1968 : AUPRÈS DU GÉNÉRAL DE GAULLE de Laurent Degos

Éditions Temporis, 2021, 149 pages, 12 euros

À ceux qui estiment que trop de livres paraissent sur le général de Gaulle, voici un témoignage original et pour tout dire sincère, à hauteur d’homme et utile à la compréhension d’une époque révolue.

Alors qu’il a tout juste vingt et un ans, le futur professeur Laurent Degos effectue son service militaire à l’Elysée en qualité de médecin interne. « C’est la maison du général de Gaulle plutôt que le Palais de l’Elysée » note-t-il d’emblée, découvrant les obscurs couloirs, mais aussi, le confort et les règles d’une institution vivant au rythme du grand homme. On s’amuse aujourd’hui d’une organisation à l’ancienne, avec un standard manuel, la femme du Président allant faire les courses, un parc de voitures limité à deux DS, les cadeaux diplomatiques achetés sur les deniers personnels du Général…

Mais Laurent Degos ne limite pas son propos aux accessoires du pouvoir. Il analyse le fonctionnement d’une maison où les militaires « hors du commun » gouvernent et où, à l’exception de Jacques Foccart, les civils jouent un rôle subalterne. Il dresse un portrait détaillé de ceux auxquels le Général fait confiance dans cette année 1968 où, au-delà de la contestation étudiante, se développent le Concorde, les Mirages et l’arme atomique.

Contraint à des permanences médicales y compris lors des voyages officiels du général, Laurent Degos raconte l’intimité présidentielle, ainsi d’ailleurs que l’ambiance de la Boisserie où, au service du Général, il vit chez l’habitant.

Ce qui frappe le lecteur qui s’en amuse, c’est l’extrême simplicité de la vie quotidienne du couple et l’esprit de famille qui enveloppe tous ceux qui contribuent à sa bonne marche.

Le jeune médecin, qui avait pris le soin de noter ces moments d’histoire au jour le jour, donne avec précision les menus des repas, les numéros de téléphone de l’époque (L’Elysée : BAL(zac) 20 00) et livre quelques bons mots du Général, qu’aucune biographie à ce jour, n’avait pu révéler.

C’est donc un ouvrage plaisant, original, ne cherchant pas à faire doctrine, mais contribuant à lever un autre voile, à offrir un nouveau témoignage d’une année si essentielle dans la vie du général de Gaulle et de la cinquième République.

Philippe Langénieux Villard

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