Une coopération utile pour la formation des étudiants du Liban entre la Fondation Charles de Gaulle et l’ESA de Beyrouth

Le drame du Liban, ruiné, dévasté, dépeuplé, soumis à une inextricable crise économique, politique, sanitaire et sociale, qui s’éternisait depuis de trop longs mois et provoquait des restrictions de plus en plus insupportables par la population, va-t-il prendre fin pour permettre au pays de revivre ?

Sans gouvernement depuis l’explosion survenue dans le port de Beyrouth au début du mois d’août 2020 et en proie à d’interminables tractations politiciennes, le Liban s’est doté le 10 septembre dernier, sous les pressions exercées, notamment, par la France après l’explosion dévastatrice de l’an dernier, d’un nouveau gouvernement dirigé par M. Nagib Mikati, sunnite originaire de Tripoli, nommé par le président de la République libanaise, Michel Aoun, avec l’approbation du président chiite du parlement, M. Nabih Berri, et constitué de personnalités apolitiques.

Pour la communauté internationale la formation d’un gouvernement était un préalable au déblocage des aides financieres indispensables au redressement du pays qui fait face à des difficultés multiples d’une ampleur sans précédent, faisant sombrer une grande partie de la population dans la pauvreté    (Selon une récente étude de l’ONU,78% des libanais vivent aujourd’hui sous le seuil de pauvreté).

Tous les amis du Liban savent que la renaissance du pays dépend également de nombreuses réformes trop longtemps discutées et retardées par les différentes formations politiques et confessionnelles, en dépit du soulèvement populaire survenu à l’automne 2019.

En recevant fin septembre le chef du nouveau gouvernement du Liban à |’Elysée, le président de la République a souligné que “la communauté internationale ne pourra apporter un appui structurel au Liban qu’une fois ces réformes engagées pour préparer l’avenir du pays », évoquant précisément le sauvetage des finances publiques libanaises, la nécessaire réforme de l’administration du pays, l’appauvrissement de sa population, la lutte contre la corruption, la réorganisation et la rénovation du secteur de l’énergie, le défi sanitaire, etc.

Najib Mikati, pour sa part, l’a assuré de sa « détermination à mettre en œuvre les réformes nécessaires pour regagner la confiance, redonner un souffle d’espoir et réduire la souffrance de la population libanaise ». Le nouveau chef du gouvernement libanais s’est aussi engagé à  » poursuivre les négociations engagées avec le FMl » afin d’obtenir l’aide financière indispensable, et à organiser des élections législatives au printemps 2022.

Dans ce contexte chargé d’espoir, plusieurs pays et les nombreux donateurs, publics et privés, qui se sont attachés à aider le Liban tout au long de cette difficile période sont aujourd’hui encouragés à poursuivre leurs actions, à les développer et à les adapter aux besoins réels du Liban et de la population libanaise.

La Fondation Charles de Gaulle se réjouit d’avoir pu faire bénéficier depuis cinq ans les étudiants de Beyrouth, notamment les élèves de l’Ecole Supérieure des Affaires (ESA), d’un enseignement sur les méthodes de gouvernance et de leadership du général de Gaulle. Cette coopération porte déjà des fruits et nous espérons pouvoir ouvrir l’lnstitut Charles de Gaulle du Liban (dont l’édification sur un terrain mitoyen des bâtiments de l’ESA, annoncée en 2018, a dû, malheureusement être différée du fait de la crise) dès qu’une réelle amélioration de la situation du Liban le permettra.

Mais il ne faut pas attendre pour aider la jeunesse libanaise, notamment les futurs responsables publics et privés, à appréhender les enjeux, les défis et les contraintes du monde actuel.

Un jeune dirigeant doit pouvoir analyser une situation, déterminer une approche stratégique de ses décisions dans un environnement en évolution. ll doit aussi être capable de constituer et d’animer des équipes par un mode de gouvernance qui fédère et qui entraine. C’est la raison pour laquelle la Fondation Charles de Gaulle, l’Association pour la sauvegarde du patrimoine de Charles de Gaulle à Beyrouth et l’ESA sont convenu d’apporter ensemble une contribution utile à l’enseignement supérieur du Liban en organisant un cycle de conférences et tables-rondes thématiques de type webinaire, ouvertes aux étudiants d’autres universités.

L’objectif est de proposer deux fois par trimestre des « rencontres » via internet avec des dirigeants d’entreprises, des économistes, des experts de centres d’études politiques ou diplomatiques, et des personnalités qualifiées.

La séance inaugurale a eu lieu ce mardi 12 octobre à 10 heures sous la forme d’un dialogue entre le président de la Fondation Charles de Gaulle, Hervé Gaymard, ancien ministre, et Thierry de Montbrial, président de l’lnstitut Français des Relations internationales (IFRI), membre de l’Académie des Sciences morales et politiques. Une confrontation dépassionnée et un éclairage utile sur la situation internationale après le retrait américain d’Afghanistan et la réorientation stratégique qui semble voir le jour dans différentes parties du monde.

L’enregistrement video de ce dialogue prospectif est accessible sur les sites internet de la Fondation Charles de Gaulle, de l’IFRI et de l’ESA :

La séance suivante, prévue fin novembre, sera consacrée aux enjeux énergétiques, évoqués par un expert, M. Jean-Paul Bouttes, ancien directeur de la stratégie et de la prospective d’un opérateur international du secteur de l’électricité.

En attendant que l’lnstitut Charles de Gaulle du Liban puisse, enfin, voir le jour à Beyrouth, l’ESA a bien voulu, d’autre part, mettre à la disposition de l’équipe fondatrice de l’Institut un bureau et une bibliothèque dans laquelle ses élèves pourront prochainement consulter 200 ouvrages donnés par la Fondation Charles de Gaulle et en cours d’expédition vers le Liban.

Notre Fondation entend, dès à présent, réaffirmer ainsi la relation chargée d’histoire et d’amitié qui unit la France au Liban, contribuer à la formation de ses jeunes générations et, dès lors, à la construction d’un avenir plus serein pour les Libanais et d’une renaissance durable pour leur beau pays.

Jean-Marie Dedeyan
Vice-président de la Fondation Charles de Gaulle