DISCOURS DE l’INAUGURATION DE LA RUE HÉLÈNE ET FRANÇOIS MISSOFFE

par Geoffroy Boulard
Maire du 17e arrondissement de Paris

Le 8 novembre 2022

Madame la Sénatrice de Paris, représentante du président du Sénat Gérard Larcher, chère Catherine Dumas,
Mesdames, Messieurs les élus, députés, conseillers de Paris, anciens conseillers de Paris, élus du 17e arrondissement,
Mesdames Messieurs les présidents d’associations
Madame la ministre, ma chère Françoise,
Chers amis,

Enfin nous y sommes. Sept ans après la dénomination actée par la Ville de Paris rue Hélène et François Missoffe à la l’initiative de la mairie du 17e arrondissement et de Brigitte Kuster que je tiens particulièrement à saluer, je suis très heureux et très honoré de pouvoir rendre hommage à un couple emblématique de la politique française dans leur fief, ici Porte Pouchet.

Ensemble, ces deux figures du Gaullisme ont incarné la résistance. François Missoffe, membre des Forces Françaises Libres pendant la Seconde Guerre mondiale. Hélène Missoffe, militante des droits des femmes.

Quel couple inspirant.

Avoir le courage de ses convictions, de les porter avec force et franchise, malgré les vents contraires de l’Histoire, Hélène Missoffe fut de cette trempe-là.

Cette femme énergique a toujours défendu bec et ongles les valeurs de la famille, de l’école et fait de la liberté des femmes son cheval de bataille. Bien que catholique et réticente au départ à la dépénalisation de l’interruption volontaire de grossesse, elle s’est vigoureusement battue et a travaillé avec Simone Veil, ministre de la santé, à l’émergence de la loi en engageant, je cite, sa « responsabilité personnelle ».  Cette année 1975 fut celle des avancées pour la cause des femmes puisqu’elle votera aussi la loi sur la réforme du divorce, ouvrant la possibilité du consentement mutuel.

Inauguration de la rue Hélène et François Missoffe, le 8 novembre 2022.
Sur la photo : Monsieur le Maire Geoffroy Boulard et Françoise de Panafieu, fille du couple Missoffe.
© Mairie du 17e arrondissement de Paris

Vingt ans plus tard, alors sénatrice RPR du Val-d’Oise, lors de la discussion du projet de loi sur la famille, Hélène Missoffe n’a rien perdu de sa pugnacité. Elle fait partie des voix qui s’élèvent pour dénoncer toute tentative de retour sur les conquêtes des vingt dernières années.

Elle déclare alors au Sénat : « La notion de famille évolue rapidement et cette évolution se fait autour de la place de la femme dans la société. Par la contraception, la femme maîtrise sa fécondité […]. Par l’acquisition du savoir, elle tient une place déterminante dans le monde du travail. En conséquence, elle a acquis le partage de l’autorité dans la structure familiale et une relative autonomie financière. Bref, si certains hommes peuvent avoir la nostalgie du passé, aucune femme ne souhaiterait vivre comme sa grand-mère ». Cette intervention fera date.

A cette pionnière et cette voix pour les générations de femmes à venir, il fallait un homme de la même dimension.

François Missoffe, figure de la résistance, prisonnier en Indochine, ambassadeur de France au Japon, est un fidèle de la première heure du général de Gaulle, dont il a été plusieurs fois ministre. Ministre de la Jeunesse et des Sports de 1966 à 1968, il porta une politique qui souhaitait faire émerger les besoins et les aspirations d’une jeunesse qui gronde.

Devant les évènements de 68, le Général annonce alors à la télévision un référendum auquel François Missoffe était opposé. Il ne manqua pas de le lui rappeler avec le franc parler qui le caractérisait.

Voici ce qu’il raconte dans un témoignage précieusement conservé aux archives de la Fondation Charles de Gaulle : « Je lui ai dit « Mon Général, très franchement, c’était un bide. C’était mauvais. Vous n’y croyez pas, ça se sentait ». Il m’a dit : « Vous savez au fond, il faut bien que j’ai une raison de foutre le camp ». Je lui ai dit que s’il continuait comme ça avec ce mauvais laïus, il remettrait ses pouvoirs à Mendès ou à Mitterrand. Il s’est levé comme un fou et m’a dit : « Eh bien, je reste ! ».  En me raccompagnant à la porte de son bureau, il m’a pris le bras en me disant : « Merci mon petit ».

Si l’Histoire ne leur a certes pas donné raison en cette année 68, cette scène savoureuse témoingne la proximité et l’affection entre ces deux hommes d’état.

Les Missoffe sont des figures populaires. Ils ont été aimés, particulièrement par les habitants du 17e arrondissement et dans ce quartier des Epinettes.

Femme d’Etat, Hélène Missoffe fut Secrétaire d’Etat à la santé et à la sécurité sociale dans le gouvernement Raymond Barre, mais elle n’oublia pas son engagement auprès des habitants qu’elle écoutait toujours avec attention et bienveillance lors de ses nombreuses permanences d’élue, reprenant le flambeau de son mari, député de l’arrondissement pendant huit ans, avant de le transmettre à vous sa fille, Françoise De Panafieu, devenue députée, maire, ministre de Jacques Chirac.

Vous l’aurez compris. Chez les Missoffe, la politique est une histoire de famille. Cette passion, ils l’ont transmise à leurs huit enfants. En particulier à vous chère Françoise qui a mis votre dynamisme et votre pugnacité au service du 17e arrondissement pendant votre mandat de Maire,dont j’ai l’honneur à mon tour accompagné par l’équipe municipale de poursuivre l’héritage, inspiré par les valeurs que vos parents ont incarnées au cours de leur extraordinaire destin commun.

Des valeurs d’engagement, de courage, d’altruisme, de liberté et d’humanisme.

Chère Françoise, je connais votre admiration sans bornes pour vos parents. « J’ai été à bonne école », déclariez-vous au moment de vous mettre en retrait pour suivre d’autres expériences. Vous avez également ajouté « Mon objectif n’a jamais été de durer. Mon ambition a toujours été d’être utile pour les électeurs parisiens ».

Par leur histoire et par leurs liens profonds aux habitants auxquels ils ont tant apporté, je suis fier au nom de l’équipe municipale d’inaugurer cette rue en hommage à ce couple exceptionnel et de pouvoir vous dire aujourd’hui devant vous qu’Hélène et François Missoffe et le 17e arrondissement seront toujours unis.

Je vous remercie.

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