LE 11 NOVEMBRE 1940 VU PAR LES STAGIAIRES DE LA FONDATION CHARLES DE GAULLE

Yann Rozès, étudiant en 2e année à Sciences Po :

La manifestation du 11 novembre 1940 représente pour moi une des plus belles manières de résister à l’occupation nazie de Paris. Des jeunes, dont des lycéens et étudiants, ont eu le courage de braver l’interdiction allemande de commémorer la victoire française de 1918. Je trouve que cela illustre la force de la notion d’engagement, qui ne connaît pas de limite d’âge ou de classes sociales. La lutte des étudiants pour commémorer s’inscrit dans une continuité historique, qui montre la filiation entre les poilus tombés au combat et les résistants de la France Libre. Je suis impressionné par le pouvoir de ces cérémonies de commémoration, qui dépassent l’hommage rendu aux morts et la célébration patriotique de la France. En effet, celles-ci nous permettent de nous réunir et de faire nation, ce qui est d’autant plus important en période de crise sanitaire, où chacun reste chez soi. Enfin, les étudiants manifestants du 11 novembre 1940 constituent encore aujourd’hui des exemples à suivre, dans leur capacité à dépasser les clivages pour se rassembler en période de crise.

Inès Geoffray, étudiante en 2e année à Sciences Po :

La manifestation du 11 novembre 1940, résonne de nos jours comme l’un des premiers actes publics de résistance. Même si cet acte étudiant est souvent peu connu, il apparait à mes yeux comme un moment clé. C’est sous le joug de la Wehrmacht que s’effectuent les rentrées scolaires, les premiers tracts se répandent au quartier latin et tout autour des facultés. Le monde étudiant, meurtri de son patriotisme est en grande partie hostile à l’Allemagne nazie. Alors qu’ils apprennent que les cérémonies du 11 novembre n’auront pas lieu, ils répandent ce message « Le 11 novembre, tu honoreras le soldat inconnu ». C’est sous l’arc de Triomphe, que la Marseillaise est entonnée, que le patriotisme naît. Le 11 novembre 1940 est alors symbole de refus de l’interdit et d’honneur de la nation.

Tanguy Roux, étudiant en 2e année à Sciences Po :

Bravant les autorités allemandes et vichystes, étudiants et lycéens parisiens décidèrent de commémorer la date du 11 novembre 1918, non au nom d’une quelconque organisation, mais au nom d’une certaine idée de la France, celle qui ne se soumet pas et qui n’obéit qu’aux mots de liberté, d’égalité et de fraternité. Ne pas accomplir ce devoir envers la patrie aurait signifié accepter l’occupation et ses implications. C’est l’âme de la France qui fut en jeu et c’est pour elle que la jeunesse alla manifester nous rappelant ainsi que la préservation des valeurs de notre nation est un combat de chaque instant. En ces temps si troublés, ceci n’a peut-être jamais été aussi vrai.

Timothée Spehner, étudiant en 2e année à Sciences Po :

Je suis impressionné par le courage de ces étudiants, mais aussi par la façon dont, issus de sensibilités politiques différentes, ils se sont unis pour une cause supérieure. Replacée dans son contexte, cette manifestation semble marquer la prise de conscience que la voie de la facilité, d’un certain retour à la vie normale proposée par Pétain était en réalité une humiliation et une collaboration.

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