Marcel Le Roy (1919-2020)

Répondant dès juin 1940 à l’appel du général de Gaulle, après plusieurs tentatives infructueuses pour gagner l’Angleterre,  il devient opérateur-radio dans le réseau de la France Libre Johnny implanté en Bretagne et notamment très actif dans le Finistère Sud (missions de repérage des navires allemands, transmission d’informations à Londres). Arrêté à Quimper par la Gestapo le 16 février 1942 après lui avoir échappé à 2 reprises, il est transféré à la prison d’Angers puis à Fresnes. Torturé à Paris, au fort de Romainville, il est déporté au Struthof en juillet 1943 où il vécut l’enfer. Il est déplacé vers le tunnel de Kochem et Erzingen jusqu’à la libération de Allach  (un Kommando de Dachau) par les soldats américains le 30 avril 1945.

Profondément marqué par sa déportation, Marcel le Roy a rédigé ses souvenirs Le Prix de la Liberté, préfacé par Jacques Chaban-Delmas, en 1986 (Association pour le Mémorial de la déportation, cahier n°4, Mémorial des déportés de la Mayenne). Cet ouvrage est régulièrement réédité.

Viscéralement gaulliste, il est élu dès 1951 maire de sa commune natale, Niort-la-Fontaine puis maire du chef-lieu de canton Lassay-les-Châteaux, ainsi que conseiller général pendant 32 ans et vice-président du Conseil Général de la Mayenne pendant 2 mandats. Il s’est beaucoup investi dans le Concours de la Résistance et de la Déportation en se déplaçant dans les établissements scolaires du département. Il était le dernier résistant déporté Français libre encore en vie en Mayenne.

Nous publions la préface de Jacques Chaban-Delmas :

Marcel Le Roy est connu de tous en Mayenne comme un élu particulièrement estimé et son dévouement aux causes communes n’est plus à démontrer.

Sa discrétion naturelle le conduit à ne pas s’appesantir sur ses faits de Résistance et ses souffrances de déporté sous l’Occupation, de 1940 à 1945.

Il faut néanmoins savoir qu’il s’agit dans sa personne d’un Résistant particulièrement valeureux qui avait accepté en 1941 de devenir opérateur-radio au réseau « Johnny », du nom d’un officier parachuté et en mission depuis Londres.

Les opérateurs-radio couraient non seulement les risques inhérents aux actions clandestines, mais aussi les risques à l’émission liés à la réception des messages à heure fixe sur ce que nous appelions le « piano ».

Les forces allemandes, qu’il s’agisse de la Wehrmacht ou de la Gestapo, disposait d’un matériel performant de radiogoniométrie installé dans des camions opérant en triangle et finissaient toujours en fin de compte par découvrir les lieux d’émission. C’en était fait alors de nos malheureux Camarades s’ils n’avaient pas pris à temps la précaution de changer de lieu de travail.

C’es ce qui es arrivé à Marcel Le Roy et la lecture de son calvaire depuis son arrestation de février 1942 à Quimper jusqu’à la libération du camp d’Allach le 30 avril 1945, vaut tous les romans d’action les mieux imaginés.

Que chacun s’interroge et médite sur le destin de ces jeunes gens et que chacun soit bien convaincu de ce que la France ne serait plus la France et que lui-même ne serait pas ce qu’il est sans Marcel Le Roy, ses camarades survivants et nos morts auxquels nous devons de demeurer ce que nous avons été.

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