LE FRANCE PLEURE DE GAULLE – LETTRES DE CONDOLÉANCES POUR LA MORT DU GÉNÉRAL
Éditions La Nuée bleue, 2020

Par Frédérique Neau-Dufour,
Agrégée et docteure en histoire, membre du Conseil scientifique de la Fondation Charles de Gaulle

Et Stéphane Louis,
Photographe

La mort du Général a été un choc pour les Français, qu’ils soient gaullistes ou non. Confrontés à un traumatisme dont ils ressentent la dimension nationale, beaucoup d’entre eux décident d’exprimer par écrit leurs sentiments à sa veuve.

Dès le lendemain du 9 novembre, des dizaines de sacs postaux arrivent donc chaque jour à Colombey. Ces lettres de condoléances ont été conservées et sont aujourd’hui déposées aux archives de la Fondation Charles de Gaulle. Leur volume – 19 cartons au total comportant chacun au bas mot entre cinq cents et mille lettres, télégrammes, dessins d’enfants, poèmes, partitions musicales – en fait un ensemble à la valeur historique unique, constitué dans une remarquable unité de temps et de sentiment.

Que disent ces milliers de courriers adressés à une femme pour la mort de son mari ? Ils évoquent tous, peu ou prou, le sentiment de perte qui résulte de la mort du Général et celui de reconnaissance envers l’œuvre qu’il a accomplie. Ils parlent également à leur façon d’Yvonne, sa veuve, ainsi que de la France de 1970 qu’il a si longtemps incarnée. Enfin et surtout, ils tissent un lien personnel entre les auteurs des lettres et le général de Gaulle, chacun trouvant matière à se sentir proche de lui. De ces liens énoncés parfois naïvement ressort en creux le portrait déjà mythique de l’Homme du 18 juin.

Ces lettres constituent une source documentaire originale et inédite, très diverse, profondément émouvante. Directement ou indirectement, par une allusion ou par des paragraphes entiers, elles dressent par petites touches le portrait d’un peuple. Des contours se dessinent, une tonalité générale. C’est une image inédite qui apparaît, celle d’une certaine France vue par les Français, celle d’une histoire, d’un lien avec le grand homme énoncé sans l’intermédiaire des médias. Ce sont les lettres des vivants à un mort qui ne peut plus les entendre.

Les voici réunies de façon thématique, et commentées par l’historienne Frédérique Neau-Dufour, dans un livre-objet magnifiquement illustré par le photographe Stéphane Louis. Ses clichés restituent la matière, l’encre, les traits de crayon, bref toute l’âme d’un peuple en deuil.

Quelques exemples de lettres de condoléances :

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