LE COLONEL DE GAULLE ET LA 4e DIVISION CUIRASSÉE
par Henri de Wailly
Officier et historien, auteur de De Gaulle sous le casque (Perrin) qui sera réédité cette année
Texte paru dans Espoir n° 73, décembre 1990

Après la frileuse attente de la « drôle de guerre », le vacarme de l’offensive allemande explose d’un coup à l’aube du 10 mai. Panzers et Stukas attaquent la Belgique. Nos meilleures forces s’avancent à leur rencontre et, trois jours après, le 13 mai alors qu’il ne sera plus possible de retourner notre dispositif pour engager un combat à front renversé, une puissante force cuirassée ennemie traverse les Ardennes « infranchissables » et prend Sedan.

Avec une extraordinaire violence, trois Panzerdivisions bousculent l’armée assoupie du général Corap. 70 000 hommes s’enfuient en panique vers le sud et l’on aura le plus grand mal à stopper leur course haletante dans la région de Compiègne. Paul Reynaud décrit leur effroi avec stupéfaction. Le spectacle de cette fuite va contribuer, le 15 mai, à persuader le Grand Quartier Général que la guerre est perdue. Faute de réserves, comment « colmater la brèche » ? Comment contre-attaquer ?

C’est dans cette ambiance de défaite, d’effroi, presque d’abandon déjà, que le 12 mai la création d’une 4e Division cuirassée est décidée d’urgence.

La plus puissante mais la moins formée

Les éléments de ce qui doit devenir la future unité sont dispersés de Suze-la-Rousse, près d’Avignon à Aubigny-sur-Nère en Berry mais dès le 17, les premiers éléments parviennent dans la région de Guise, au sud de l’Aisne. Le colonel de Gaulle les jette vers le nord dès leur débarquement des trains. Elles ne connaissent ni leur chef, ni leurs voisins, parfois même à peine leur propre matériel tant ce rassemblement s’est fait dans la précipitation.

La 4e DCR n’est donc pas, comme les trois divisions cuirassées constituées cet hiver une unité formée, soudée et cohérente, mais un amalgame presque aléatoire d’éléments rassemblés dans l’urgence. Quelle difficulté pour son chef !

Pourtant, cette 4e Division, la dernière-née de nos sept grandes unités blindées – 3DLM et 4 DCR – est également la plus puissante d’entre elles : à ses éléments organiques, issus de l’arme aujourd’hui disparue des « chars de combat » (46e , 47e, 2e et 44e bataillons), vont bientôt lui être adjoints les éléments (3e et 10e Cuir) d’une Division légère mécanique que l’on a réunie, équipée, armée tout autour de Paris avant de l’éparpiller brusquement pour la mettre au service des armées, la jetant sans préparation dans la guerre.

La 4e DCR reçoit ainsi près de cent blindés de renfort, chars et auto-mitrailleuses : même sans génie, sans transmissions et sans moyens de reconnaissance aérienne, elle constitue au total l’unité blindée la plus puissante que la France ait eue en 1940.

Constituée dans une ambiance de défaite, réunie plutôt que formée, c’est de la personnalité de son chef que la 4e DCR tirera sa cohérence et sa fierté.

La grande querelle des chars

De Gaulle, le 12 mai, vient de l’Est où il commande les chars de la Ve armée, un ensemble de bataillons de blindés répartis le long de ce que tous appellent alors le « front », puisque nul n’imagine encore, et les militaires moins que quiconque, que la guerre puisse n’être pas un « front ». L’esprit de 14-18 continue de régner, d’obnubiler les cerveaux de responsables issus des états-majors de 1918. Nos divisions blindées sont beaucoup moins nombreuses et moins équipées que les siennes. Nos conceptions d’emploi, surtout, sont archaïques : le char, pour nous, même groupé en grandes formations, précède l’infanterie bien davantage qu’il n’agit seul, par « chevauchées » sur les arrières de l’adversaire.

En France, seul le lieutenant-colonel de Gaulle affirme que cette guerre sera une guerre de mouvement, grâce aux chars, le moyen d’une manœuvre retrouvée. Il l’a écrit, d’abord, dans son ouvrage de 1935 – 2 000 exemplaires – Vers l’armée de métier, et répété dans les articles qu’il a publiés ou inspirés ici et là. Il l’a fait déclarer plus tard par Paul Reynaud interposé à la tribune de l’Assemblée, mais la gauche d’alors l’a fait taire, rejetant l’idée d’une force cuirassée de peur qu’elle n’implique en effet une armée de professionnels, une « garde prétorienne », terreur historique des parlements. Et puis, nous voulons à l’époque une « armée défensive » concept absurde qui ne résistera pas deux jours à la réalité. Il a enfin, et en dernier ressort, alerté les caciques, chefs de l’armée, ministres, responsables de tous ordres, dans une note récapitulative des opérations de Pologne, sur l’urgence d’une décision concernant la constitution d’une force cuirassée. Cette note de janvier 1940 était concrète, démonstrative et débouchait sur la nécessité d’une organisation nouvelles de nos moyens. Mais dans l’ambiance somnolente de la drôle de guerre, cette objurgation n’a soulevé que des doutes, des commentaires désabusés et, parfois même, des sarcasmes. Mais ne pas décider, c’est aussi décider : c’est décider de la défaite.

Car de Gaulle a raison. Nous disposons même des moyens de son projet : les chars, nous les avons. Nous en possédons approximativement autant que l’ennemi. Le public ne s’en doute pas, naturellement, puisque c’est un secret militaire, mais ce qui est beaucoup plus grave, c’est que les militaires aussi l’ignorent : au cours des nombreuses enquêtes et procès qui suivront la défaite, les anciens responsables qui se succéderont à la barre donneront à ce sujet des chiffres extraordinairement fantaisistes. Un seul témoin saura prouver, à Riom, qu’il connaît le dossier, avançant des données exactes, ce sera le président Dalladier, ancien ministre de la guerre. Dalladier était un patriote, mais un patriote radical, donc un ennemi de Reynaud et, par conséquent, un adversaire des idées de De Gaulle, fussent-elles techniques.

« Être grand, avait écrit le commandant de Gaulle, c’est épouser une grande querelle. » La grande querelle des chars, vitale pour la France, va donc être perdue dès avant-guerre pour des raisons politiques autant que techniques. Elle va très vite s’enliser dans le marais d’un débat partisan, médiocre, nul où la mise en cause des personnes l’emporte sur l’objet du débat. Mais la grande querelle des chars, qui passe assez inaperçue du public à l’époque, est bien davantage qu’un incident de la vie de de Gaulle. Elle est un épisode essentiel de l’avant-guerre, l’un des actes préparateurs de la défaite française. La querelle des chars illustre l’incompétence de ce mandarinat qui tient les rênes du « régime des partis ». Elle illustre, a contrario, la perspicacité du lieutenant-colonel de Gaulle. C’est une expérience qu’il n’oubliera pas.

Visionnaire comme Douhet l’a été en Italie, Martell en Angleterre, Guderian en Allemagne, seule en France de Gaulle a perçu l’avenir de la bataille. Penseur solitaire, il a mesuré les enjeux et il en a tiré les conséquences industrielles. Nul ne l’a suivi. Nous avons largement préparé notre défaite.

Le praticien

Fantassin venu tard au blindé, ce n’est qu’en 1937 que de Gaulle est nommé à la tête du 507e Régiment de chars à Metz. Là, il a disposé des meilleurs engins de l’époque. Manœuvres incessantes, exercices, revues en gants blancs, il a mené durement ses chars, hommes et machines, mais il les a menés.

Il a perçu l’importance d’une artillerie de soutien, n’imaginant pas encore – pas plus que Guderian – le rôle prochain de l’avion dans ce domaine. (C’est en Pologne que les Allemands découvriront la valeur de l’appui aérien au sol). Il a perçu l’importance des liaisons électriques et écrit, avant-guerre, dans une lettre à un officier de chars : « sans bonnes transmissions, nous serons couillonnés ».

En 1939, de Gaulle connaît donc bien les chars – hommes et machines – qu’il a sérieusement pratiqués, et ce n’est pas le cas, semble-t-il de tous les commandants de Division cuirassée de l’époque.

A Metz, ses démonstrations en manœuvre des chars n’ont pourtant convaincu personne. Si Delestraint, un technicien comme lui, a approuvé sa manière de voir, d’autres, comme Giraud dont il dépend alors, l’ont absolument repoussée :

  • « Mon petit de Gaule, lui jettera-t-il à la sortie d’une manœuvre, tant que je serai ici, vous n’introduirez jamais ces méthodes ! »

Delestraint, Giraud…

En tout cas, de Gaulle a appris. Il sait qu’il ne suffit pas, pour faire avancer des unités de chars, d’en donner l’ordre, comme certains commandants d’armées l’imaginent, pensant qu’il s’agit simplement d’une nouvelle cavalerie.

Sans être un passionné, on le sait, de détails subalternes, de Gaulle est néanmoins un technicien. Il comprend les impératifs mécaniques. Ses chars ne tomberont pas, faute de carburant, en panne face à l’ennemi comme ceux d’une autre DCR ou, au moment d’attaquer, ceux de plusieurs unités de cavalerie. Il sait qu’un moteur ne tourne pas sans entretien et qu’un combat coûte cher en temps passé à l’atelier. On l’appelle par dérision le Colonel « motor ». Que n’en avions-nous davantage.

17 mai 1940. L’épreuve du feu

12 mai. Voici la bataille : on appelle de Gaulle à la tête de la 4e DCR, poste qui lui avait été annoncé pour plus tard. Ne fallait-il pas, disait-on, six mois pour former une telle unité ?

Celle-ci le sera en six jours : le 17, ses premiers éléments débarquent des trains près de Guise et, sans attendre, de Gaulle les lance vers le nord, sur Montcornet qu’ont déjà traversé les chars ennemis et d’où les reconnaissances de notre cavalerie ont été refoulées. IL ne dispose pas de l’unité bien préparée, soudée, complète, articulée dont il avait rêvé. Il se jette en tout cas sur l’ennemi dès qu’il le peut et avec tout ce qu’il a. De Gaulle au feu est avant tout soldat.

Nommé général à titre temporaire par décret du 25 mai, à compter du 1er juin, il porte durant toute la campagne ses galons de colonel mais tous, déjà, lui donnent son prochain grade.

Premières attaques, premières surprises : les chars n’ont pas de cartes et, de peur que l’ennemi ne nous écoute, la radio est muselée : on n’émet qu’en morse des messages que l’on doit coder. Autrement dit, on n’émet pas. Les chars qui se heurtent à une artillerie redoutable font preuve des plus indiscutables qualités de courage et d’élan, mais beaucoup sont détruits. Certains ne se reconnaissent pas, se canonnent mutuellement. De Gaulle enrage devant cette impréparation. « Arrêtez le massacre ! », hurle-t-il à Samoussy.

Demain, vers Crécy-sur-Serre, il subira les attaques des Stukas et perdra le 19 une partie de son artillerie. Ses Chasseurs portés – nos Panzer grenadiers, même s’ils n’ont jamais vu un char – venus de Reims en autocar civils, sans mitrailleuses ni mortiers, vont être décimés le 18 à Chambry. Le 19, il faut repasser l’Aisne. En traversant les marais de Chivres, certains chars, quittant la chaussée, s’enlisent et sont perdus. La DCR, au total, n’a pas ralenti la progression ennemie qu’elle voulait interrompre, mais Montcornet reste exemplaire. Pourquoi ? Parce que nous nous y sommes battus, que nous nous sommes lancés et que nous n’avons pas subi.

De Gaulle a emmené avec lui Charles Giron, un journaliste qui, casqué et vêtu de cuir, va de temps en temps à Paris maintenir le lien avec le cabinet de Paul Reynaud, où Dominique Leca l’aperçoit plusieurs fois, apportant l’odeur de la bataille. Au Grand Quartier Général, à la Ferté-sous-Jouarre, l’attaque de Montcornet fait grand effet : de Gaulle y apparaît comme l’auteur du premier succès de la guerre. Dans ses appels téléphoniques à Paul Reynaud directement, le Général tient d’ailleurs personnellement Paris au courant de son action.

Quelle qu’ait été la conséquence réelle de cette attaque, la France, en tout cas, y a gagné une unité : sous l’impulsion d’un chef volontaire et résolu, n’hésitant pas à s’exposer, la 4e Division cuirassée s’est constituée au combat.

Un chef sous les ordres duquel tous seront fiers d’avoir servi

Au feu, de Gaulle s’est imposé d’emblée. Redoutez de tous, il laisse l’image d’un chef impressionnant, lointain, même solitaire, mais un chef en tous cas, qui sait ce qu’il veut et que l’on ne discute pas. Un chef aimé ? Généralement pas. Mais un chef sous les ordres duquel tous seront fiers d’avoir servi.

Une anecdote : en arrivant à la bataille sur l’Aisne, de Gaulle ne perçoit pas chez son bras droit, son chef d’état-major, le caractère résolu qu’il attend. Cet officier compétent ne suit pas. Il n’a ni l’énergie de lutter contre la fatigue, ni le talent de traduire la pensée de son chef. De Gaulle le renvoie sans un mot et lui désigne un successeur qui le sert sans discuter et le suivra jusqu’à Bordeaux, le commandant Chomel.

Le commandant d’un bataillon s’est-il montré inférieur à sa tâche ? De la même manière, de Gaulle le renvoie au dépôt et le remplace par l’un de ses capitaines. Tous approuvent ses décisions : ils sont là pour faire la guerre. Et si tous l’approuvent, tous le craignent : si elles sont justifiées, ses colères sont spectaculaires. En privé ou sur le terrain, aucun n’est à l’abri, du commandant de régiment au simple aspirant chef de char. Ainsi commandée, la dernière-née de nos divisions cuirassées sera, grâce à son chef, la plus pugnace.

De Gaulle devant tous, est seul. Il se veut tel ? Nul n’est appelé pour un avis. Seul Chomel écoute et note, afin de rédiger les ordres. Pas de conférences d’état-major, pas de consultation. S’il y a des réunions, ce n’est pas de son fait, mais celui de ses supérieurs (conférence du 27 mai à Auneuil, du 29 mai à Huppy, du 1er juin à Saint-Maixent). S’il convoque un officier pour l’accompagner en voiture, c’est pour exécuter. Pose-t-il une question ? Il se fait rabrouer d’un mot :

  • « On n’interroge pas son commandant de division ! »

Parfois, de Gaulle parle, mais peu, et à table. Parfois à l’aumônier.

Mais il s’impose jusqu’à ses derniers soldats parce qu’il ne s’épargne pas. On le voit partout, circulant dans sa limousine noire, suivant de près les chars, parfois au milieu des convois, allant là où se porte l’effort. Durant la bataille, il ne dort que deux heures par nuit, s’assoupissant tout habillé sur un lit dépliant, un fauteuil, vite debout, reparti.

On connaît cent exemples de son courage physique, qui semble parfois être de l’inconscience, tant son indifférence au feu surprend.

A la petite aube du 28 mai, pour préparer Abbeville, il observe aux jumelles les positions ennemies qu’il va attaquer tout à l’heure. Il y a autour de lui un groupe d’officiers britanniques et français : les Anglais, dont les tanks ont attaqué ici même hier matin, veulent expliquer ce qu’ils ont fait. Un tout jeune officier de liaison, le lieutenant Hettier de Boislambert, traduit. Mais les observateurs ennemis ont repéré le parti d’officiers et ouvrent un tir d’artillerie. Un coup court, un coup long. De Gaulle ne bouge pas. Deuxième salve. L’Anglais, Mac Greary, qui fera une remarquable carrière dans la suite de la guerre, s’agite un peu. De Gaulle, derrière ses jumelles, reste impassible. Dons, l’Anglais aussi. Mais il grommelle :

  • « The bloody man will get us killed! »
  • Que dit-il, demande de Gaulle ?
  • Le général estime qu’il serait prudent de reculer vers le bois.

Les explosions se rapprochent et de Gaulle, enfin, pesamment, lentement, s’éloigne en levant les épaules. « C’était un peu de show off », d’esbrouffe commentera en riant Hettier de Boislambert devenu grand chancelier de l’ordre de la Libération.

Faute de liaisons électriques, le Général suit la bataille lui-même, allant sur le terrain au milieu des cadavres et sous les projectiles, traversant des villages dépassés par l’attaque.

A Caumont, il se montre ému par le spectacle du visage défiguré d’un fantassin allemand sur le bord de la route. A Moyenneville où il se rend pour savoir pourquoi une attaque ne démarre pas, il arpente, furieux, la place du village au milieu des gravats du clocher effondré. Sporadiquement, des obus tombent. Des officiers, abrités dans les caves, viennent le rejoindre : une conférence s’improvise presque sous la mitraille.

Stratège ou technicien ?

La bataille ? A Abbeville comme à Montcornet, on n’aura remporté qu’un succès limité, et d’ailleurs à grand frais. On n’a pas, ici, ralenti Guderian et, là, on n’est pas parvenu à atteindre la Somme. Dans trois jours, on reprendra cette même attaque avec une nouvelle division cuirassée, d’ailleurs sans plus de succès. Disons-le avec Jean Lacouture, de Gaulle n’a pas fait preuve sur le terrain du coup d’œil et de l’intuition qui font un Masséna ou un Rommel. Mais eut-on remporté ce succès, le cours de la guerre en eut-il été modifié ? Sans équipement de Génie, la DCR n’aurait, en aucun cas, pu traverser la Somme.

Lorsque le 1er juin, déchargé de sa mission de combat par la Xe Armée, le Général rejoint Paris pour rencontrer Reynaud, puis Weygand, c’est pour reprendre encore la grande question des chars : il propose de grouper ce qui demeure encore de blindés alliés en deux « marteaux stratégiques » autour de Reims et de Beauvais afin qu’au débouché prochain de l’offensive allemande, la France, disposant de deux poings, puisse imposer à l’ennemi un combat tournoyant, ralentissant sa progression et permettant ainsi, en organisant en arrière des zones de défense, d’attendre des renforts. Le Général offre de commander ces groupements, s’estimant le mieux à même de le faire. Mais Weygand est d’abord soucieux d’organiser une ligne de défense de Sedan à la Manche. Il juge qu’il est trop tard pour modifier l’organisation des moyens. Et des chars, d’ailleurs, combien en reste-t-il ? Dans quel état ?

De Gaulle, pour sa part, jugera sévèrement ce refus, les Allemands eussent-ils lancé leur offensive quatre jours seulement après son offre au généralissime. Dans une conversation avec Philippe Barrès, à Londres au début de juillet, le chef de la France Libre évoquera une dernière fois cet ultime échec de ses conceptions touchant à l’emploi des blindés. Ce sera là, semble-t-il le dernier écho de la grande querelle des chars. La dernière colère de l’officier.

Décoré par Weygand, de Gaulle devient, le 5 juin, secrétaire d’État à la guerre. La presse établit à l’époque un lien direct entre ses conceptions militaires, ses combats à la tête de la 4e DCR et la charge à laquelle il se trouve maintenant appelé. Si c’est le cas, ce sont donc les combats de la 4e DCR qui valent au général de rencontrer Churchill à Londres et sur la Loire. Et, lorsque le 17 juin, ayant rejoint Londres, il appelle le Premier ministre pour lui demander un micro, Churchill le lui donne : de Gaulle n’est pas un inconnu pour lui. C’est là, directement, la conséquence de son si long combat.

Et l’Appel, il l’affirme à ce micro, c’est l’inéluctable victoire.

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