PRÉPARER L’INSURRECTION : LE RÔLE DES MISSIONS
Décembre 1942 – Mars 1943
Le terme de « missions » désigne les opérations ayant pour objectif de créer une unité d’action entre la résistance insulaire et les résistances extérieures. En 1942-1943, les missions en Corse ont ceci de particulier qu’elles sont initiées par deux pouvoirs concurrents : celui du général de Gaulle, qui a refusé la défaite dès le 18 juin 1940, et celle du général Giraud qui, depuis Alger, commande les troupes françaises d’Afrique du Nord. Durant cette période compliquée de l’histoire des résistances françaises le général Giraud ne reconnaît aucune autorité au général de Gaulle et le tient dans l’ignorance de ses projets pour la Corse jusqu’au 9 septembre 1943.
De décembre 1942 à mars 1943, la mission Pearl Harbour est ainsi chargée par Giraud de préparer un débarquement allié en Corse.
C’est en revanche le général de Gaulle qui charge Fred Scamaroni, organisateur du réseau Action R2 Corse en 1941, de réaliser l’unification de la résistance en Corse. Cette mission est baptisée Sea Urchin (oursin, en anglais). Bien engagée, l’action de Scamaroni ne peut toutefois aboutir : arrêté par l’OVRA (police politique fasciste), torturé, il se suicide pour ne pas parler le 19 mars 1943 à Ajaccio. Son réseau est ensuite démantelé.
Le 4 avril 1943, Giraud envoie en Corse un officier de gendarmerie, Paulin Colonna d’Istria avec une double mission : réaliser l’unité des résistants et préparer une future insurrection.
Réaliste, Colonna d’Istria comprend que, depuis le démantèlement du réseau R2 Corse, le Front national, bien que dirigé par des communistes, est la seule organisation capable de rassembler les résistants et de conduire la lutte armée. Intégré à partir de juillet à la direction du Front national, il organise les liaisons avec Alger, les réceptions d’armes et le travail de renseignement.
Son action sera déterminante pour conduire les patriotes à la victoire finale.
Exposition réalisée en 2013 par la Fondation Charles de Gaulle, le musée de l’Armée et l’AERI (Association pour des études sur la Résistance intérieure).