POURQUOI LA FRANCE COMMÉMORE LE 24 AVRIL 1915…

par Jean-Marie Dedeyan
Vice-président de la Fondation Charles de Gaulle

La France commémore chaque année l’anniversaire de la rafle et de la déportation de centaines d’intellectuels arméniens le 24 avril 1915 à Constantinople [1]. Cette date anniversaire est l’occasion d’entretenir et de transmettre le souvenir de l’un des drames du début du XXe siècle : le génocide qui a entrainé la disparition de plus d’un million et demi d’hommes, de femmes et d’enfants des communautés arméniennes vivant paisiblement en territoire ottoman.

Beaucoup des survivants de ce drame, sont parvenus à trouver refuge en France et à s’y installer. La population de notre pays compte aujourd’hui plus de 750 000 Français d’origine arménienne et dans les différentes villes où ils vivent leur intégration n’a pas posé de problème car au fil de son histoire le peuple arménien a toujours placé sa capacité de résilience et ses valeurs au service de relations amicales et confiantes avec la France, sa terre d’adoption.

Une relation millénaire

La relation particulière qu’entretient notre pays avec les Arméniens est, en effet, millénaire. Dès le Xe siècle, l’Arménie, chrétienne depuis le tout début du IIIe siècle [2], s’étant trouvée occupée par des oppresseurs venus d’Anatolie, de nombreux Arméniens sont allés se réfugier dans les plaines de Cilicie, au Sud-est de l’Asie Mineure, où naquit Saint Paul, sur un territoire que les Byzantins ont pris au califat arabe vers 960 et où des populations arméniennes ont été encouragées à s’installer pour permettre une renaissance arménienne.

L’Etat arménien de Cilicie est institué en 1073 et en 1198, la Cilicie, frontalière de la Syrie franque, est érigée en royaume de Petite Arménie. Celui-ci va être l’un des ancrages de la chrétienté au Proche Orient et va prospérer jusqu’en 1375, année où les mamelouks s’en emparent jusqu’à son intégration à l’empire Ottoman après la prise de Constantinople en 1453.

Mais dès la fin du XIe siècle, des Francs issus de la Croisade se sont aussi installés dans la zone de peuplement arménien en Cilicie et les historiens soulignent que la langue française est alors parlée à la cour arménienne dont certains membres sont même entrés dans les ordres de chevalerie des croisés.

A cette époque, les échanges économiques avec le Languedoc et la Provence se développent ; une partie de la législation s’inspire de textes français et les alliances entre grandes familles arméniennes et françaises sont fréquentes.

Le royaume de Cilicie voit sa fin en 1375 quand des mamelouks venus d’Egypte déposent le dernier souverain arménien, Léon de Lusignan, d’ascendance française par son père, moins d’un an après son couronnement.

Envoyé en captivité au Caire, l’ancien monarque est finalement libéré sept ans plus tard grâce au roi de Castille et va passer le reste de sa vie en Europe. Mort en 1393 sa tombe se trouve dans la Basilique de Saint Denis où sa dépouille a rejoint les tombeaux des rois de France.

Sous Louis XIV, Colbert, qui est entré au service du Roi à la mort de Mazarin, incite des négociants et des artisans arméniens à s’établir dans la région de Marseille. Il y crée, en 1669, le « port franc de Marseille des Arméniens ». Quelques Arméniens sont enrôlés dans la Compagnie des mousquetaires du Roi et un Arménien se voit confier la direction des comptoirs des Indes, de la Perse et du Sud. En 1686, c’est aussi un Arménien prénommé Grégoire qui ouvre, rue Mazarine à Paris, le célèbre café Procope à la suite de l’introduction du « café » à la cour de France par un ambassadeur du sultan ottoman Mehmed IV.

Au siècle suivant, à son retour d’Egypte, Bonaparte fait de Raza Roustam, fils d’un négociant venu de Géorgie pour s’établir en Arménie, l’un des membres de sa garde personnelle. Une garde dans laquelle sert une vingtaine d’Arméniens et c’est Roustam qui chevauche devant le carrosse impérial lors du sacre et du couronnement le 2 décembre 1804 à la cathédrale Notre Dame de Paris.

Devenu empereur, Napoléon a officialisé l’enseignement de la langue arménienne à Paris et apporté son soutien à la congrégation des pères Mékitaristes de Venise, installés dans un splendide couvent sur l’île de San Lazzaro. Ce couvent, situé à quelques minutes de la place Saint Marc, abrite une remarquable bibliothèque et une importante collection d’art arménien.

Massacres ou génocide ?

En poursuivant ce survol chronologique, on arrive à la dramatique période du génocide arménien. Dès le début de l’empire Ottoman, les persécutions d’Arméniens commencent puis s’accélèrent. Les sultans n’acceptent pas d’améliorer le sort des minorités chrétiennes et juives et bien que la question arménienne soit présente dans le Traité de Berlin (Juillet 1878), le sultan turc Abdul-Hamid II, signataire de l’accord, n’entreprend pas les réformes envisagées.

En réaction aux violences et aux spoliations, les Arméniens créent un mouvement national dont le sultan prend prétexte pour déclencher des massacres (1894-1896). Ceux-ci font 250 000 morts et conduisent bientôt Jean Jaurès à dénoncer le processus d’extermination dans un discours à la tribune de l’Assemblée nationale qui demeure l’un des plus remarqués de la troisième République.

Puis, en 1914, l’état ottoman se range au côté de l’Allemagne. Les dirigeants « Jeunes turcs », soucieux de l’influence de l’ennemi russe au sein des populations chrétiennes d’Anatolie saisissent le prétexte de la guerre pour s’attaquer aux Arméniens. Fin mai 1915, l’ordre est donné de déporter toute la population arménienne [3].

Les biens sont saisis, les notables arrêtés et torturés, les hommes assassinés en grand nombre, les femmes, les enfants et les vieillards réunis en de longs convois et victimes de sévices multiples…

Ce drame atroce est suivi d’autres actes d’extermination entre 1919 et 1921 puis, en septembre 1922, par l’anéantissement d’une grande partie de la ville portuaire de Smyrne, où la famille des arrière-grands-parents de l’auteur de cet article, originaire de la principauté de Thomarza en Cappadoce [4], possédait une entreprise de presse et d’édition (employant 70 traducteurs) qui contribuait au rayonnement de l’œuvre littéraire des grands écrivains français.

Smyrne est alors l’une des villes du Levant les plus cosmopolites et les plus prospères du bassin méditerranéen. Ses communautés y vivent en parfaite entente depuis des décennies. Chateaubriand l’a d’ailleurs comparée à une ville italienne où « résonnaient les échos d’un monde en pleine évolution et où les modes de Paris parvenaient en quinze jours ».

Cependant, en prise depuis plusieurs mois à des tentatives d’occupation de territoires revendiqués par la Grèce, Mustapha Kemal, qui redoute un démantèlement de l’empire ottoman, vient de lancer une offensive et a expulsé d’Anatolie les troupes du roi de Grèce Constantin 1er.

Le 8 septembre 1922, l’armée turque victorieuse entre dans Smyrne. Les horreurs s’y multiplient. 320 000 résidents grecs et 10 000 Arméniens sont victimes de massacres, d’exactions et d’assassinats en nombre. Les tentatives d’évacuation de la population se traduisent par un dramatique chaos. Puis surgissent des épidémies de choléra et de malaria. La presse internationale s’émeut et commence à employer les termes de « catastrophe humanitaire ». Enfin, le 13 septembre, un gigantesque incendie ravage le front de mer et la zone portuaire qui faisaient la réputation de Smyrne en Europe…

En fait, de 1915 à 1923 [5], plus d’un million et demi d’Arméniens ont ainsi été atrocement massacrés dans l’empire Ottoman ; et, bien qu’il ait fait couler beaucoup d’encre, ce génocide a mis des années à faire l’objet d’une reconnaissance internationale officielle.  Comme on le sait, la Turquie a encore, pour sa part, bien des difficultés à surmonter pour effectuer un vrai travail de mémoire…

Le soutien de la France

Mais revenons à la relation particulière entre la France et l’Arménie. En fait, dès les premiers massacres perpétrés de 1894 à 1896, des comités de soutien aux Arméniens ont vu le jour en France. En 1900 est créé le journal Pro Armenia, bimensuel qui va paraitre jusqu’en 1914 et dont le comité de rédaction réunit d’éminentes personnalités, notamment Jean Jaurès, Georges Clemenceau, Anatole France, Charles Péguy, Gabriel Hanotaux, Albert de Mun… De son côté Charles Péguy apporte son soutien aux Arméniens dans les Cahiers de la Quinzaine

Pendant la première guerre mondiale les Arméniens, surmontant les douloureuses épreuves du génocide, participent sans hésitation à l’effort de guerre. Plusieurs d’entre eux ont intégré la Légion d’Orient, unité de la Légion Etrangère créée en 1916 pour participer à la libération de la Cilicie.  La même année Paul Deschanel, qui est à l’époque le président de la chambre des députés, préside un hommage à l’Arménie dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne. Il y rappelle que l’Arménie est unie à la France par des liens de famille, qu’elle prolonge en Orient le génie latin, soulignant son effort séculaire pour conserver l’héritage intellectuel de la Grèce et de Rome.

Quelques semaines auparavant, le poète Max Jacob, ami de Picasso, d’Apollinaire et de nombreux artistes avait consacré un long « chant d’amour et de mort à l’Arménie » dont son ami Joseph Altounian, spécialiste de l’art égyptien, lui avait beaucoup parlé.

La deuxième guerre mondiale

Enfin, au cours de la Seconde guerre mondiale, des centaines d’Arméniens (dont 332 dans les Forces Françaises Libres) se sont mobilisés aux côtés des combattants de leur patrie adoptive.

Des dizaines sont tombés vaillamment au champ d’honneur ; d’autres se sont illustrés dans la Résistance dont l’histoire est jalonnée de hauts faits courageux.

Engagé volontaire en 1939, démobilisé en 1940, l’un d’eux, Missak Manoukian n’a pas hésité à poursuivre son action dans la clandestinité et à mener des actions exemplaires contre l’occupant nazi. Arrêté le 16 novembre 1943, il a été fusillé au Mont Valérien le 21 février 1944 avec 21 résistants de son groupe de FTP, entré désormais dans l’histoire de notre Pays.

Lors du simulacre de procès qui l’a condamné à mort, il a démontré son amour de la France en affirmant à ses accusateurs : « Vous avez hérité de la nationalité française ; nous, nous l’avons méritée ! ».

Nous étions nombreux à participer, le 13 octobre 2020, à l’hommage rendu à Missak Manoukian et ses compagnons lors d’une cérémonie mémorielle sur le site du Mont Valérien. Leur sacrifice montre qu’en faisant le choix de la France, ils s’assimilaient tout à fait au peuple français et à la Patrie.

Le combat des Arméniens de France pour la Libération de leur pays d’accueil après le génocide, s’est poursuivi dans différents maquis et les historiens considèrent que leurs actions ont constitué un renfort important pour la Résistance française.

C’est un Arménien, Krikor Pirlian, qui conduisait la jeep du capitaine Dronne, commandant les éléments de tête de la 2e DB qui sont parvenus à entrer dans la capitale le 24 août 1944 par des itinéraires détournés. Et c’est aussi un résistant Arménien de Paris, Dikran Lorenian, qui, à moto de la place d’Italie à l’Hôtel de Ville, les a aidés à éviter les barrages allemands.

N’oublions surtout pas qu’il faut continuer à transmettre aux jeunes générations le souvenir des génocides, les leçons des grandes guerres et des combats héroïques. La mémoire du passé doit éclairer l’avenir !

En juillet 1941, le Général de Gaulle a rendu hommage au peuple arménien lors d’une allocution prononcée à Damas : « Je m’incline devant les victimes des massacres perpétrés à l’encontre de votre peuple pacifique par les gouvernements turcs d’alors dans le but de l’exterminer. Crime barbare condamnable que la conscience humaine doit bannir, ne jamais accepter, ni oublier. Vous êtes un petit peuple, riche de culture et d’histoire ; l’humanité vous doit beaucoup et je suis persuadé que du petit nombre de rescapés, demain une jeunesse vaillante fera resurgir une Arménie en sécurité, libre et indépendante ».

Une assimilation exemplaire

Féru d’Histoire, le Général de Gaulle était tout à fait conscient que l’Arménie n’est pas seulement un territoire. Nation chrétienne depuis plus de dix-sept siècles, sa foi, sa culture, ses valeurs, son histoire, une relation millénaire avec plusieurs régions françaises, le rayonnement des Arméniens, ont enrichi la France et témoignent d’une capacité d’assimilation qui fait qu’aujourd’hui plus de 750 000 de nos compatriotes d’origine arménienne sont des Français à part entière, dont près de 500 000 sont nés sur le sol de notre Pays.

Artistes, écrivains, cinéastes, universitaires, chercheurs scientifiques, professionnels de santé, commerçants, entrepreneurs, journalistes, tous d’origine arménienne font aujourd’hui profiter la France de leurs talents et de leur notoriété [6]

C’est d’ailleurs à un Arménien d’origine, Charly Koubesserian, maquilleur attitré de Jean-Paul Belmondo [7] pendant plus de trente ans, que le Général de Gaulle confiait son visage avant toutes ses allocutions à la télévision.

Dans plusieurs Régions, Départements et Communes de France, des élus d’origine arménienne siègent dans les conseils locaux. Plusieurs communes françaises sont d’ailleurs jumelées avec des communes d’Arménie et c’est un élu de l’Indre d’origine arménienne, Vanik Berbérian, infatigable défenseur de la ruralité, qui a présidé l’association des maires ruraux de France de 2008 à 2020. De nombreuses actions de coopération sont aussi menées par des Départements et des Régions.

Après la dislocation de l’URSS, le 26 décembre 1991, la France a établi des relations diplomatiques avec l’Arménie dès le 24 février suivant. En 2001, sous la présidence de Jacques Chirac, elle a été le premier pays européen à reconnaitre officiellement le génocide arménien.

Au Sénat et à l’Assemblée nationales sont constitués à chaque mandature des groupes d’amitié France-Arménie dont la composition ne se limite pas -loin de là- aux parlementaires qui ont un lien personnel avec des originaires d’Arménie.

Le Sénat a même constitué un groupe d’étude dédié spécialement à l’Arménie et des délégations de nos deux Assemblées, conduites personnellement par le Président du Sénat, M. Gérard LARCHER et la Présidente de l’Assemblée nationale, Mme Yaël Braun-Pivet, se sont rendues récemment en Arménie pour y affirmer le soutien de la France dont la population compte tant de françaises et français d’origine arménienne. Tous aiment la France, y sont parfaitement intégrés et contribuent avec fierté au rayonnement de notre Pays.

Plus de cinquante ans après la mort du Général de Gaulle, le monde a bien changé. Les rivalités entre les nations, entre nations et continents, entre continents et civilisations sont vives. On le constate non seulement avec l’agression de l’Ukraine par la Russie, mais aussi avec le conflit qui oppose depuis des mois, à la frontière orientale de la République d’Arménie, les Arméniens de l’Artsakh (Haut Karabakh) à l’Azerbaïdjan qui, enhardi par ses richesses pétrolières et gazières, s’efforce de grignoter le territoire de cette région montagneuse enclavée et peuplée majoritairement d’Arméniens [8]. Mais au-delà de l’Artsakh, c’est en fait l’existence même de l’Arménie prise en tenailles qui se trouve menacée.

Puissent les efforts diplomatiques et politiques en cours mettre fin à ces actes et parvenir au rétablissement de la paix dans ce territoire martyrisé.

En fait, ces efforts concernent aussi toute la région des états centre-asiatiques dès lors que le gouvernement turc met en place des partenariats qui démontrent une volonté d’instaurer une troisième voie régionale pour faire de la Turquie un acteur incontournable face à la Russie et à la Chine.

Dans cet environnement géopolitique incertain et face à des acteurs imprévisibles dont certains s’avèrent peu disposés à respecter le droit international, la pensée et l’action du Général de Gaulle constituent, pour les Français et les amis de la France, une précieuse aide à la réflexion.

La France et l’Arménie sont deux nations sœurs. Au cours des siècles, l’une et l’autre ont manifesté leur courage, leur persévérance et leur solidarité au fil des vicissitudes qui jalonnent leur Histoire.

Elles savent qu’une guerre n’efface pas les autres ! Face à des acteurs imprévisibles dont certains s’avèrent peu disposés à respecter le droit international, il ne faut pas négliger les leçons du XXe siècle. Et dans bien des situations la pensée et l’action du Général de Gaulle, son génie du renouveau, constituent, pour les Français et les amis de la France, une précieuse aide à la réflexion.

Dans un contexte de mondialisation moins globale, plus régionale et désormais plus conflictuelle, elles sont, en effet, ferment d’avenir face aux difficultés et aux angoisses. Car pour que la France demeure un beau et grand pays, il faut qu’elle soit, pour les générations actuelles et futures, une ambition forte et partagée plutôt qu’une somme d’intérêts catégoriels et de combinaisons partisanes.

[1] Devenue Istanbul en 1930

[2] Le Pape Jean-Paul II a fait de l’année 2001 une année jubilaire pour les Arméniens en souvenir de la conversion en 301 du roi Tiridate IIII au christianisme sous l’influence de saint Grégoire l’Illuminateur. L’Arménie devint alors la toute première nation officiellement chrétienne. Pour cette raison, les Arméniens partagent la garde du Tombeau du Christ à Jérusalem avec les Grecs et les Latins. Depuis le Ve siècle, ils y ont leur quartier propre. Les relations des Arméniens avec la Ville Sainte n’ont, depuis, jamais cessé et Jérusalem est l’un des plus importants conservatoires de la culture arménienne.

[3] La majorité des historiens qui ont étudié les événements de 1915 et les massacres de 1894-1896 considèrent que le génocide des Arméniens relève d’un « processus » qui commence à la fin de la guerre russo-turque (1877-1878) où le ‘’sultan rouge’’, Abdul Hamid II, fragilisé par ce conflit décide de réduire la population arménienne des provinces orientales de l’empire ottoman pour en changer la carte démographique et tenter d’éviter un démembrement par les puissances européennes.

[4] Région historique située au centre de l’actuelle Turquie, à l’Est de la péninsule anatolienne, inscrite sur la liste des sites protégés du patrimoine de l’humanité par l’UNESCO. A l’époque ottomane, Thomarza était l’une des principautés arméniennes à régime autonome.

[5] Le Traité de Sèvres, signé le 10 août 1920 à Sèvres, a mis fin à la Grande Guerre pour l’Empire ottoman ; puis le Traité de Lausanne, signé le 24 août 1923 à Lausanne en Suisse, a précisé les frontières de la Turquie issue de l’Empire ottoman et rendu obligatoires les transferts de populations commencés avec les génocides arménien et grec pontique.

[6] Des dizaines de Français, arméniens d’origine par leur père ou leur mère, sont devenus célèbres non seulement en France, mais aussi dans le monde : de Charles Aznavour à Michel Legrand ou André Manoukian, d’ Henri Verneuil à Francis Veber, d’Henri Troyat à Philippe Djian (prix Interallié 2012), des peintres Carzou et Tutundjian au sculpteur Jean-Paul Narquizian et aux dessinateurs Hoviv et Kiraz, de la violoncelliste Astrig Siranossian au professeur Jean-Michel Oughourlian, d’Alain Terzian à Robert Guédiguian, d’Alice Sapritch et Rosy Varte à Simon Abkarian, de Sylvie Vartan à Hélène Segara, de Pascal Legitimus à Patrick Fiori, de Daniel Bilalian, Christian Makarian et Charles Villeneuve à Valérie Toranian et Agnès Vahramian (tous brillants journalistes), d’Anita Conti (la première océanographe française) à Chloé Nabédian (météorologue sur France2), du champion automobile Alain Prost à Alain Boghossian , à Jean Djorkaeff et son fils Youri ( tous trois membres valeureux de l’équipe de France de football dont, pour Alain et Youri, celle qui a remporté la coupe du monde en 1998), de Nourhan Fringhian créateur du magnifique musée arménien de France à son fils Frédéric qui anime la plus grande collection d’art arménien d’Europe, de Bédros Terzian et Franck Papazian à Ara Toranian, d’Alain Manoukian à Guy Nafilyan et aux frères Pétrossian, d’Edouard Balladur (ancien secrétaire général de la Présidence de la République et ancien Premier ministre) à Patrick Devedjian (ancien ministre et président du conseil départemental des Hauts de Seine malheureusement décédé du Covid en mars 2020), pour n’en citer que quelques-uns.

Le lecteur de cette évocation me permettra de mentionner aussi dans ce renvoi : Charles Dedeyan, éminent professeur de littérature comparée à la Sorbonne, distingué par plusieurs prix, dont le fils Gérard, ancien élève de l’ENS, professeur à l’université de Montpellier et membre de l’Académie des Sciences d’Outre-Mer, est l’auteur de plusieurs ouvrages sur l’histoire de l’Arménie. Qu’il me soit permis de mentionner aussi le frère jumeau de Charles, mon père, Christian Dedeyan, à la fois président d’une société d’assurance, romancier et poète couronné de différents prix littéraires (dont un décerné par l’Académie française), ma sœur Noelle, historienne, spécialiste de Venise et des splendides tableaux de maîtres qui ornent ses édifices religieux, mon frère Patrice qui a siégé au tribunal de commerce de Paris avant d’être l’un des médiateurs apprécié du secteur de l’assurance, et l’une de nos cousines, Marina, qui est, de nos jours, une romancière à succès.

[7] Dont l’un des partenaires et ami fidèle fut l’acteur Charles Gérard, né à Constantinople en 1922 sous le nom de Gérard Adjémian.

[8] La population du Haut-Karabakh (superficie 11 430 Km2) est de 120 000 Arméniens (majoritaires à 95%, les 5% restant sont des Russes, des Assyriens, des Grecs et des Kurdes).

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