Il y a 30 ans, le 9 janvier 1992, disparaissait Louis Terrenoire, ancien secrétaire général du RPF, résistant de la première heure, secrétaire du Conseil national de la résistance (dirigé par Georges Bidault, l’éditorialiste du journal L’Aube),  déporté à Dachau, député MRP de l’Orne (1945) à la première assemblée constituante de l’après-guerre, président du groupe UNR de l’Assemblée nationale (1959-1960), ministre de l’information,  ministre délégué chargé des relations avec le parlement (1960-1962), puis  secrétaire général de l’Union pour la Nouvelle République (UNR, mai-décembre 1962), l’un des représentants éminents de l’histoire du gaullisme.

Ce Lyonnais d’origine, ancien responsable de syndicats chrétiens, journaliste dans des publications démocrates-chrétiennes, puis rédacteur en chef de l’Aube auprès de Francisque Gay, son directeur et beau-père, demeure peu connu des Français tout en ayant été l’un des proches du Général de Gaulle.

Il était donc juste de rendre hommage à cet éminent gaulliste à l’occasion du 30e anniversaire de sa mort en rappelant sa carrière et, notamment, le très intéressant recueil [1] de documents, notes prises par Louis Terrenoire pendant le Conseil des ministres alors qu’il était porte-parole du gouvernement, de propos et confidences du général de Gaulle sur de nombreux thèmes de l’action gouvernementale, sur les relations internationales et sur les 26 mois du long processus qui conduisit aux accords d’Evian.

Présentés et éclairés par la rigoureuse Hélène Boivin, et préfacés par l’éminent historien Éric Roussel, reçu l’année dernière à l’Académie des Sciences morales et politiques, ces différents écrits politiques attestent du sens de l’action de Louis Terrenoire au service de ses idées, de son Pays et du bien des Français.

Ils démontrent aussi un engagement harmonieusement partagé au côté du général de Gaulle qui lui a dédicacé son portrait en écrivant : « À Louis Terrenoire qui m’a fait l’honneur d’être pendant trois ans mon second dans un grand combat, Son compagnon, son ami. Charles de Gaulle ».

Lors de l’inauguration, le 8 janvier 2022 du foyer Louis Terrenoire dans la commune de Ceaucé, au sud du bocage normand, en présence du président du Conseil départemental de l’Orne, Christophe de Balorre, et de plusieurs élus normands, son fils Alain, lui-même ancien député, a évoqué l’engagement de son père en déclarant notamment :

« Chrétien, il avait une exigence de solidarité, de fraternité, de justice sociale. Patriote, il n’avait pas transigé sur la défense de la nation et des libertés démocratiques… Européen, il avait compris qu’après la première guerre mondiale, et plus encore après la seconde, l’avenir de notre Pays devrait se situer dans l’union pacifique des européens et dans l’entente franco-allemande ».

C’est cette conviction qui conduisit Louis Terrenoire, en 1960, à fonder et présider, en accord avec le général de Gaulle, le Comité français de l’Union Paneuropéenne, la plus ancienne organisation pro-européenne promotrice d’une Europe non fédérale constituée de nations conservant chacune leur souveraineté.

Nous associons les trois enfants de Louis Terrenoire et l’académicien Éric Roussel à cet hommage, à travers les quatre témoignages audiovisuels qui suivent, auxquels vous pouvez accéder en cliquant sur le lien d’accès.

Jean-Marie Dedeyan
Vice-président de la Fondation Charles de Gaulle

[1] De Gaulle en conseil des ministres, Journal et notes de Louis Terrenoire
Écrits présentés par Hélène Boivin, Préface d’Éric Roussel
Éditions Eurocibles, 532 pages

La carrière de Louis Terrenoire

Né le 10 novembre 1908 à Lyon (Rhône), il est responsable de syndicats chrétiens (1928), rédacteur en chef de La Voix sociale, puis du Nouveau Journal de Lyon (1930-1931), et rejoint, en 1932, L’Aube (périodique démocrate-chrétien).

Résistant dès 1940, il devient secrétaire du Conseil national de la résistance (CNR) en 1943. Arrêté par la Gestapo, en décembre 1943 puis en mars 1944, il est déporté à Dachau. Député MRP de l’Orne aux deux Assemblées constituantes, puis à l’Assemblée nationale (1946), il adhère au RPF et devient vice-président du Mouvement républicain populaire indépendant, après son exclusion du MRP hostile à la double appartenance.

Secrétaire général du RPF (51-54), il échoue à la députation sous la IVe République, mais retrouve son siège à partir de 1958. Président du groupe UNR de l’Assemblée nationale (1959-1960), il est ministre de l’Information (1960-1961) puis ministre délégué chargé des relations avec le Parlement (1961-1962).

Secrétaire général de l’UNR (mai-décembre 1962), il est co-directeur de l’hebdomadaire UNR-UDT Notre République (1963-1964).

Il renonce en 1973 à son siège de député et meurt le 9 janvier 1992.

X