moins significatifs après 1958.

Les ouvrages ont été rangés à la Boisserie en deux endroits :

  • dans la partie habitée par le Général, c’est à dire le salon-fumoir et le bureau-rotonde où il existe quatre bibliothèques dans le premier et une bibliothèque circulaire tournante couvrant presque toute la pièce, dans le second.
  • Dans le grenier, selon Pierre Lefranc, dans une pièce-remise du rez-de-chaussée pour M. Paul que nous tenons à remercier pour son extrême obligeance lors de nos visites à Colombey. C’est cette seconde collection qui a été ramenée rue de Solferino après le décès du Général. Il semble bien que le Général ait fait un choix rapide et sommaire entre les ouvrages qu’il voulait avoir sous la main et ceux qui étaient déposés loin de son regard, même s’il les avait feuilletés et avait le plus souvent répondu à leurs auteurs. Il ne s’agit donc pas d’un « second rayon » mais plus ou moins d’un second choix et dans une certaine mesure presque d’un cimetière de livres [6]. Mais on ne peut exclure le phénomène bien connu de l’encombrement d’une première pièce qui pousse inévitablement les nouveaux venus vers une autre ou un débarras, tarde venientibus ossa. Il n’y a en tout cas aucune trace de tentative de regroupement par matière, de classement par auteur ou par ordre alphabétique. Comme toujours aussi le rangement obéit aux nécessités de dimensions en particulier de hauteur des livres. Enfin, il est très probable que les catalogues des deux bibliothèques doivent être complétés par des ouvrages qui, venant au départ de ces bibliothèques, peuvent se trouver pour des raisons parfaitement légitimes de filiation et d’héritage chez l’amiral de Gaulle ou dans la famille.

La presque totalité des ouvrages appartiennent évidemment au général de Gaulle, certains cependant sont marqués au nom de Philippe et d’élisabeth ou ont été envoyés à madame de Gaulle après la mort du Général. Enfin, certains se retrouvent dans la bibliothèque alors qu’ils ont appartenu à son entourage (René Brouillet [7], colonel de Bonneval, Xavier de Beaulaincourt, amiral Flohic, Xavier de La Chevalerie, etc.).

Il ne s’agit donc pas d’une bibliothèque soigneusement composée ; elle ne peut refléter la totalité des lectures du Général puisqu’il y a des livres lus et médités, souvent cités, qui ne sont pas présents et les livres représentés n’ont probablement pas tous été lus. Certains restent non coupés, surtout les recueils de poèmes…

Malgré toutes ces réserves, ces insuffisances, cette bibliothèque hétérogène confirme les goûts et affinités littéraires et historiques du Général, la diversité et la richesse de son information [8] et de sa culture, et confirme les lectures et relectures les plus familières. L’analyse des dédicaces mériterait d’être faite de façon plus détaillée [9] Les réponses dont beaucoup ont été publiées dans Lettres, notes et carnets, témoignent de l’intérêt du Général pour l’ouvrage et surtout pour l’auteur. Le Général donne instruction pour cette réponse et ajoute parfois au crayon, voire au stylo : « J’ai répondu » ou plus rarement « ne pas répondre ». La lettre « R » ajoutée par le secrétariat signifie qu’il y a eu une réponse.

Nous savons que le Général était un grand lecteur. écoutons un de ses derniers collaborateurs Pierre-Louis Blanc : « Ce cabinet aurait pu être celui d’un savant, d’un philosophe, d’un bénédictin, hommes pour qui la raison essentielle de l’existence est la réflexion sur la vie, qu’elle prenne le chemin de la science, de la pensée ou de la foi ». « Son royaume », continue-t-il, « était celui des livres. « Il écrivait au milieu d’eux, les consultait sans cesse, aimait à en parler comme il l’avait fait toute sa vie… il relisait, puisant dans les ressources de sa vaste bibliothèque, les ouvrages des écrivains qu’il considérait comme ses pères en littérature ». Ce témoignage capital prolonge celui d’autres collaborateurs directs (Claude Mauriac, colonel d’Escrienne, amiral Flohic) ; le général de Boissieu a rappelé que, s’il lisait beaucoup, il savait également parfois utiliser la lecture rapide en se contentant, en recevant tel ou tel livre, du début et de la conclusion de chacun des chapitres, d’effectuer quelques sondages dans le corps de l’ouvrage et de lire attentivement la conclusion générale. Jean Auburtin a signalé qu’il utilisait parfois des marques et des signets dans les ouvrages qu’il était en train de lire ; nous n’avons pas retrouvé trace de ces signets et de façon très exceptionnelle des marques au crayon, seulement dans les Mémoires d’Hadrien de Marguerite Yourcenar.

Importance quantitative et répartition des ouvrages

Si nous globalisons les ouvrages qui se placent dans les deux bibliothèques, nous arrivons à la rédaction de 2 112 fiches se répartissant globalement en ouvrages d’histoire (847), littérature (456), livres d’art (224), voyages et géographie (239), divers (346).

Présence des classiques [10]

Nous avons, dans notre thèse Itinéraires intellectuels et spirituels de Charles de Gualle, identifié la filiation de nombreuses citations. Il est intéressant de connaître l’édition qui était sous les yeux ou plutôt sous la main du Général. En ce qui concerne les ouvrages généraux d’histoire littéraire, la référence principale semble bien être l’Histoire de la littérature française illustrée de Joseph Bédier et Paul Hazard (édition de 1923). Nous avons noté également la présence de plusieurs travaux de critiques littéraires : Gustave Cohen pour la période Moyen Âge et XVIe siècle émile Henriot pour le XVIIIe siècle et André Rousseaux, Marie-Jeanne Durry pour le monde classique et romantique. Il existe quatre anthologies de poésies, celle d’édouard Maynial pour les poètes du XIXe siècle (édition 1935), celle de Georges-Emmanuel Clancier (La poésie française, panorama, critique de Chénier à Baudelaire, Seghers, 1963) avec cette dédicace au général de Gaulle : « Ce héros de l’an 40 qu’un Hugo chanterait dans sa Légende des siècles » ; celle de Gutmann  (1961) et celle de Georges Pompidou [11] (1961) auxquelles il faut ajouter l’Anthologie vivante de la littérature d’aujourd’hui de Pierre de Boisdeffre (1966).

Les « usuels »

Le Général veut avoir sous la main des usuels parmi lesquels Le Grand Larousse encyclopédique qui lui est offert par l’éditeur en 1964, le Dictionnaire Robert dédicacé par son auteur, Le Dictionnaire des citations de Dupré, Le Dictionnaire universel des Lettres de chez Laffont et parmi les ouvrages anciens Le Dictionnaire historique et littéraire de Dezobry-Bachelet [12].

Auteurs anciens

On ne trouve pas la collection complète des grands classiques grecs ou latins et en particulier aucun ouvrage de la collection Budé. On sait la prédilection de de Gaulle pour les tragiques grecs et pour Sophocle en particulier, souvent cité. J. Haumont lui a envoyé le 9 novembre 1945 (son « tout dévoué ») un Oedipe à Colone. Quant à Plutarque, souvent lu et cité, il figure dans l’édition (tardive pour le Général) de la Pléiade (deux tomes) de 1951 et les éditions de l’Iliade et de l’Odyssée. sont également récentes.

XVe-XVIe siècle

Du Moyen-Âge on ne trouve guère que Les Grands récits de l’épopée française (Louis Roche, 1905) et les éditions récentes de La Chanson de Roland et de Tristan et Yseult.

On trouve les poésies de Ronsard et de Clément Marot, un ouvrage sur Rabelais, un autre sur le Jargon de Villon (Ziwes) et même s’ils sont peu cités par le Général, deux exemplaires des essais de Montaigne, lus par Paul Galleret (Club du livre, 1957) et aussi les cinq tomes de Présence et actualité de montaigne avec une introduction de Pierre d’Espezel. Nous ajoutons La vie de Saint-Louis par le sire de Joinville [13], et bien entendu un exemplaire unique de La vie de Saint-Louis par Le Nain de Tillemont avec notes du grand-père du Général, ainsi que les huit volumes des Chroniques de Froissart, traduites en anglais par sir John Bourchier (lord Barners) publiées en 1927 par Press Blackwell et qui  lui furent offertes le 22 novembre 1941 par les Français de Grande-Bretagne [14].

XVIIe siècle

On trouve dans la bibliothèque du Général les œuvres complètes du grand Corneille, (éditions Jouvet Furne 1842), celles de Molière (édition de 1824, exemplaire remis à Bourg en 1948 par Madame Appleton en souvenir du lieutenant G. Rebillet), un double exemplaire des œuvres de La Fontaine, deux tomes de la belle édition des Fables illustrées par Grandville, livres de prix, et des éditions plus modernes des œuvres complètes de corneille, Racine et Molière. Bossuet est représenté par des Textes choisis par Georges Haldas (éditions Egloff, 1944), Les Mémoires  du cardinal de Retz sont ceux de l’édition J.-B. Cusson à Nancy (1717), reprises par le Libre club du libraire ; quant à ceux de Saint-Simon, la collection est celle offerte par Gaston Palewski le 22 novembre 1942 (éditeur Treutlel à Strasbourg, 1791).

XVIIIe siècle 

Le XVIIIe n’est pas le siècle favori du Général, nous trouvons cependant les trois tomes des œuvres complètes de Montesquieu (édition critique d’André Masson, 1950), les romans et contes de Voltaire (Garnier, 1950) et surtout Chamfort si souvent cité, en deux tomes, (Imprimerie nationale, texte établi par P. Grosclaude) et Rivarol en deux tomes également de Notes maximes et pensées (éditions J. Haumont, 1941) [15]. A signaler deux entrées tardives, celle de Jacques le Fataliste de Diderot (1970), et les œuvres complètes de Vauvenargues bien connues du Général (préface et notes de H. Bonnier, 1968).

XIXe siècle

« A tout seigneur tout honneur », Chateaubriand, si souvent lu et relu se retrouve à la bibliothèque de Colombey avec les Mémoires d’outre tombe (éditions du Centenaire de 1948, intégrale et critique par Maurice Levaillant). Les dix-huit volumes des œuvres complètes de Victor Hugo sont ceux du Club français du livre (1967) [16]. Balzac de même est présent avec les seize volumes du même Club (1966), mais aussi par toute une série de petits ouvrages isolés, (Adieu, étude de femmes, Le Dôme des Invalides, La Comédie du diable, Aventures administratives, Le Message, Melmoth réconcilié, Jésus Christ en Flandres) et encore Le Lys dans la vallée, 1966. A noter l’ouvrage d’Albert Béguin, Balzac visionnaire (1946) ; Stendhal n’est représenté que par la Chartreuse de Parme (1922), Jules Michelet par son Précis de l’histoire de France jusqu’à la Révolution (1842) et aussi Les Femmes de la Révolution (1898), Alexis de Tocqueville par son classique L’Ancien Régime et la Révolution ; Villiers de L’Isle Adam – dont nous avons eu du mal à identifier les citations et il nous a fallu recourir à P.-G. Castex – par L’ève future (relié, Mercure de France, 1922) et les deux tomes des œuvres complètes (également de  1922). Flaubert, si souvent cité, n’est présent que par Salammbô (sans date). La ville de Nice, en 1945, a offert au général de Gaulle La Mer de Nice de Théodore de Banville (édition de 1932), enfin, comme nous l’avons dit, Jules Verne et la comtesse de Ségur figurent dans la bibliothèque, et non pas dans le rayon des enfants [17].

XXe siècle

Il s’agit pour le général de Gaulle de « modernes », maîtres et contemporains de la fin du XIXe siècle et la première partie du XXe. Même s’ils n’y sont pas tous et s’il manque certainement de nombreux livres lus par le Général dans la première partie de sa vie, la bibliothèque comprend de nombreux titres de maîtres reconnus de ces périodes, et qu’il est habituel aujourd’hui de considérer comme classiques.

D’autres un peu oubliés ou décriés étaient de ceux que tout honnête homme se devait de connaître ou de posséder.

– Parmi les premiers, Alphonse Daudet mais pas avec les titres les plus connus : Les Lettres de mon moulin, Contes du lundi, Sapho, Tartarin de Tarascon, Jack…, mais La Belle nivernaise, Les Rois en exil. Anatole France, souvent cité par le Général est présent avec des éditions de 1920 de L’Orme du mail (seul titre de la série de l’Histoire contemporaine), Les opinions de M. Jérôme Coignard et aussi du Lys rouge, des éditions plus récentes de L’Ile aux pingouins  (1948) et Les Dieux ont soif (1957). Signalons une édition complète du Théâtre de Georges Courteline mais datée de 1947.

– Parmi les seconds, un peu oubliés aujourd’hui, Le Livre d’Heures de l’amour de Jean Aicard (1909) et le célèbre, alors, Monsieur, Madame et bébé de Gustave Droz (1896).

Nous savons l’influence considérable de l’œuvre de Maurice Barrès qui fut réellement pour de Gaulle « l’enchanteur » ainsi qu’il l’a lui-même écrit à Jean-Marie Domenach. Cependant, tous les ouvrages de Maurice Barrès qui se trouvent à Colombey sont en général postérieurs à 1940. Les éditions des Grands problèmes du Rhin (1930), et des  familles spirituelles de la France (1940), correspondent manifestement à des envois à l’occasion de diverses circonstances, telle la réimpression à Rio de Janeiro dans une collection bleu-blanc-rouge ; l’exemplaire 208 de La Colline inspirée (édition d’art, E. Pelletan) est aussi vraisemblablement un ouvrage tardif et l’exemplaire des Grands problèmes du Rhin obligatoirement lu à l’époque de sa parution est ici non coupé. Il serait intéressant de savoir si l’ouvrage de Michel Klaeker de Balazuc, paru dans la Revue d’Alsace-Lorraine en décembre 1923, et préfacé par Maurice Barrès appartient à la bibliothèque initiale ou si, lui aussi, plus vraisemblablement a été porté à la connaissance du Général plus tardivement. Un ouvrage intitulé N’importe où hors du monde, préfacé par Philippe Barrès a été adressé par ce dernier au Général en 1958 (exemplaire numéro 7), mais le Général a reçu ou a été souscripteur des œuvres complètes de Maurice Barrès dans l’édition du Club de l’honnête homme et nous citerons seulement la dédicace de Pierre de Boisdeffre adressant son ouvrage sur Maurice Barrès au Général, en qui Barrès eut reconnu « un soldat, un chef, un homme d’état  selon son cœur ».

Les œuvres complètes de Bergson figurent dans la bibliothèque dans l’édition de 1946.

Revenons sur certains des livres et auteurs présents. Nous relevons pour les auteurs appartenant à la première partie du XXe siècle et surtout à la période de l’entre-deux guerres, un choix qui se porte plus volontiers vers les écrivains les plus connus. Par ordre alphabétique, nous citerons : l’édition de 1936 du Journal d’un curé de campagne de Georges Bernanos que le Général estimait, le titre le plus important de cette période, rejoint en 1947 par l’ouvrage très gaullien La France contre les robots ; les ouvrages de Gide qui correspondent probablement à des hommages de l’auteur lors de la rencontre d’Alger ; ce sont : Saisons, printemps (1941) et Attendu que (1944, exemplaire spécialement imprimé pour le général de Gaulle) ; Daniel Halévy qui est nous le savons, un des rares écrivains avec Daniel Rops, que connaissait le commandant de Gaulle avant-guerre est représenté par son Charles PéguyLes Cahiers de la quinzaine (1918) et aussi par ses Visites aux paysans du Centre, (1935) ; François Mauriac, lui aussi très admiré, est présent par Destins (1928) rejoint en 1952 par Galigaï et en 1954 par L’agneau ; André Maurois figure par La vie de Disraeli (1927) et Voltaire (1935) ; Paul Valéry [18] est présent par Monsieur Teste (1927), avant de faire en hommage admiratif de l’auteur l’envoi au Général des hommages de Henri Bergson (Discours devant l’Académie) et de Voltaire (Discours en Sorbonne). Nous avons également retrouvé La carrière d’Abel Hermant (1926), La Vie des termites  de Maurice Maeterlinck (1928), Les Petites alliées de Claude Farrère (1931) [19], Le Livre de raison  de Joseph de Pesquidoux (1932), La Guerre des Mondes de Herbert George Wells (1935), La Dame de l’Ouest, de Pierre Benoît (1936), Nez de cuir, de La Varende (1937) et les Contes de la Vierge des frères Tharaud (1940).

Si nous nous en tenons à l’année de publication, le Général a pu lire, en ce qui concerne ces auteurs connus, en 1926, La Carrière d’Abel Hermant, La Vie de Disraeli d’André Maurois [20] et Monsieur Teste de Paul Valéry. En 1928 Destins de François Mauriac et La Vie des termites de Maurice Maeterlinck ; en 1931 Les Petites alliés de Claude Farrère ; en 1932, Le Livre de raison de Joseph de Pesquidoux ; en 1935, Voltaire d’André Maurois, et La Guerre des Mondes de Herbert George Wells, Les Carnets de Ludovic Halévy et Visite aux paysans du Centre de Daniel Halévy ; en 1936, La Dame de l’Ouest de Pierre Benoît et surtout Le Journal d’un curé de campagne de georges Bernanos ; en 1937, Nez de cuir de La Varende.

On peut ainsi retrouver la trace de plusieurs allusions et citations et confirmer les goûts littéraires du Général, en particulier pour Mauriac et Bernanos. Nous n’avons pas retrouvé cependant de nombreux livres certainement lus dont L’Espoir de Malraux [21]. Le Livre de la Jungle de Rudyard Kipling appartient à Philippe de Gaulle et il est probable que les contes de la vierge des frères Tharaud (1940) étaient destinés aux enfants.

Autres livres publiés avant 1939 et présents dans la bibliothèque (Histoire et Politique)

Ces livres ne sont bien entendu pas les seuls livres possédés par le Général avant 1939 car il faut tenir compte des dispersions liées à la guerre, aux « visites » ; ceux qui sont restés ne sont peut être pas ceux que le Général appréciait le plus mais il est à peu près certain qu’il les a lus et relus avec attention, sans cependant les annoter. On ne trouve qu’exceptionnellement une marque au crayon dans la marge ou soulignant quelques phrases. Enfin, certains ouvrages antérieurs à 1939 ont pu rejoindre la bibliothèque après 1940 et surtout 1945, donnés par des personnes qui voulaient intéresser le Général à tel point d’histoire ou lui faire hommage d’un ouvrage qu’elles jugeaient important. La plupart des ouvrages ont trait à l’histoire militaire, politique et sociale de la France et du Monde dans la première partie du XXè siècle. Ils concernent la guerre de 1914-1918 : de son cher lieutenant-colonel émile Mayer, Nos chefs de 1914 ; du général Von Cramon, Quatre ans de QG austro-hongrois ; un singulier Pierre Dufay, Les sociétés populaires de l’armée (1913), et un livre du général ClémentGrandcour qui appartenait au Cercle Fustel de Coulanges : Des hommes, des équipes, des chefs (1938). Une Histoire de la Syrie de René Thoumin (1929) semble bien correspondre au séjour au Liban et a très probablement été utilisé pour l’Histoire des troupes du Levant avec le commandant Yvon (1931). L’ouvrage de WullusLudiger, La Belgique et l’équilibre européen (1935), a pu être consulté pour la rédaction de l’article « Le problème belge », écrit en 1936, et publié seulement en 1945. Deux livres reflètent les inquiétudes de l’entre-deux-guerres et la politique française, ce sont d’André Méville, La Paix est malade et surtout d’André Tardieu [22], La Paix (1921) et La Réforme de l’état (1935, avec une préface de Georges Clemenceau). Nous avons relevé encore deux livres d’histoire, un Démosthène (1926), écrit par Georges Clemenceau, un Le Bâtard, vie de Guillaume Le Conquérant, par Lucie Delarue-Mardrus (1931). Un livre de Paul Gaultier publié en 1921 est consacré aux maîtres de la pensée française et dédicacé : « à mon cher ami Charles de Gaulle ». Les quatre maîtres étudiés par Paul Gaultier sont Paul Hervieu  (le « tragique moderne ») dont de Gaulle ne parlera pas et trois de ses modèles, émile Boutroux, Henri Bergson et Maurice Barrès. Ceci est à rapprocher de la lettre qu’il écrivit au maréchal Pétain en novembre 1929, en se permettant de lui recommander la candidature de Monsieur Paul Gaultier à l’Académie des Sciences morales et politiques [23]. Enfin un intéressant ouvrage de Louis Leleu consacré à l’organisation sociale, Le Problème politico-social et sa solution qui date de 1931 n’a été communiqué (par A. Pasquier ?) au Général qu’en 1946 ; il est à rapprocher probablement de Vers la paix sociale du comte de Fels (1928).

Il y a également un assez grand nombre de livres d’histoire et d’abord, outre le Précis d’histoire de France  de Jules Michelet, déjà cité, l’Histoire de France de Guizot, les Mémoires de la duchesse d’Abrantès, l’Histoire de dix ans  (1830-1840) de Louis Blanc, , ceux de Maurice Paléologue, Un Grand réaliste, Cavour (1926), de Walter Ratheneau, Le Kaiser (1930), de Pierre Gaxotte, Le Siècle de Louis XV (1933), d’Octave Aubry, Sainte Hélène (1935), d’André Maurois, Histoire d’Angleterre, (1938) ; le Napoléon de Louis madelin semble bien appartenir à la réédition de 1947 alors qu’il était paru en 1935 ; quant à l’Ancien Régime de Funck Brentano, il est marqué comme appartenant à élisabeth de Gaulle. On trouve aussi des ouvrages anciens sur la période de 1870 mais qui peuvent être entrés dans la bibliothèque plus tardivement. Ainsi de Bapst, le maréchal canrobert (1909, appartenant à M. Francis Charmeil) et Henri Dutrait-Crozon, Gambetta et la défense nationale (1914).

Hommages de guerre [24] 

Nous avons répertorié Brocéliande d’Aragon (1942), Les Poésies complètes de Jules Laforgue (1943 et à nouveau en 1969). Les poèmes de la France malheureuse de Jules Supervielle (1942) et surtout Christianisme et démocratie de Jacques Maritain (1943), et Principes d’une politique humaniste (1944),  « en hommage d’admiration fidèle et dévouée ». Dans l’immédiat après-guerre on trouve l’ensemble de l’œuvre de Pierre-Henri Jouve et de nombreux envois d’autres auteurs : Paul Claudel, Georges Duhamel [25], Fernand Gregh, Claude Mauriac, etc., sur lesquels nous reviendrons.

Livres lus de 1945 à 1958, lors de la « traversée du désert »

Nous donnons en annexe la liste d’ouvrages qui ont probablement été acquis lors de leur parution et qui souvent, lorsqu’ils n’étaient pas envoyés par leurs auteurs venaient des librairies de Chaumont ou de Bar-sur-Aube. On s’aperçoit vite que le Général et son épouse lisent régulièrement les prix littéraires. Ainsi, pour nous en tenir aux seuls romans et essais, c’est en 1945 Le Pays du dauphin vert d’élisabeth Goudge ; en 1946 Les Grandes vacances de Francis Ambrière et Kaputt de Malaparte ; en 1947 Le Bataillon du ciel de Joseph Kessel, La France contre les robots de Georges Bernanos, Mon voyage au pays de l’Islam de Georges Duhamel, Notre assassin de Joseph Roth et J’ai choisi la liberté de Kravchenko. En 1948, La Paix d’Ernst Jünger, L’Homme qui assassina de Claude Farrère et deux romans de Pierre Benoît Jam Rose et Aino. En 1949, ce sont trois étrangers : Dino Buzzati, Le Désert des Tartares, Daphné du Maurier Le général du roi, Pearl Buck La Première femme dYvan. En 1950, à nouveau Pierre Benoit, Le Désert de Gobi  et Pearl Buck L’Enfant qui ne devait jamais grandir, et aussi Les Hauts de Hurlevent d’émily Brontë et La Puissance et la gloire de Graham Greene. En 1951 ce sont Les Mémoires d’Hadrien de Marguerite Yourcenar et de Papini : Il libro vero et Il diavolo.

1952 est une année où le Général retrouve Pierre Benoît, Le prêtre Jean, Joseph Kessel,  Le Lion et découvre grâce à Jean Dutourd, traducteur, Hemingway Le vieil homme et la mer et aussi Pierre Boulle, Le Pont de la Rivière Kwaï  et C. Virgil Gheorgiu, La Seconde chance.

En 1953 ce sont les habituels, Pierre Benoît, La Toison d’or et Joseph Kessel, Nuits de princes ; Les Carnets du Major Thomson de Pierre Daninos et La Pierre angulaire de Zoé Oldenburg. En 1954, François Mauriac adresse Galigaï et L’Agneau, le Général lit le prix Goncourt, Léon Morin, prêtre de Béatrix Beck. En 1955, c’est Fortune carrée de Joseph Kessel et en 1956, du même auteur, Les Jours de l’aventure rejoints par Les Racines du ciel de Romain Gary, Un Américain bien tranquille  de Graham Greene et La Liberté ou la mort de Nikos Kazantzakis.

En 1957, il y a Montsalvat  de Pierre Benoît et datés de 1957, La Peste et l’étranger d’Albert Camus. Enfin, en 1958, c’est le non moins connu Famille Boussardel  de Philippe Hériat.

Il faut y ajouter les livres d’histoire : L’Histoire du Vatican de Charles Pichon (1946), L’Empire du Levant  de René Grousset (1946) et Jésus en son temps de Daniel Rops (1946) ;  La Responsabilité des dynasties bourgeoises de Beau de Lomenie (1947), La Gaule de Ferdinand Lot (1947) [26] Thiers de Charles-Roux  (1948), Le Grand Schisme de Raymond Aron (1948), Le Maréchal de Castries, par le duc de Castries (1949), L’Ancien Régime et la Révolution d’Alexis de Tocqueville (1952), Histoire de Vichy de Robert Aron (1954), Le Journal de l’Affaire Dreyfus de Maurice Paléologue (1955), Le Journal du maréchal Bertrand (1956) et Saint-Louis de Jacques Levron et encore La Maison du Prêtre Jean de Jean Doresse (1957).

Diversité de la bibliothèque

Nous avons été frappé par l’abondance des hommages de poètes surtout ceux de Pierre Emmanuel (Les Jours de la Nativité 1960, Ligne de Faîte 1966 et le manuscrit de Baudelaire devant Dieu) ; Pierre-Henri Jouve, Marie Noël. Pour les écrivains il y a les envois réguliers de Jean Cocteau, Georges Duhamel, Romain Gary, Joseph Kessel, Jules Roy, etc. (cf. annexes I et II).

Auteurs lui-même de Mémoires, le Général s’entoure volontiers des Mémoires d’auteurs classiques ou plus contemporains. A côté de ceux de Saint-Simon et Chateaubriand nous avons notés ceux de Bassompierre, de Richelieu, de la duchesse d’Abrantès, de Monsieur de Rémusat, de Talleyrand, du baron de Damas etc. ; plus proche de nous, ceux de Raymond Poincaré et les souvenirs d’hommes politiques plus contemporains, Vincent Auriol, Georges Bonnet, Paul Boncour, Edouard Herriot… parmi les étrangers relevons ceux du baron  Gaspar, du baron Aloisi, de Leonardo Simoni et surtout pour les Américains, ceux de William Bullitt, de Cordell Hull, d’Eisenhower, de Patton, de Truman, de Nixon, de J.F. Kennedy (discours), de James Gavin. Pour les Anglais ceux de Churchill, de Mac Millan, du général Spears, du général Anders, du maréchal Allan Brooke, de Olivier Lyttelton, pour les Allemands d’Adenauer et d’Henrich Lübke et pour les puissances de l’Axe les souvenirs du maréchal Kesselring, du maréchal Rommel et du comte Ciano.

On retrouve donc dans cette bibliothèque des ouvrages de diverses natures appartenant à l’histoire, ancienne, moderne et contemporaine, avec bien entendu beaucoup d’ouvrages consacrés à la guerre de 1939-40 [27], à la France Libre, à l’occupation, à la déportation, à la Résistance [28].

On trouve aussi des ouvrages littéraires, philosophiques, politiques, juridiques [29], scientifiques [30], géographiques et même certains parfois surprenants comme la collection presque complète des œuvres médico-historiques du Docteur Cabanès.

Des livres correspondent aux voyages du Général et beaucoup sont des livres d’art ou des livres illustrant les pays traversés [31]. André Malraux est présent par son Vermeer.

Peut-être en préparant le voyage et certainement au retour, le Général pouvait consulter des textes spécialisés, ainsi sur le Cambodge le livre de S. Lacouture, sur l’Egypte, les ouvrages de Daumas, Desroches-Noblécourt, du chanoine Drioton, sur la Grèce le livre de Jacques de Lacretelle, sur l’Inde celui de René Grousset, sur l’Iran celui d’Edouard sablier, etc.

Nous avons noté de nombreux livres consacrés au Général lui-même et dédicacés par leurs auteurs [32] ; de Gaulle pour de Gaulle, en quelque sorte [33].

Parmi les ouvrages sur des sujets divers il y a de nombreux ouvrages sur la guerre, en particulier ceux de polémologie de G. Bouthoul, sur la guerre moderne de Camille Rougeron et des ouvrages sur l’atome de Jean Thibaud et de Goldsmith.

Trois ouvrages ont pu influencer la réflexion du Général sur des sujets majeurs. Il s’agit dès 1946 du dérangeant et très précis Ch. A. Julien, Histoire de la Colonisation, en 1947, du prophétique Paris et le désert français de J. F. Gravier, enfin de Le Rumeur un ouvrage sur Le Sahara avant le pétrole, 1960.

Parmi les dédicaces en hommage particulièrement intéressantes en raison de la personnalité de l’auteur et de son parcours, figurent pour les écrivains parmi ceux de la « droite », Henri Bordeaux et Pierre Boutang [34], et pour la « gauche » Jean Guehenno. Parmi les hommes politiques nous relevons les hommages de Vincent Auriol (exemplaire n°3) de Guy Mollet, de Jules Moch, mais aussi de ceux qui, longtemps fidèles, l’ont abandonné lors de l’Algérie comme Georges Bidault et Jacques Soustelle. Parmi les « européens » nous trouvons R. Coudenhove-Kalergi, Jean de Pange, Otto de Habsbourg et Louise Weiss. Parmi les écrivains ceux de Roger Caillois, de Jean Cocteau, de Georges Duhamel, de Jean Dutourd, de Romain Gary, de Joseph Kessel, de Jules Roy. Parmi les historiens et sociologues, ceux de Braudel, Daniel-Rops, Henri Guillemin, Jean Paulhan [35], Henri Pirenne, Victor Tapié, Germaine Tillion.

Les dédicaces appartiennent à des milieux extrêmement différents, beaucoup d’écrivains mais aussi des militaires, des politiques, des religieux, il y a un certain nombre d’hommages d’étrangers, surtout anglais, américains et allemands. Le témoignage le plus émouvant est très probablement l’hommage d’un livre sur Gutenberg par le Bourgmestre de Mayence, lors du premier voyage en Allemagne du Général en 1945 (le 4 octobre) : « Au général de Gaulle, en témoignage de notre admiration et de notre confiance ». Les dédicaces les plus lyriques  sont probablement celles de Jean Chauvel [36], Jean Dutourd [37], Pierre Emmanuel [38], Maurice Rheims [39], une des plus travaillées celles de Hervé Bazin [40] et de Roger Caillois [41], la plus sobre… celle de Raymond Aron et les plus surprenantes celles d’Henri Guillemin [42] et d’Henri Tisot [43]

Si nous n’avons pas fait dans l’analyse de cette bibliothèque des découvertes amenant à reprendre de fond en comble les conclusions que nous avions déjà tenté d’apporter dans plusieurs de nos travaux et en particulier dans notre thèse, nous y avons trouvé d’amples confirmations et certaines précisions intéressantes qu’il nous faudra d’ailleurs étudier de façon encore plus approfondie en confrontant les relevés avec ce qui a déjà été publié, en particulier dans Lettres, notes et carnets et les exégèses que  les uns et les autres ont donné concernant les lectures et les citations.

Il est très difficile dans cet ensemble de faire la part exacte du choix du propriétaire et celle des circonstances et du hasard. Nous n’avons pu encore réaliser un tableau récapitulatif mettant d’un côté les traces certaines de lectures aux différentes périodes de la vie du général et les ouvrages retrouvés ni établir une corrélation parfaite entre les ouvrages pour lesquels il existe une réponse de remerciement et ceux qui existent dans l’une ou l’autre des bibliothèques. C’est ainsi que nous n’avons pas retrouvé les ouvrages cités de Roger Vailland, (La loi) de Le Clézio (le Procès verbal), ni bien entendu, les ouvrages cités avant-guerre, Dingo de Mirbeau, Le Rouge et le noir de Stendhal, L’éducation sentimentale de Flaubert, Also sprach Zarathustra de Nietzsche, etc.,  dont beaucoup avaient été lus en captivité.

Il s’agit là cependant d’un ensemble intellectuel qui rappelle les lectures favorites ou privilégiées du Général et dans une certaine mesure celles qui cadrent avec ce que l’on peut appeler le canon de sa pensée. Ce capital culturel d’humanisme moderne et d’humanisme national rassemble des auteurs de raison et de sentiment, et aborde de nombreux  sujets. Il n’y a pas de livre meublants, au sens où l’entendaient les Goncourt, (tout Thiers, tout Voltaire…), mais cependant les Grands classiques et un certain nombre d’ouvrages d’art qui reflètent les cadeaux reçus au cours des nombreux voyages.

Ce répertoire classique et moderne qui comporte d’ailleurs, à côté des ouvrages purement littéraires des ouvrages historiques politiques, géographiques, juridiques, mérite d’être étudié et consulté en détail car il participe à l’herméneutique de la pensée du Général qui a toujours fécondé et préparé l’action.

Annexe I –Œuvres acquises ou adressées en hommage après-guerre

Gérard Bauer, L’Europe sentimentale,

Pierre Benoît, Jame rose (1948), Aïno (1948), Le Casino de Barbazan (1949), Le désert de Gobi (1953), Le prêtre Jean (1952), La Toison d’or (1953) Montsalvat (1957), Le commandeur (1960), La Châtelaine du Liban (1970) (certains appartenant au commandant Guy),

Pierre Boulle, Le Pont de la rivière Kwaï (1952),

Émilie Brontë, Les Hauts de Hurlevent, (1950),

Pearl Buck La Première femme  d’Yvan (1949), L’Enfant qui ne devait pas grandir (1950),

Dino Buzzati, Le désert des Tartares (1949),

Albert Camus, La Peste, L’étranger (1957),

Paul Claudel, Discours et remerciements [44] (Gallimard) (1947),

Cahiers, journal, (t. II) plus un texte sur la Chine et le livre de job (1946) (non coupé),

Jean Cocteau, Le Cordon ombilical (1962),

Daniel Rops, Trois images de la Grandeur (1944), Jésus en son temps (1946), marges de la prière (1947), La vie quotidienne de Palestine au temps de Jésus (1961), Vatican II (1961),

Pierre Daninos, Les Carnets du Major Thomson (1952),

 Georges Duhamel, Civilisation française (1944), Biographie de mes fantômes (1944), Mon voyage en pays d’Islam (1947),

Pierre Emmanuel, Les Jours de la  nativité (1960), Ligne de faîte (1966) et le manuscrit de Baudelaire devant Dieu,

Henri Focillon, Le Peintre des miracles (1950), Moyen âge, art d’Occident, Témoignages pour la France, et Peintres romans des églises de Rome,

Romain Gary, Les racines du ciel (1956), La promesse de l’aube (1960),

Virgil Gheorghiu, La Seconde chance (1952),

Jean Giraudoux, Sans pouvoir (1945), La Folle de Chaillot (1946), L’Apollon de Bellac (1947), œuvre romanesque (1955), œuvres littéraires diverses (1958), adressé par Jean-Pierre Giraudoux,

Fernand Gregh, La Couronne perdue et retrouvée (1945),

Graham Greene, La Puissance et la gloire (1950), Un Américain bien tranquille (1956),

Ernest Hemingway, Le Vieil homme et la mer, traduit en 1952 par Jean Dutourd,

Philippe Hériat, Famille Boussardel (1958),

Ernst jünger, La Paix (1948),

Nikos Kazantzakis, La Liberté ou la mort (1956),

 Joseph Kessel, Le Bataillon du ciel (1947), Au grand Socco (1952), Nuits de princes (1953), Fortune carrée (1955), Les Jours de l’aventure  (1956), Le Lion (1958),

Curzio Malaparte, Kaputt (1946),

Daphné du Maurier, Le Général du Roi (1949),

Marie Noël, Les Chansons et les heures (1958), Chants d’arrière saison (1961), Le Cru d’Auxerre (1967),

Zoé Oldenbourg, La Pierre angulaire (1953),

Joseph Roth, Notre assassin (1947),

Marguerite Yourcenar, Mémoires d’Hadrien

Annexe II – Liste des principales dédicaces [45] (ordre alphabétique)

A

Marcel ACHARD, Raoul AGLION, Gal ALTMAYER, René ALLEAU, Francine AMAURY,

Francis AMBRIèRE, André-Gillois, ARAGON, Marcel ARLAND, Louis ARMAND, Gal ARMENGAUD, Raymond ARON, Robert ARON, Aal AUBOYNEAU, Jean AUBURTIN, Gabriel AUDISIO, Jean-Pierre AUMONT, Jacqueline AURIOL, Vincent AURIOL, Claude AVELINE.

B

Jacques BARDOUX, Aal BARJOT, Ph. BARRèS, Michel BAR ZOHAR, Marcel BAUDOT, Gérard BAUER, Germain BAZIN, Hervé BAZIN*, BEAU de LOMENIE, Gal BEAUFRE, Edouard BENES, Guillain de BéNOUVILLE, Erwan BERGOT, Emmanuel BERL, Christian BERNADAC, J. BERTAUX, Gal BETHOUARD, Princesse BIBESCO, Georges BIDAULT, Gal BILLOTTE, Doyen Léon BINET, Marc BLANCPAIN, Marcel BLEUSTEIN-BLANCHET, Jacques BLOCH-MORHANGE, Pasteur BOEGNER, Pierre de BOISDEFFRE

Gaston BONHEUR, Georges BONNET, Henri BORDEAUX*, Charles du BOS, Jacques de BOURBON-BUSSET, Pierre BOURDAN, Gal BOURRET, Pierre BOUTANG*, Gaston BOUTOUL, Fernand BRAUDEL, Pierre BRISSON, Serge (et Mary) BROMBERGER, Père BRUCKBERGER, Albert BUISSON, William. C. BULLITT, James BURNHAM Robert BURON.

C

Roger CALLOIS*, René CAPITANT, RP Ambroise CARRé, Henri CARTIER-BRESSON, CASAMAJOR, René CASSIN, André CASTELOT, Duc de CASTRIES, Georges CATTAOUI, Gilbert CESBRON, Jacques CHABANNES, Jacques de CHALENDAR, Gal CHAMBE, Albert CHAMBON, André CHAMSON*, Jean CHARLOT, Jean CHARON, Jacques CHASTENET, Jean CHAUVEL*, Bernard CHENOT, Maurice CHEVALIER, Gabriel CHEVALLIER, Duc de CHOISEUL-PRASLIN, André CHOURAQUI, Georges-Emmanuel CLANCIER, Paul CLAUDEL, Maurice CLAVEL, F.L. CLOSON, CLOSTERMANN, Jean COCTEAU, Gustave COHEN, Arthur CONTE, Tristan CORBIèRE

Richard COUDENHOVE-KALERGI, François COULET, Jacques CROISé.

D

DANIEL-ROPS*, J.P. DANNAUD, Adrien DANSETTE, François DAUMAS, Med Gal R. DEBENEDETTI, Victor DEBIDOUR, P. DENIS (dit RAUZAN), François DEBRé, Michel DEBRé, Jacques DEBÛ-BRIDEL, Charles DEDEYAN, Jacques DELARUE, Gabriel DELAUNAY, Jean DELAY, Jean DESCOLA, Christiane DESROCHES-NOBLéCOURT, André DHOTEL, L. DIAMANT-BERGER, F.G. DREYFUS, Chanoine DRIOTON, Michel DROIT, Raymond DRONNE, Maurice DRUON, André DUCASSE (avec Jacques Meyer et Gabriel PERRAUX), Georges DUHAMEL, Claude DULONG, Cel DUPERIER, Marie-Jeanne DURRY, Jean DUTOURD*, Dr François DUVALIER, Maurice DUVERGER.

E

Gal D.W. EISENHOWER, Georgette ELGEY, Gal ELY, Pierre EMMANUEL*, Raymond ESCHOLIER, Jean d’ESME.

F

Yves FARGE, Roi FAROUK, Edgard FAURE, Lucie FAURE, Jacques FAUVET, Bernard FAY, Comte de FELS, André FIGUERAS, André FOCILLON (envoi de sa femme), Raoul FOLLEREAU, André FONTAINE, Pierre FONTAINE, Duc de La FORCE*, Robert FOSSIER, Christian FOUCHET, Max-Pol FOUCHET, Jean (et J.)  FOURASTIé, Marie-Madeleine FOURCADE, André François PONCET, Brigitte FRIANG, Georges FRIEDMANN, André FROSSARD, Stanislas FUMET.

G

Louis GABRIEL-ROBINET, Gal GAMBIEZ, Félix GARAS, Maurice GARçON, Louis GARDEL, Jean-Paul GARNIER, Romain GARY, Yves GATTAZ, Paul GAULTIER, Jean-Jacques GAUTIER, James GAVIN, Maurice GENEVOIX*, C.J. GIGNOUX, André GILLOIS, René GILLOIN, Gabriel GIROD de L’AIN, Edmond GISCARD d’ESTAING, Jacques GODECHOT, Bertrand GOLDSMITH, Witold GOMBROWICZ, Paul-Marie de la GORCE, Maurice GOUDEKET, Gilbert GRANDVAL, J.F. GRAVIER*, Fernand GREGH, Alfred GROSSER, Serge GROUSSARD, René GROUSSET, Jean GUEHENNO*, Paul GUERIN, Olivier GUICHARD, Gal GUILLAUME, J.C. GUILLEBAUD, Henri GUILLEMIN*, Jean GUITTON, Paul GUTH, Georges GUSDORF.

H

Otto de HABSBOURG, Léo HAMON, Duc d’HARCOURT, François d’HARCOURT, Robert d’HARCOURT, Emile HENRIOT, James HEPBURN, Philippe HERIAT, HéRON de VILLEFOSSE, HETTIER de BOISLAMBERT, HILARION (amiral PHILIPPON), H. HOPPENOT, René HOSTACHE, René HUYGUE.

I

Gal INGOLD.

J

François JACOB, Gal JACQUOT, JEAN-CHARLES, Jean-Marcel JEANNENEY, Jean-Noël JEANNENEY, Claude JULIEN, Marcel JULLIAN, Pierre-Henri JOUVE*, Mal JUIN, Pierre JULITTE.

K

Albert KAMMERER, J.F. KENNEDY (discours de), Joseph KESSEL, Ct KIEFFER, Gal KOELTZ, Charles KUNTSLER.

L

Henri LABORIT, Ct LACHOUQUE, Jean LACOUTURE, Jacques de LACRETELLE, Pierre LAFFONT, LAMINE-GUEYE, Armand LANOUX, P.O. LAPIE, Dominique LAPIERRE, Albert LAPRADE, Gal de LARMINAT, Gal Jean de LATTRE de TASSIGNY, Henri LAUGIER, Albert LEBRUN, Le CORBUSIER, Pierre LEFRANC, Aal LEMONNIER, E. LéONARD, André LEROI-GOURHAN, Duc de LéVIS MIREPOIX, Jacques LEVRON, Serge LIFAR, Ferdinand LOT, Heinrich LÜBKE, Emil LUDWIG, Pierre LYAUTEY, Olivier LYTTELTON.

M

Mac  MILLAN, Jacques MADAULE, Louis MADELIN, Edouard MAKOWSKI, Raymond MARCELLIN, Jacques MARITAIN*, Gal MARSHALL, Marie-Madeleine MARTIN, Gilles MARTINET, Pierre MASSENET, René MASSIGLI, Gal MASSU, Gal MAST, Georges MATHé, Thierry MAULNIER, Claude mAURIAC, François MAURIAC, André MAUROIS

Lt Col Emile MAYER, René MAYER, Guy MAZELINE, Thomas MERTON, Jacques MEYER, Henri MICHEL, Edmond MICHELET, Pierre MIQUEL, Jean MISTLER, Jules MOCH*, Guy MOLLET*, Emmanuel MONICK, Jules MONNEROT, Jacques MONOD, Vincent MONTEIL, Gal MONTGOMERY, Laure MOULIN*, Albert MOUSSET.

N

Lucien NACHIN, Gal NAVARRE, René NOBÉCOURT, Jean NOCHER, Léon NOËL, Marie NOËL, Henri NOGUERES, Maurice NOGUES, Roland NUNGESSER.

O

Albert OLLIVIER, Jean ONIMUS, Pierre ORDIONI, Wladimir d’ORMESSON, Pierre OSENAT, Yambo OUALOGUEN*, Jacques OUREVITCH,

P

Jean de PANGE*, Maurice PAPON, Dominique PARODI, PASTEUR-VALLERY-RADOT, Col PASSY, Jean PAULHAN*, Léonce PEILLARD, Marcel PELLENC, François PERROUX, Jean de PESQUIDOUX, Henri PETIT, Alain PEYREFITTE, André PHILIP, Charles PICHON, Gaëtan PICON, PIERRE-BLOCH, Pierre PIERRARD, Georges PILLEMENT, Christian PINEAU, Jacques et Henri PIRENNE, Edgard PISANI, Fresnette PISANI-FERRY, Charles PLISNIER, Edmond POGNON, Bertrand POIROT-DELPECH, Léon POLIAKOV, Georges POMPIDOU*, Dominique PONCHARDIER, Alfred POSE, Henri POURRAT, Jean PRAT, Marcel PRéLOT, Lucien PSICHARI, Gabriel PUAUX.

Q

QUENTIN-RITZEN.

R

Col RéMY, Pierre RENOUVIN, Maurice RHEIMS*, Arthur ROBERTSON, Edmée de La ROCHEFOUCAULD, Jules ROMAINS*, Pierre ROUANET, Camille ROUGERON, Rémy ROURE, André ROUSSEAUX, Dominique de ROUX, Joseph ROVAN, A.L. ROWSE, Jules ROY*, Jacques RUEFF, Patrick de RUFFRAY.

S

Edouard SABLIER, Jean SAINTENY, Philippe de SAINT-ROBERT, Armand SALACROU, Cardinal SALIèGE, Raymond SCHMITTLEIN, Maurice SCHUMANN, Pasteur Roger SCHUTZ, Léopold Sedar SENGHOR, Sékou TOURé, Gal Serrigny, Emile SERVAN-SCHREIBER, Med Gal A. SICé , Pierre-Henri SIMON, SIMONE, François SOMMER, F. SOULET, Jacques SOUSTELLE, Gal SPILMANN, Gal Paul STEHLIN, Roger STEPHANE, Pierre SUDREAU.

T

Victor TAPIé, Louis TERRENOIRE, André TEULIERES, Germaine TILLON*, Henri TISOT*, Henri TORRES, Bernard TRICOT, Col Roger TRINQUIER, Henri TROYAT, J.M. TRUTAT.

V

Louis VALLON, Jacques VENDROUX, VERCORS, Jacques VERGèS, Gal VéRON, Paul VIALAR, VITALI-CROS (Préfet), André VOISIN.

W

Marcel WALINE, André WEIL-CURIEL, Louise WEISS*, Georges WORMSER.

[1] Il en manque un dans la première partie. L’ouvrage de Wallon consacré à l’histoire du Tribunal révolutionnaire et qui date de 1880 est probablement là pour rappeler l’emprisonnement de l’ancêtre procureur qui ne dût la vie qu’à Thermidor.

[2] sur lesquels nous reviendrons – Comtesse de Ségur et surtout Jules Verne, mais pas le « merveilleux Walter Scott ».

[3] La liste de ces ouvrages, selon l’Amiral Philippe de Gaulle, occupent quatorze colonnes des catalogues de la Bibliothèque nationale.

[4] Plus les Commentaires sur les institutions de Végèce (3 tomes) par Turpin de Crissé.

[5] Et parfois par leur famille après disparition de l’auteur. Ainsi Juliette du Bos pour Charles du Bos, Marguerite Focillon pour son mari Henri Focillon, Jean-Pierre Giraudoux pour son père, J. Mortier  pour le Père Teilhard de Chardin, la belle-mère de Jurgis Baltrusaïtis, Laure Moulin pour son frère, etc.

[6] Les livres se retrouvaient – selon Pierre Lefranc – avec des tableaux, gravures et cadeaux divers qui n’avaient pas trouvé leur place dans les pièces habitées.

[7] Dont par sa présence un bien curieux Lagaillarde.

[8] Nous avons pu confirmer au recteur Guyard la présence, dans la bibliothèque, d’ouvrages utilisés par le Général pour la rédaction de ses mémoires et cités par lui, par exemple l’ouvrage du Major Doctor Egid Gehring (sur Abbeville) ou celui de Rudolph Bohmler (sur Cassino).

[9] Année de la dédicace, termes utilisés, longueur, style, etc.. .

[10] Au moins au sens de ceux qui sont étudiés dans les classes.

[11] « Au général de Gaulle, poète de l’Histoire ».

[12] Et aussi un dictionnaire des sciences en cinq volumes.

[13] Dont le Général connaissait certains passages par cœur, si l’on en croit Raymond Escholier.

[14] Le commandant Guy dit lui avoir apporté deux tomes des Chroniques  de Froissart en août 1944.

[15] Plus un ouvrage de luxe sur l’Universalité de la langue française.

[16] Il faut y ajouter Les Travailleurs de la mer, de la collection Nelson et L’Année terrible, édition Michel Lévy, cadeau de la ville de Vesoul en 1962.

[17] Pour la Comtesse de Ségur, L’Auberge de l’ange gardien, Un bon petit diable et notons l’absence des Vacances si souvent cité par le général de Gaulle ; pour Jules Verne, Voyage au centre de la terre, Le tour du monde en 80 jours, Le Docteur Ox, Le pays des fourrures, pour le premier dans la collection Hetzel de l’époque.

[18] Jacques de Bourbon-Busset dédicaçant un texte sur Paul Valéry écrit « Pour le général de Gaulle par qui Paul Valéry fut fasciné »

[19] Rejoint par L’homme qu’on assassina, 1948.

[20] Disraeli s’habituant dès l’adolescence à penser au Premier Ministre : « Les grands esprits doivent attendre le succès de grandes vérités, de grands talents et de rien d’autre », Charles de Gaulle, Lettres notes et carnets, t. II, Paris, Plon, 1980, p. 290.

[21] Cf. Livre de Geneviève Moll sur Yvonne de Gaulle.

[22] A rapprocher de : « La TSF nous apprend que le ministère Tardieu est en formation (2/11/1929) ; c’est le jour de Tardieu, qu’il joue sa chance ! et puisse le négociateur du Traité de Versailles, cet élève de Clemenceau redresser à l’intérieur et à l’extérieur notre politique que Briand et ses lâches admirateurs dénationalisent honteusement  », Lettres, notes et carnets, t. II, op. cit.  p. 335-336).

[23] « Monsieur Paul Gaultier comme vous le savez est le seul psychologue que possède aujourd’hui la philosophie française et cette considération est peut-être de nature à vous toucher personnellement. J’ajoute que ses écrits et La Revue bleue qu’il dirige ainsi que l’Alliance française dont il est secrétaire général sont animées d’un esprit national irréprochable, rare mérite en notre siècle », idem.

[24] dont la réception est évidemment mal connue

[25] Qui adresse au Général en 1944, Civilisation française et biographie de mes fantômes.

[26] Dédicacée « au nouveau Vercingétorix ».

[27] Parmi lesquels Albert Lebrun, général Altmayer, général Bourret. Nous avons retenu la dédicace du général Robert Altmayer lui envoyant La Xè armée sur la Basse-Somme en Normandie, vers le réduit breton, mai-juin 1940 : « Au général de Gaulle en souvenir des livres et des brochures que j’ai reçus de lui de 1930 à 1938 en particulier des magnifiques ‘caractère’ et ‘pretige’ ; de sa collaboration pendant les manœuvres expériences de Mourmelon et de Mailly lors de la création de la première division légère mécanique en 1934, de ma journée du 29 mai 1940 à son PC de Malinsart et aux environs quand il commandait avec sa quatrième DCR et éléments de renfort, l’attaque de la tête de pont d’Abbeville. Hommage de ce livre écrit en janvier 1944, Paris le 3 décembre 1946 » ; et celle du général Bourret (ancien commandant de la Vè Armée et dont le colonel de Gaulle commandait les chars) qui lui envoyait La Tragédie de l’armée française (1947) : « Au général de Gaulle pour associer le souvenir ému de notre travail commun à la belle et malheureuse Vè Armée, à l’expression de ma vive admiration ».

[28] Parmi lesquels, Barberot, Bloch-Morhange, Pierre Bourdan, Closterman, F. Coulet, M. Debré, Debû-Bridel, Denis dit Rauzan, Colonel Dupérier, Marie-Madeleine Fourcade, général Ingold, Hilarion, P.- O. Lapie, P. Lefranc, colonel Passy,  Ch. Pineau, D. Ponchardier, Colonel Rémy, Maurice Schumann, F. Soulet, J. Soustelle, L. Vallon, Vercors.

[29] Parmi lesquels appartenant peut-être à Henri de Gaulle qui avait acquis une licence de Droit : Georges Bry, Précis élémentaire de droit international (1910), Marcel Planiol, Précis de droit civil (1911) et aussi des ouvrages d’économie politique de Charles Gide (1912) et de Leroy-Beaulieu, (Colonisation chez les peuples modernes) ; parmi les ouvrages plus récents, appartenant au Général, figurent les ouvrages de Marcel Prélot de Foignet, de marcel Waline, de F. Luchaire (Le droit d’Outre-mer), d’H. Prieux (Traité pratique du droit des travaux publics et des marchés publics) de M. H Fabre (Principes républicains du droit constitutionnel).

[30] C’est ainsi que l’on trouve avec l’hommage des auteurs des ouvrages des Prix Nobel F. Jacob et Jacques Monod et d’autres de médecins comme le doyen Léon Binet, Henri Laborit, Lichtwitz et Parlier (Le métabolisme du calcium), G. Mathé, Quentin Ritzen et encore de Jean Charon ou du doyen Zamanski.

[31] Parmi lesquels en hommage, ceux de J. Adhémar, de Germain Bazin, de Georges Braque, d’Elie Faure (hommage de l’éditeur), de H. Focillon (hommage de sa veuve), de René Huygue, d’Albert Laprade, de Charles Oursel, d’André Parrot,  de Daniel Wildenstein.

[32] J. Auburtin, Philippe Barrès, Pierre Bloch, Gaston Bonheur, Georges Cattaoui, Michel Droit, Félix Garas, P.M. de La Gorce, Gourhon, Eugène Mannoni, R. Millet, L. Nachin, Edmond Pognon, Rémy, Robertson, Schoenbrunn, J. Soulairol.

[33] On peut trouver dans la bibliothèque des ouvrages rarement signés d’auteurs ayant été le plus souvent dans le camp des adversaires du Général, c’est ainsi que l’on trouve des livres d’Henri Bordeaux, un livre signé de Giono, Routes et chemins, des ouvrages de Benoist Méchin, l’ouvrage de Carcopino Le Vatican, 1958, des ouvrages de Pierre Gaxotte et souvent par le biais d’ouvrages d’art des textes des « hussards », J. Perret, Roger Nimier, sans oublier la présence insolite des œuvres complètes de Sékou Touré et les dédicaces quasi insolentes de Gilles Martinet, de Vergès, de Cocatre Zilgien et de Figuéras.

[34] Envoi de La terreur en question, 1958 (ouvrage non coupé…)  « Pour vous mon Général, en admiration plus vive encore que neuve, en reconnaissance profonde pour l’œuvre entreprise au service de la République, je veux dire du bien commun national ».

[35] Lettre aux Directeurs de la Résistance (1952) : Pour que les résistants ne se laissent pas trop déshonorer par les politiques. Au général de Gaulle, cette petite lettre qui lui doit beaucoup » ; Discours de réception  à l’Académie française, : « La vision de l’esprit est stéréoscopique comme la vision du corps (Joubert) ; pour le général de Gaulle, avec ferveur ».

[36] Envoi de La Grèce à l’ombre des épées (1968) : « Au général de Gaulle, Président de la République, qui a su en son temps nous garder des colonels d’Alger. A Athènes brille le même soleil. En hommage respectueux ».

[37] « Au seul vrai grand homme que la France ait engendré depuis bien des années, au héros, à celui que l’on peut appeler sans exagération ni ridicule ‘le père de la Patrie’, au général de Gaulle, en témoignage de profonde vénération et d’indéfectible fidélité ».

[38] « Au général Charles de Gaulle, dont l’action et la pensée aux heures décisives de notre histoire fut notre ‘Ligne de faîte’ (il s’agit de l’ouvrage dédicacé) j’offre en hommage de reconnaissance pour le ministère de la parole créatrice qu’il exerce parmi nous ce chantier de ma propre vie, avec mon très profond respect ».

[39] envoi du Dictionnaire des mots sauvages, écrivains des XIX et XXè siècle « A vous Mon Général, je fais hommage de ce dictionnaire, consacré aux anfractuosités du langage,

A vous mon Général, je penserai jusqu’à mon dernier souffle, parce que le 18 juin vous m’avez redonné le goût de vivre,

A vous mon Général qui venez d’apporter la preuve, si l’en était encore besoin, que par ‘votre stature’ vous égalez les trois ou quatre hommes qui depuis deux mille ans ont permis à la France d’être égale à elle-même ».

[40] « En vous remerciant, Monsieur le Président de m’avoir envoyé le ‘Renouveau’, vous montrez une fois de plus avec quelle force, avec quelle aisance peut s’inscrire dans le bronze de l’écriture cette voix qui depuis trente ans fait l’Histoire, je vous prie de bien vouloir agréer l’hommage de ce modeste ouvrage (Les bienheureux de la désolation) où j’ai essayé avec l’aide d’un ‘bon sauvage’ de poser la question : que vaut donc notre temps ? peu connu et ici romancé, le fait divers a au moins le mérite de nous faire réfléchir à notre condition et de nous proposer, non sans naïveté, mais avec bonne foi un jugement de valeur ».

[41] « ‘Parce que je n’ai (plus) de licteurs, en suis-je moins Sylla ?’ (Montesquieu, œuvres complètes, Pléiade, I, 505) Au général de Gaulle, si différent de Sylla, par tant d’autres côtés, et non moins expressif dans la retraite et le mutisme que dans l’éloquence laconique de l’action, pour lui redire la constance d’une admiration en respectueux hommage » (envoi de cases d’un échiquier, 25 mai 1970).

[42] « A Charles de Gaulle, Président de la République, ce récit d’événements (L’Héroïque défense de Paris), qui n’eussent pas été ce qu’ils furent si la France avait eu alors à sa tête un homme pareil à lui. Avec la reconnaissance à jamais fidèle et de profond respect de … »

[43] Envoi de Le Copain et le Cabanon (1967) : « Pour le général de Gaulle sans qui je ne serais que ce que je suis ! Toute mon enfance est dans ces pages, Mon Général, et peut-être que ce petit garçon dont les parents disaient : ‘Quand Henri est là la tranquillité s ‘en va ! ‘, vous fera souvenir d’un certain petit garçon devenu très grand dont on disait aussi : ‘Quand Charles apparaît, la tranquillité disparaît’. Combien il me plairait, Mon Général, que vous considériez avec tendresse et que vous oubliez l’amertume que je peux quelque fois vous occasionner, il vous faut pour cela tenir compte du fait qu’il est aussi difficile d’être l’imitateur du général de Gaulle qu’être le général de Gaulle lui-même. Le même amour de la France m’unit à vous, car je suis à présent plus gaulliste que le roi, Vive la France ! Vive de Gaulle !

[44] « Au général de Gaulle en qui nous plaçons toutes nos espérances »

[45] Les * correspondent à des dédicaces particulièrement intéressantes

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