« Réflexions sur la langue française », par Jacques Godfrain

La revue Espoir nous a offert un numéro consacré à la francophonie, quelle belle idée pour un beau sujet !

Les temps actuels ont ceci de remarquable, c’est qu’ils veulent être à la fois symbole de rupture avec un goût engagé pour le patrimoine.

Vieilles chapelles ou églises, châteaux, quartiers ou villages médiévaux sont tellement à l’honneur que la loterie nationale leur consacre, avec raison, une partie de ses gains.

Le hasard a voulu que je finissais la lecture de ces très belles pages sous des signatures prestigieuses juste avant d’être en séance de visioconférence avec des scientifiques et chercheurs en santé humaine et animale. J’y entendis un déluge de « one health », « working group », « summer meeting» qui émaillaient les propos de personnes éminentes.

La chute était brutale et de m’interroger sur les raisons de cette appétence pour le patrimoine matériel et de cette moquerie pour les défenseurs du patrimoine verbal qu’est notre langue.

Nous devons donc jeter des ponts entre les écrits de la revue Espoir et ceux publiés par ailleurs par de grands auteurs, avec le langage commun des entreprises ou de la rue où le spectacle ne peut être qu’en « live » !

Comment des esprits de très bon niveau ont-ils pu se laisser imbiber au mieux par la mode, au pire par un certain snobisme de locutions anglo-saxonnes ? Paraître ouvert au reste du monde, montrer son savoir et même se pavaner ?

Louer la francophonie est certainement une excellente chose et Espoir s’en charge, mais en faire un outil de communication non respecté constitue un étrange fossé.

C’est pourquoi la diffusion d’Espoir doit être plus que valorisée mais puissamment encouragée.

Appartenir à une civilisation comme la nôtre c’est se respecter soi-même et donner une plus-value au monde de l’esprit qui est le nôtre.

Bonne lecture et forte vigilance pour ceux et celles qui ont la force de vouloir respecter leur manière de vivre dans le patrimoine qui est le leur depuis si longtemps.