REMISE DES INSIGNES DE CHEVALIER DE LA LÉGION D’HONNEUR À PASCAL BABOUOT,
MAIRE DE COLOMBEY-LES-DEUX-ÉGLISES

par Jacques Godfrain
Président d’honneur de la Fondation Charles de Gaulle

Le protocole et la tradition veulent que l’on salue les nombreuses et hautes personnalités ici présentes. Je vous rassure, je le ferai avec d’autant plus de joie et d’amitié que j’en connais la plupart personnellement et de longue date.

Toutefois à part notre cher maire, Pascal et son épouse, je me dois de saluer d’abord cette très haute personnalité dont l’ombre tutélaire bienveillante et protectrice plane depuis 1934 sur Colombey, ses habitants, ses maisons, son église, ses tombes, je veux dire, le général de Gaulle.

Pascal, cette décoration magnifique, la plus haute, t’est attribuée par la volonté du Président de la République, pas seulement parce que tu es maire de Colombey, village français certes, tout en appartenant au monde entier, mais pour tes qualités personnelles et ce que tu as donné, sans compter, à l’intérêt public, aux habitants de Colombey, aux autres.

Monsieur le Préfet Joseph Zimet, Monsieur le Ministre Luc Chatel, Christine Guillemy puis Stéphane Martinelli, nos deux sénateurs, Bruno Sido et Charles Guéné, le Président du département Nicolas Lacroix, les membres du conseil municipal dont les fidèles adjoints passés et présents, la Présidente de l’association de l’ordre national du Mérite de Haute-Marne, Béatrice Kapps-Bonnin, le général Mendousse, Président de la société des membres de la Légion d’Honneur de Haute-Marne et son porte-drapeau, le Directeur du Mémorial, Laurent Dumont et ses collaborateurs, ceux et celles qui donnent par leur récits tout son éclat à la Boisserie, merci à vous Mesdames, et Aurore en particulier. Merci pour le soutien toujours apporté à ce village à toi, chère Anne de Laroullière, ici présente.

Je n’omettrai pas la Gendarmerie nationale qui a veillé pendant des années à la sécurité de la Boisserie et des tombes familiales avec discrétion, efficacité et dévouement.

Je ne peux citer tous les noms mais d’un regard circulaire et personnel pour chacun d’entre vous, je vous englobe dans mon sentiment d’affection et d’admiration.

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Mon cher Pascal, quel maire au monde ne voudrait être à ta place ?

Mes voyages, la plupart de travail, notamment comme ministre de la Coopération, m’ont amené dans des contrées lointaines, à la rencontre de populations qui n’avaient aucun espoir de venir un jour en France. Mais lorsque je prononçais les noms de De Gaulle et de Colombey, je voyais des regards s’illuminer comme s’ils enchantaient leur imaginaire.

Et voilà devant nous une simplicité, une modestie et une immense gentillesse, voilà celui qui représente ce lieu dans lequel s’inscrit l’histoire du 20e siècle.

Vous comprendrez ma profonde émotion d’avoir été choisi pour te remettre ces insignes. Pouvais-je imaginer que l’élève du lycée de Toulouse qui, en 1958, pour ses 15 ans, recouvrait à la craie les tableaux noirs de croix de Lorraine et d’une phrase simple « Vive la France, vive de Gaulle ! », serait un jour de 2021 choisi par le maire de Colombey pour remettre cet insigne glorieux à un ancien bon élève, lui, de ce village.

En 1974, ton bac sans problème, ton DUT et ton BTS en 1978, l’année de mon entrée à l’Assemblée nationale. Toi, le fils d’une famille paysanne, simple et aimante, tu passes par toutes les cases de la promotion personnelle et professionnelle, si chères à la République. Tu es la preuve vivante que cette République sait distinguer le mérite, que l’ascenseur social, comme on dit, ne connaissait pas les difficultés présentes.

Te voilà donc chez Peugeot avec 120 techniciens et ingénieurs à Sochaux ; tu vas être distingué pour le démarrage de la ligne de boîtes de vitesse à la nouvelle usine de Valenciennes.

En 1980 tu décides de te marier avec… Pascale, tous les deux vous devenez Chtis ! Quelle belle adaptation pendant 5 ans de sa part mais aussi de la tienne, et de se sentir loin de ces paysages qu’aimait tant à contempler un certain général de Gaulle, ton voisin, de ces vieilles pierres, autour du clocher roman, les maisons basses, qui se serrent les unes contre les autres pour échapper aux mauvais vents d’hiver, pour se livrer aux vents de l’Histoire.

Puis vinrent Sébastien le 5 avril 1982 et Rémi le 25 février 1985.

Tes connaissances très pointues en mécanique te permettent de faire profiter les patients médicaux d’implants chirurgicaux fabriqués à Chaumont.

Quittant cette entreprise, tu crées en 1988 Alpha Laser à Colombey. La maîtrise du laser et l’aide de ton épouse te permettent de réaliser des pièces médicales uniques ou nucléaires, des décorations de produits dérivés de grandes marques. Tes proches assurent les 3/8, 7 jours sur 7, pendant 7 ans, sous le regard angoissé de ton père. Tu montres par là même que nos campagnes, qu’on dit désertées, sont aussi des lieux d’innovation et de performance, en s’appuyant sur les compétences locales, qui abondent.

En 1989, tu entres au Conseil municipal. Peu après, tu es élu maire.

Tu ne recherches pas les mandats, ils viennent à toi parce que les autres élus te voient vivre et agir. L’agglo de Chaumont, sous la présidence de Luc Chatel, t’appelle à la vice-présidence que tu conserves sous la présidence de Christine Guillemy.

Président du syndicat des eaux depuis 20 ans, tu obtiens des résultats exceptionnels que les grands opérateurs de l’hydraulique seraient heureux d’atteindre.

Pour accomplir cette réussite, pas simplement dans les chiffres et les titres, il faut un cadre de sérénité et, si j’ose dire, d’amour pour ta famille et d’affection profonde pour tes amis. Mariés depuis 41 ans, à vous voir tous les deux, on se demande s’il n’y a pas eu une demande de dérogation à l’âge légal du mariage ! Tes deux fils, ta bru Florence et surtout tes deux princesses, Elisa et Alice.

Il y a 10 ans, Luc Chatel te remettait la médaille de Chevalier de l’Ordre national du Mérite.

Je choisirai un mot pour expliquer ce si beau parcours : Confiance. Confiance de Christine Guillemy et de Stéphane Martinelli qui te confient le développement économique du bassin chaumontois, dont ce complexe sportif de Palestra.

Merci à Bruno Sido et Charles Guéné pour cette confiance partagée envers notre ami ; à la famille de Gaulle pour ces liens de respect et d’amitié que vous partagez en commun et dont Anne de Laroullière et son mari, Etienne, sont témoins et acteurs.

Et comme il fallait une personne, comme on dit, bien sous tous rapports, c’est toi Pascal qui propose le nom d’Aurore Jacquinot à Jean de Gaulle pour travailler à la Boisserie ! Chère Aurore, vous êtes toujours là, qui enchantez les visiteurs par votre récit de la légende gaullienne à la Boisserie.

Cher Pascal, en 2020, tu as commencé ton 4e mandat avec 90% des voix. Certes le Général a fait mieux que toi en 1958 puisqu’il ne lui manquait, à Colombey, qu’une seule voix pour faire 100%. Tes résultats électoraux rendent à coup sûr jaloux bien des maires en France. Ils marquent le fait que pour les habitants de Colombey, tu es une évidence, un pilier, un môle de stabilité.

Chers Amis, chers époux Babouot, chère famille, vous savez, avec la modestie et la fierté discrète, ce que signifie d’être d’ici !

Sur cette colline où le Général pensait qu’elle inspirerait les lapins à la résistance, une fière croix de Lorraine protège les habitants et les fidèles si nombreux du Général.

Plus bas, il y a, auprès de Charles et Yvonne de Gaulle, la petite Anne, celle que le ciel accueillera parmi les anges à l’âge de 20 ans. La Boisserie était faite pour elle, par son volume, son air, ses arbres.

Comme notre cher Général l’écrivit à la fin de ses Mémoires : « C’est ma demeure. Dans le tumulte des hommes et des événements, la solitude était ma tentation. Maintenant, elle est mon amie. De quelle autre se contenter quand on a rencontré l’Histoire. Les familles d’ici, je les connais, je les estime et je les aime. »

Nous sommes passés, grâce à ce géant du 20e siècle du rêve à la réalité de l’action, mais aussi, grâce aux solides qualités d’un de nos 36 000 élus porteurs de cette écharpe tricolore.

Un maire simple, abordable, ouvert, bref un élu comme la France peut être fière d’en compter dans ses rangs !

C’est pour toutes ces raisons Monsieur le Maire, Pascal Babouot, qu’au nom du Président de la République et en vertu des pouvoirs qui nous sont conférés, nous vous faisons chevalier de la Légion d’Honneur.

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