ALLOCUTION D’HERVÉ GAYMARD, Président de la Fondation Charles de Gaulle
« Les Français Libres ont été des pionniers de l’imaginaire », disait Romain Gary. En quelques lignes lumineuses et viscérales, il disait ce qu’il pouvait y avoir de courage absolu, d’abnégation, de foi, de don, peut-être d’inconscience pour s’engager dans un destin de rebelle, de renégat, auraient dit les gens de Vichy, pour sauver, par-delà la France, ce qu’elle incarnait, les espoirs et idéaux d’émancipation qu’elle continuait à porter, par-delà ses faiblesses, ses paresses et ses échecs. Vous anciens soldats de l’Armée d’Afrique, avez été de ces hommes.
Vous avez été, Messieurs, des Français libres, et le resterez à jamais, en vertu de votre acte fondateur. Français, ou enfants que la France reconnaît comme siens, quels que soient vos choix ultérieurs, car notre pays sera à jamais redevable à ceux qui ont à un moment tout risqué pour elle. S’adressant à vous, le 14 juillet 1958, André Malraux ne disait pas autre chose : « Si l’on vous interroge sur ce que la vraie France était pour vous, ce qu’elle est pour nous, répondez simplement celle qui répond à l’image que s’en font ceux qui combattent pour elle, celle qui répond à l’image que s’en font les étrangers qui l’aiment ».
Et libres, car un tel choix de courage et de combat ne pouvait relever, par-delà l’ordre colonial, que d’une liberté supérieure, que l’on pouvait appeler « folie », à l’époque, mais qui était si infiniment plus rationnelle que le choix de la soumission, et surtout, pour retrouver les mots de Gary, « qui n’appartiendra jamais à l’ombre ». Vous appartenez à cette chevalerie qu’a été la France libre, le combat contre les totalitarismes, le combat pour l’homme. Vous n’appartiendrez jamais à l’ombre.