KOUFRA VU PAR LE GÉNÉRAL DE GAULLE, LE GÉNÉRAL DE LARMINAT ET LE COLONEL LECLERC

  • Télégramme du général de Larminat, haut-commisssaire à Brazzaville au général de Gaulle à Londres, 2 mars 1941

« Vous annonce que Koufra a capitulé le 1er mars à 9 heures. C’est le premier poste ennemi conquis par les armes françaises, le premier pas vers la victoire. Vive la France ! »

  • Télégramme du général de Gaulle au général de Larminat à Brazzaville, 3 mars 1941

« Le succès français de Koufra est une grande date dans l’histoire de la libération de la France. Je vous en félicite et vous en remercie personnellement comme des autres succès remportés en Erythrée par les troupes de l’Afrique française libre que vous avez formées. Veuillez faire connaître au colonel Leclerc que je lui décerne la croix d la Libération et lui transmettre de ma part le message suivant : « Les cœurs de tous les Français sont avec vous et avec vos troupes. Colonel Leclerc, je vous félicite en leur nom du magnifique succès de Koufra. Vous venez de prouver à l’ennemi qu’il n’en a pas fini avec l’armée française. Les glorieuses troupes du Tchad et leur chef sont sur la route de la victoire. Je vous embrasse. »

  • Lettre du colonel Leclerc au général de Gaulle, depuis Fort-Lamy le 13 mars 1941

« Mon Général,

En rentrant de Koufra, je m’empresse de vous remercier de votre télégramme qui m’a été droit au cœur et de la croix de la Libération que vous m’avez accordée. Tant de récompense n’étaient pas nécessaires car je vous affirme que j’avais été bien payé de ma peine en voyant nos couleurs monter au grand mât du fort du Tadj devant notre petit corps expéditionnaire très ému. Ci-joint un CR détaillé de l’expédition et un rapport concernant les principaux enseignements à en tirer.

… Tout fut passionnant dans notre expédition : d’abord cette navigation saharienne, les pelotons autos largement déployés, navigant au cap comme des bateaux. Ensuite les distances qui rompaient pratiquement toute liaison avec l’arrière et nous interdisaient l’échec. Les rencontres avec la compagnie saharienne très supérieure en armements mais battue parce qu’elle ne manœuvrait pas. Enfin le siège avec six sections d’une place fortement organisée, les nombreux problèmes tactiques… et moraux qu’il pose.

… Et maintenant, l’avenir. Si les Anglais avaient continué leur offensive en direction de la Tripolitaine, j’aurais agi au Fezzan, même avec des moyens fatigués et insuffisants. Puisqu’ils s’arrêtent, je ne peux intervenir seul avec mes moyens actuels : les Italiens très puissants et très armés au Fezzan peuvent y porter leurs réserves dans des délais réduits.

Par contre, j’ai naturellement déjà commencé la préparation de l’opération future, en conservant le maximum de secret, bien entendu. Il serait très souhaitable que je sois renforcé en sous-officiers européens, le général de Larminat est saisi de ma demande. Si la chose est impossible, on s’en passera. Par contre, la perception de matériel auto est une condition sine qua non : le Général a reçu ma demande. Nous allons travailler ferme en vue de constituer un beau détachement motorisé.

Vous devinez que tout cela, mon Général, n’a pas fait tomber le moral du Tchad. L’expérience a prouvé, une fois de plus, que la victoire appartient à celui qui sait tenir… Vichy n’a pas su le faire. »

X