La Fondation Charles de Gaulle héberge en ses murs l’Association du Souvenir des Cadets de la France Libre. Elle rend hommage aujourd’hui à René Marbot, qui fut l’un de ses membres et un des fervents Amis de la Fondation.

Président de l’Association du Souvenir des Cadets de la France Libre, René Marbot, cadet de la Promotion du « 18 juin », nous a quittés le 8 décembre 2020.

René Marbot naît le 6 juin 1922 au Liban, à Beyrouth où son père participe à la création et au développement du réseau ferré du pays. Son père décède lorsqu’il a dix ans et sa mère l’élève dans l’amour de la France.

Au moment de la déclaration de la guerre en 1939, Les Français sont dans l’incertitude.

René Marbot, malgré son jeune âge, ne reste pas indifférent aux événements. Par divers subterfuges, il crée une troupe de jeunes scouts, et obtient, des autorités vichystes du Liban, des appareils photos pour occuper sa troupe dans le cadre de concours photographiques. En réalité, et en liaison avec la délégation de la France libre en Palestine, il s’agit de photographier tous les ouvrages à caractère militaire du sud Liban en vue de leur transmission vers Londres.

Il parvient à quitter le Liban et après un vaste périple par mer en passant par l’Inde et l’Amérique du Sud, il rejoint la Grande-Bretagne et concrétise son engagement dans les Forces françaises libres à compter de décembre 1942. Il est immédiatement orienté vers l’Ecole des Cadets de la France Libre à Ribbesford et en sort aspirant en juin 1944, dans la cinquième et dernière promotion, baptisée « 18 Juin ». Comme beaucoup de ses camarades – juste après le débarquement en Normandie-, il est formé aux techniques guérilla  et au saut en parachute, en vue de participer sur le territoire français à l’encadrement des maquis pour gêner les armées allemandes dans leur repli . Il est alors parachuté au titre du BCRA en septembre 1944 dans le centre de la France, où il participe à la libération du territoire. Il est ensuite affecté à la dixième division  d’infanterie du Général Billotte, avec laquelle il entre en Allemagne en avril 1945.

Après l’Armistice, il quitte l’Armée et reprend ses études. Il en sort docteur en Droit, diplômé de Sciences politiques de Paris, et licencié des Langues ’O, en russe.

Par les contacts noués dans la période de guerre, qui a révélé l’extraordinaire camaraderie de tous ceux qui ont rejoint les FFL, il rejoint en 1949 le groupe Rothschild qu’il ne quittera plus qu’en prenant sa retraite après une carrière internationale qui le conduira en Italie, à Milan puis à Rome, et en Grande-Bretagne. Il exercera dans les filiales du groupe à vocation minière et métallurgique des fonctions de management commercial, de direction générale et de présidence. Il y acquerra une forte notoriété d’homme d’entreprise qui dépassera le cadre de ses fonctions au sein du groupe Rothschild.

Il conservera tout au long de sa vie un attachement charnel à l’homme du 18 juin et au souvenir de la période de guerre et à ses amis des FFL. Très tôt, il participa activement à l’Amicale des Cadets et fera tous ses efforts après son extinction en 2010 pour que le souvenir des Cadets et de l’Ecole militaire des cadets de la France Libre soit maintenu, notamment par l’intermédiaire des familles et des enfants des Cadets et de leur Encadrement. C’est ainsi que fut créée en 2014 l’ASCFL, l’association du souvenir des Cadets de la France Libre, dont il sera le Président fondateur et à laquelle il insufflera son dynamisme. Il était à cet égard une référence dans le monde associatif patriotique, l’un des rares témoins pouvant encore s’imposer par sa personnalité,  sa mémoire et ses réseaux internationaux.

Durant son séjour professionnel en Grande-Bretagne, il tissa des relations suivies avec la Reine Mère et avec la Reine Elisabeth II, qui lui permirent de conserver et enrichir en Grande-Bretagne le souvenir de la période de guerre  et des Free French. Au-delà des voyages et des rencontres, il favorisa dans ce cadre l’entretien et la création de lieux de mémoire tant en Grande Bretagne qu’en France : apposition d’une plaque du souvenir à Carlton Garden en présence de la Reine, inauguration du mémorial de Gaulle à Coëtquidan en 1995 avec un message de la Reine Mère, plaque en hommage aux Cadets dans la cour d’honneur des Invalides, musée du souvenir de la ville de Bewdley, mais aussi un fort intérêt pour le manoir de Ribbesford, siège de l’Ecole des Cadets dès la deuxième Promotion, avec un suivi des travaux de rénovation envisagés lors de la vente récente du domaine.

René Marbot eut une intense activité associative en France, au Liban, en Italie, en Grande-Bretagne mais aussi au Brésil où sa deuxième épouse, veuve de Cadet, dirigeait des œuvres d’entraide de la communauté française.

Il était notamment membre fondateur de la Fondation de la France libre en 2000, membre de la convention de la Fondation Charles de Gaulle.

Officier de la Légion d’Honneur, commandeur de l’Ordre national du Mérite, il était également membre de l’Ordre du British Empire.

Ses racines familiales expliquent peut-être ce parcours. Son nom s’est illustré dans l’histoire militaire de la France.  Ce qui a fait dire à l’un de ses enfants : « nous sommes les fils et les filles d’un grand ancêtre qui nous a marqué au fer bleu-blanc-rouge de la France libre. Nous faisons le serment de toujours en perpétuer le souvenir et les valeurs dont la première est l’amour de la France éternelle ».

En ce moment, cette phrase résonne plus que jamais à l’unisson de ce que fut René Marbot.

Un gaulliste, un vrai gaulliste. Il  sera fidèle à l’homme de guerre mais aussi à l’homme de la Cinquième République. Ce fut sa fierté et son honneur.

Un homme de son temps, engagé pour l’honneur de la Patrie aux jours sombres de son histoire, un homme enthousiaste, déterminé, tenace, entraineur d’hommes tout au long de sa vie civile et militaire ; un exemple pour les jeunes qu’il allait rencontrer dans les collèges et les lycées pour leur parler, au travers de son parcours, de la France, de son espoir dans la jeunesse d’aujourd’hui qui referait -il l’espérait- ce qu’il avait lui-même fait quand il était adolescent.

Pierre Moulié
Vice-président de l’Association du souvenir des Cadets de la France Libre

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