LE « CHIEN FOU » DE LA RÉSISTANCE

par Thomas Amghar
Étudiant à l’Université Paris Sorbonne
Stagiaire à la Fondation Charles de Gaulle

Germaine Krull est née le 20 novembre 1897 à Poznan en actuelle Pologne. Elle étudie la photographie à Munich à partir de 1916, pour ouvrir son propre studio dans la même ville une fois diplômée. Les nus et les portraits constituent alors l’essentiel de son travail.

Dans le Munich effervescent, elle fréquente des milieux intellectuels dans lesquels elle est initiée au bouddhisme, une philosophie qui ne la quittera plus. La Bavière est cependant secouée par de graves crises politiques. Germaine Krull est arrêtée en avril 1919. Libérée, elle s’installe à Berlin avant d’entamer un voyage en U.R.S.S. où elle est encore arrêtée brièvement pour s’être opposée à la main-mise de Moscou sur les mouvements communistes en Europe.

Rentrée en 1922 à Berlin, elle continue la photographie en proposant des thèmes nouveaux, la menant à côtoyer la nouvelle élite artistique européenne. Entre 1925 et 1935, elle découvre Paris et mêle son travail à une vision romantique du travail ouvrier.

Après la bataille de France, elle fuit au Brésil, alors officiellement neutre, comme beaucoup de membres de l’intelligentsia française qui forment le Comité français du Brésil. De là, Germaine Krull s’embarque pour Brazzaville et rejoint en août 1942 la France Libre en tant que directrice photographique et des services de propagande pour la France Libre. Elle suit le commandement des opérations à Alger tout en continuant de servir pour la France, puis débarque avec une unité américaine en Provence en août 1944 avec sa plume et son objectif. Celle qui est surnommée « le chien fou » rejoint la Ière armée française jusqu’à la libération des camps de déportation en Alsace et en Allemagne. Continuant de publier des recueils de photographies annotés par Roger Vailland ou Jean Cocteau, Germaine Krull devient correspondante de guerre en 1946 pendant la guerre d’Indochine, et en profite pour photographier des lieux bouddhistes. Elle vit ensuite en Inde, puis retourne en Allemagne en 1955. Le Palais Chaillot lui consacre une exposition en 1967 grâce au concours de son ami, André Malraux.

Elle meurt le 31 juillet 1985 à Wetzlar en Allemagne. Les archives de la Fondation Charles de Gaulle disposent d’un fonds Germaine Krull.

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