L’année De Gaulle s’achève, jalonnée par la publication de plusieurs livres intéressants, la réalisation de différentes séries documentaires par les principales chaines de Télévision, quatre cérémonies présidées par le Chef de l’Etat (8 mai devant la Statue du général de Gaulle aux Champs-Élysées, 17 mai à Moncornet, 18 juin au Mont Valérien, 9 novembre à Colombey les deux églises), la célébration de l’anniversaire du ralliement des territoires de l’AEF, en octobre à Brazzaville, en présence de plusieurs chefs d’états ou de gouvernements, du ministre français des Affaires étrangères et du président de notre Fondation, différentes commémorations dans les départements et les régions (Blois, Bordeaux, Chambéry, Grenoble, Lille, Toulouse…), le lancement réussi de la Lettre  électronique de la Fondation Charles de Gaulle et  la vidéo-transmission des conférences organisées par Les Amis de la Fondation.

Dans un contexte exceptionnellement compliqué, la presse écrite nationale et régionale a, globalement, plutôt bien traité et commenté la plupart des actions mémorielles organisées en France. Les efforts entrepris pour honorer la mémoire du général de Gaulle et faire connaitre son rôle exceptionnel et ses valeurs aux jeunes générations ont donc porté des fruits en dépit des événements préjudiciables qui ont suivi l’apparition de la pandémie en Chine.

Pour compléter les témoignages de personnalités gaullistes mis en ligne à la veille du 50e anniversaire de la mort du général de Gaulle dans le précédent numéro de cette Lettre, nous avons retrouvé trois documents d’un grand intérêt historique et les présentons dans ce dernier numéro de l’année De Gaulle.

Le premier est la note adressée par Michel Debré, ministre des Affaires étrangères à tous les chefs de postes diplomatiques, ambassadeurs et consuls, le 28 avril 1969, après la démission du général de Gaulle de la présidence de la République dès le lendemain de l’échec du referendum du 27 avril.

Le deuxième relate les souvenirs de Michel Debré à l’annonce de la mort du fondateur de la Ve République et les réactions qui l’ont suivie en France et dans le monde. Son évocation de la messe de requiem à Notre-Dame de Paris, à laquelle assistaient de nombreux chefs d’états venus du monde entier, est digne d’un grand reporter.

Ce document est suivi d’un message aux personnels civils et militaires des Armées. Tous trois portent témoignage de la relation profonde et confiante qui unissait le Général à ce fidèle et proche collaborateur. Nous aurons l’occasion, l’été prochain, de rendre hommage à ce grand homme d’Etat à l’occasion du 25e anniversaire de sa disparition, le 2 août 1996 en Touraine.

Jean-Marie Dedeyan,
Vice-président de la Fondation Charles de Gaulle

Document diplomatique du 28 Avril 1969 : « Les résultats négatifs du référendum, en provoquant le départ du général de Gaulle, ouvrent pour notre patrie une crise sérieuse. Ces résultats sont, certes, dus à l’opposition conjuguée du Parti communiste, plus résolu que jamais à atteindre ses objectifs, et des autres formations politiques qui, en fonction de tactiques diverses, se sont associées pour obtenir ce résultat.

Cependant, au point de départ de l’analyse, il importe de mesurer la profondeur des conséquences psychologiques et politiques de l’évolution de notre économie et, partant, de nos structures sociales. La rapidité avec laquelle, depuis dix ans notamment, la France est entrée dans une nouvelle ère industrielle, L’importance et le coût d’une législation sociale parfois en avance sur la capacité économique que nous ambitionnons, ont, plus que toutes autres raisons, créé, pour l’ensemble des petites exploitations industrielles, agricoles et commerciales, une situation difficile dont le vote de dimanche a reflété la profondeur.

En outre, les événements de mai et de juin de l’an dernier ont eu des suites. D’une part, les idées que l’on peut appeler de rénovation ou de révolution ont continué à faire leur chemin et, même si on ne leur accorde pas une importance excessive, ont contribué à répandre le sentiment de nécessaires changements. D’autre part, les lourdes conséquences financières et budgétaires des décisions prises pour calmer l’agitation du mois de mai ont créé un climat d’incertitude monétaire, ce qui a écarté le monde des affaires de toute politique de réformes. C’est ainsi que deux mouvements en sens opposé ont apporté leur appui aux malaises suscités par l’évolution générale du pays, sans omettre certains intérêts lésés, et dont les tenants ont préféré leur soi-disant défense à la cause nationale.

Il est difficile, en l’état présent des choses, de prévoir, sur le plan intérieur, le cours des semaines à venir. Toutefois, la masse des voix qui ont apporté hier leur soutien au général de Gaulle, considérable malgré les circonstances peu favorables, est un avertissement pour tous ceux qui seraient tentés d’employer la période d’intérim à des fins d’agitation. Le gouvernement, pour ce qui le concerne, est résolu, quelles que soient les difficultés, à assumer ses obligations nationales et internationales et se fixe en outre comme tâche essentielle d’assurer la tranquillité de la campagne présidentielle qui va s’ouvrir. Il est probable que le premier tour de l’élection sera fixé au 1er juin.

Rien n’est changé dans l’exercice quotidien de vos fonctions. Je vous demande d’assumer, selon les exigences de l’État et les traditions de notre diplomatie, la permanence de la représentation de la France et, avec le même zèle, la défense de ses intérêts et de ses idées dans tous les domaines qui sont de votre compétence et de votre responsabilité.

Ai-je besoin enfin de souligner la constance de notre politique étrangère ? C’est un point capital que je vous demande de bien considérer et de faire considérer autour de vous. Le général de Gaulle a appris à la France la vertu de l’indépendance. La leçon ne sera pas oubliée et, à votre échelon, vous devez en être le garant ».

Signé : Michel Debré, ministre des Affaires étrangères

***

Les deux autres documents sont extraits des Mémoires de Michel Debré, parues aux Editions Albin Michel (1) et des archives du ministère des Armées. Vingt mois après la démission du Général et son retrait de la vie publique, Michel Debré, devenu ministre d’Etat chargé de la Défense nationale dans le gouvernement formé par Jacques Chaban-Delmas après l’élection de Georges Pompidou à la présidence de la République, apprend la mort subite du général de Gaulle survenue dans sa résidence de Colombey-les-deux-Eglises le 9 novembre 1970.

Dans le quatrième tome de ses Mémoires, l’ancien Premier ministre du Général évoque ses souvenirs de cette douloureuse nouvelle, des réactions qui l’ont suivie et de la Messe solennelle célébrée à Paris, dans la cathédrale Notre-Dame. Voici son récit :

Mémoires de Michel Debré : Le mardi 10 novembre 1970, « De bonne heure, je m’apprête à prendre l’avion pour Villacoublay. En arrivant à la base (de Tours), le colonel qui la commande m’apprend que mon fils Jean-Louis vient de téléphoner. Au moment où je m’apprête à le rappeler, il téléphone une nouvelle fois et me parle tout de suite d’un accident arrivé au Général : « Un attentat ? – Non », me dit-il et il ajoute : « Le Général est mort. » Je répète les mots, presque sans les comprendre. Le colonel, en m’entendant, se retourne vers le mur et pleure. Après un long silence, je demande à Jean-Louis de prévenir Pompidou que je viendrai le voir en descendant de l’avion…….

…Je n’ai pas revu le Général depuis le jeudi qui a précédé son départ et je n’ai pas entendu sa voix depuis le coup de téléphone que je lui ai donné le dimanche 27 avril après les résultats du référendum. J’évoque son départ pour l’Irlande, le télégramme que j’ai adressé à Emmanuel d’Harcourt, notre ambassadeur à Dublin, l’article que j’ai écrit dans Le Monde et la lettre que j’ai adressée au Général alors qu’il était déjà en Irlande.

D’abord, il n’a pas compris que je ne quitte pas le gouvernement dès son départ et il n’a pas compris davantage que je prenne, une fois Pompidou élu et Chaban-Delmas désigné comme Premier ministre, le portefeuille de la Défense nationale. Puis, par Emmanuel Desgrées du Loû, son officier d’ordonnance, il m’a fait dire qu’il m’approuvait d’avoir agi comme je l’avais fait et de poursuivre, à la tête de la Défense nationale, l’œuvre qu’il avait entreprise. Il m’a adressé plus tard son premier tome des Mémoires d’Espoir où j’ai lu les passages qui m’étaient consacrés. Je lui ai alors écrit que je comprenais son éloge moins comme un compliment pour l’œuvre accomplie que comme un encouragement à demeurer fidèle à la ligne politique qui était la sienne. Et par Desgrées du Loû, une nouvelle fois messager, j’apprends qu’il approuve ce que je lui ai écrit. J’ai désigné son gendre, Alain de Boissieu, comme chef d’état-major général de l’armée de terre. Avant de prendre la décision, je l’ai consulté. Alain de Boissieu qui, de son côté, est allé lui demander son autorisation, a été accueilli par ces mots : « Bonjour, M. le chef de l’état-major de l’armée de terre. » Je prévois pour son fils, l’amiral Philippe de Gaulle, une étoile supplémentaire. Mais à mon égard comme à l’égard de tous ceux qui exercent une fonction officielle, il a remis à plus tard la conversation attendue.

A peine descendu de l’avion, je me rends à l’Elysée. Pompidou me reçoit aussitôt. Il a entre les mains le texte du testament rédigé en 1952 où le Général, alors en dehors des affaires, avait rédigé ses dernières volontés concernant son enterrement. Il m’en lit les principaux passages et, sous réserve d’un service solennel à Notre-Dame qui lui paraît nécessaire, Pompidou considère que ce testament est toujours valable. Puis j’évoque quelques instants de notre vie commune à ses côtés. Il ne répond pas directement à mon évocation et me fait observer que désormais les choses seront à la fois plus difficiles et plus simples pour lui-même et le gouvernement.

Je rentre au ministère où a lieu la cérémonie traditionnelle du 11 novembre devant la plaque où, au 231 boulevard Saint-Germain, sont inscrits les noms des fonctionnaires civils et militaires en service à l’administration centrale, morts au cours des deux guerres mondiales. Je prends la parole et j’évoque comme il se doit la personne du général de Gaulle devant les chefs d’états-majors, les militaires, les agents du ministère plus nombreux qu’à l’ordinaire et tous fortement émus. Après quoi je m’éloigne en compagnie du général Fourquet et nous décidons tous deux de demander au général de Boissieu si nous pouvons nous rendre le soir même à Colombey.

Mon père vient déjeuner au ministère et je pars aussitôt après en hélicoptère. Notre voyage est silencieux, Fourquet et moi sommes attendus par le général de Boissieu qui nous conduit directement à la Boisserie. Madame de Gaulle m’introduit seul dans la pièce où le Général est étendu dans son uniforme.

J’ai décrit, au début de ces Mémoires [1], les sentiments que j’éprouve lors de cette ultime rencontre. Je n’y reviens pas.

Je rentre à Paris et retourne voir Pompidou qui doit aller à Colombey le lendemain en compagnie de Chaban-Delmas. Il m’interroge pour savoir comment j’ai été reçu et au ton de sa voix, je comprends son amertume : Madame de Gaulle lui a refusé le droit de voir le Général une dernière fois. C’est devant le cercueil qu’il s’inclinera…

…C’est le jeudi 12 au matin qu’a été fixée la célébration de la grande messe de Requiem. Pompidou, président de la République, n’a nullement outrepassé ses pouvoirs en décidant ce service solennel à Notre-Dame de Paris. Il lui aurait été reproché de ne pas le faire. « Vous verrez », m’avait-il dit, le mardi soir, un peu surpris : « « ils » vont tous venir ». Effectivement « ils » sont tous là ainsi que des milliers de Parisiens qui emplissent la cathédrale et ses abords. Notre-Dame de Paris qui garde le souvenir de ce jour d’août 1944 où de Gaulle avait chanté le Magnificat de la Libération n’avait jamais connu pareille affluence. La cérémonie fut émouvante et grandiose…

…Le vide central rend encore plus poignant cet hommage solennel : face au monde le souvenir d’un homme qui a été la France et dont certains découvrent alors l’exceptionnelle renommée, qui rejaillit sur chaque Français.

Ce n’est pas que l’émotion soit feinte ! Au contraire. La musique de Bach jouée par Pierre Cochereau et les chœurs d’hommes sont à l’unisson comme les brèves paroles sur la fraternité du cardinal Marty, archevêque de Paris, qui officie.

Ce n’est pas que la vision ne soit exceptionnelle. Au contraire, Notre-Dame offre aux regards un spectacle inouï, tel qu’on n’a jamais vu, tel sans doute qu’on ne le reverra jamais : un parterre formé des personnages les plus puissants ou les plus en vue de l’univers.

Il m’est difficile, de ma place, à côté de Chaban-Delmas, dans le transept gauche, de détacher mon regard des premiers rangs de la nef où, derrière Georges et Claude Pompidou, j’observe d’abord les Anglais Anthony Eden, Harold MacMillan qui accompagnent le prince de Galles, héritier de la Couronne, avec le Premier ministre Edward Heath et son prédécesseur, le travailliste Wilson. Ensuite les personnalités qui, tels l’empereur d’Ethiopie, le négus d’Abyssinie et la reine Juliana des Pays-Bas qui furent en exil à Londres pendant la guerre. J’observe également des souverains en grand uniforme, la poitrine scintillante de décorations ; jaquettes noires et djellabas blanches se côtoient portant en sautoir le cordon de la Légion d’honneur. Sont présents les chefs d’État de tous les continents. Le premier arrivé est le président de la République polonaise, le maréchal Spychialski. Son voisin sera le président de la République fédérale d’Allemagne, Heinemann. Sont là les plus puissants comme Nixon, président des États-Unis, vers qui se tournent tous les regards, Podgorny, président du Présidium du Soviet suprême et chef d’État de l’U.R.S.S., entouré de plusieurs personnalités civiles, derrière Kossyguine, le Premier ministre et un maréchal de l’Union soviétique à l’uniforme bardé de décorations. On voit côte à côte le shah d’Iran et Baudouin de Belgique. L’Europe du Nord est présente par les princes héritiers de Suède et de Norvège ; le Proche-Orient par le président du Liban, Frangié, ainsi que le chef d’État d’Israël, Zaiman Shazar qu’accompagne Ben Gourion avec ses cheveux blancs. L’Afrique est en rangs serrés derrière Houphouët- Boigny, Léopold Sédar Senghor, Ould Daddah et Diori Hamani et tous les autres grands d’Afrique francophone. L’Asie est également là avec lndira Gandhi, Premier ministre de l’Inde, avec les deux Vietnam ; celui du Sud et celui du Nord non loin l’un de l’autre. J’observe enfin le cardinal Tisserand qui représente le Saint-Père et Demirel au nom de la Turquie. Bref : près de 30 chefs d’État et autant de Premiers ministres. Certes, aucun dirigeant de l’immense Chine n’a pu faire le voyage ; mais Mao et Chou En-lai ont tous deux adressé des couronnes de fleurs à Colombey…

Alors que la Marseillaise, jouée par les orgues, résonne sous la nef, à la sortie de la messe les personnalités sont prises dans une cohue qui ne rehausse pas la cérémonie. En fin d’après-midi, la plupart des participants sont reçus à l’Elysée. Là aussi, il me semble qu’une évocation du Général eût été la bienvenue.

Après quoi, le soir, je me mêle à la foule parisienne et, comme le 30 mai 1968, rapidement poussé à la tête de la manifestation, je m’arrête à l’Arc de Triomphe devant la stèle du Soldat inconnu. Puis je pars dans la nuit. Un ami me téléphonera pour s’étonner de mon absence à la cérémonie de Colombey qui fut, paraît-il, digne en tout point. C’est plus tard que j’irai à Colombey, seul…

…Il arrive parfois que les jours émouvants connaissent une heure de grand-guignol où le sourire le dispute un instant au désespoir. La mort du Général a connu cette heure.

Qu’un simple soldat chargé de vider les corbeilles à papier (NDLR en 1940) et auquel nul personnage important ne prêtait attention ait eu le flair de ramasser les feuilles éparses et déchirées du brouillon sur lequel le Général avait griffonné les phrases de l’appel que l’Histoire allait vite dénommer l’Appel du 18 juin, voilà qui mérite admiration ! Que ce soldat n’ait jamais voulu se dessaisir d’un pareil document, malgré les demandes réitérées des archivistes, voilà qui vaut de la considération ! Que ce soldat, redevenu civil, ait attendu la mort du Général pour le vendre au prix fort, voilà qui milite en faveur de son sens des affaires !

C’est ainsi que j’appris par la presse, le lendemain des obsèques officielles, l’existence de ce premier jet vendu très cher à un étranger. Le malheur (qui fut un bonheur) vint de l’acheteur qui aussitôt se vanta et raconta partout le prix qu’il avait payé le document. Je suis alerté par Jean Cau, à juste titre scandalisé. La suite est connue : le rachat par Alain Delon qui me l’apporte avec solennité (NDLR : le ministre de la Défense a ses bureaux rue Saint Dominique) afin que je le remette à Boislambert, chancelier de l’Ordre de la Libération qui l’exposa au musée où il est visible depuis lors ».

***

Message du Ministre d’Etat chargé de la Défense Nationale aux personnels civils et militaires des Armées (publié dans le magazine Terre, Air, Mer que reçoivent toutes les unités :

« On le pensait éternel, comme la France. Aux jours de la défaite, du mensonge, de la honte, il avait surgi et était devenu, à jamais, l’honneur, la vérité, l’espoir de vaincre. Quatre années lui donnèrent raison.

Des combats légendaires des « gaullistes » – à peu près sur toutes les mers, dans tous les ciels, sur tous les continents, et en France même dans l’ombre de la Résistance, il fut le chef incontesté grâce à qui la France, rétablie dans son unité et sa dignité, s’assit à la table des vainqueurs.

Puis il fut le restaurateur de la République. Dès lors, la France entière avait, pour toujours, attaché son nom à sa résurrection, les Français, pour toujours, reconnu son droit légitime à les guider.

La paix revenue, la victoire achevée, dans la solitude du pouvoir abandonné, dans l’ardeur de la lutte politique, puis de nouveau dans la retraite, il demeura pour la nation, par ce qu’il avait été, par ce qu’il avait dit, par ce qu’il avait écrit, le recours auquel elle fit naturellement appel quand le désarroi, de nouveau, domina.

Alors, tête de la France et bientôt figure de proue du monde entier, pour la seconde fois. Il mena à bien une œuvre exceptionnelle, intérieure et extérieure, à travers de multiples et dures épreuves. Il renouvela et affermit les institutions de la République. Il assura les bases économiques de son progrès. Il orienta d’une manière décisive les fondements de la solidarité sociale. Il bâtit des forces armées modernes. Il décolonisa et instaura la coopération. Il entendit dégager la France d’attaches politiques contraignantes et en fit, par la pensée, la parole et l’exemple, la championne du droit des peuples à fixer librement leur destin. Cette œuvre immense fut accomplie le plus démocratiquement du monde.

Un jour vint où le balancier politique, sollicité par d’actives minorités, parut détacher de lui un grand nombre de Français. Il se retira. Mais le vieil homme qu’il était devenu reprit, au cœur de son peuple, la puissance des premiers jours. De nouveau, aux yeux de tous, il fut l’honneur, la vérité, l’espoir de vaincre. De nouveau et pour tous, il fut la gloire de la France. C’est ce qu’il est désormais pour l’éternité. »

Signé : Michel Debré, ministre d’Etat chargé de la Défense nationale

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En ce 21e siècle marqué par des tensions, des rivalités, des inégalités criantes et une pandémie source de crises lourdes de conséquences dans de nombreux domaines, le général de Gaulle demeure, dans la plupart des situations, une source d’inspiration utile et féconde. Son approche réfléchie et pragmatique des grands enjeux, des relations entre nations, des réformes à réaliser, de la place et du rôle de l’homme dans l’évolution du monde, peut aider les dirigeants à appréhender les défis actuels dans le constant souci du bien commun, tout en veillant à maintenir l’union des Français et en plaçant la nation, son intérêt, son unité, sa souveraineté et la recherche de sa grandeur au- dessus des idéologies stériles.

Car, pour que la France demeure un grand pays, il faut susciter chez les générations présentes et futures une ambition forte et partagée. (JMD)

[1] Voir Mémoires, tome 1, p. 60.

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