PHILIPPE DE GAULLE ÉTAIT UN VALEUREUX
par Hervé Gaymard
Président de la Fondation Charles de Gaulle
Philippe de Gaulle fut d’abord un soldat engagé dès son plus jeune âge dans le service de la France, sans jamais évoquer ses faits d’armes, comme la reddition de la garnison allemande du Palais Bourbon le 25 août 1944, que nous découvrîmes en 2019. Après un parcours exemplaire, il accéda, malgré le poids de son nom, aux plus belles responsabilités dans la Marine. La retraite venue, parlementaire, il devint un historien et un défenseur respecté de la mémoire du général de Gaulle. Son édition rigoureuse des Lettres, Notes et Carnets est une mine pour les historiens, et ses nombreux livres, succès d’édition, firent connaître au grand public les travaux et les jours de son père, avec une grande pudeur, sans céder à l’hagiographie.
C’était un homme soucieux d’autrui, mille témoignages le corroborent. Jeune député, j’avais été très impressionné de siéger à ses côtés par le hasard de l’ordre alphabétique lors d’un Congrès du Parlement à Versailles, et il m’avait immédiatement mis à l’aise. Jusqu’à son dernier souffle, il répondra à ses nombreux correspondants par de longues lettres manuscrites, avec un souci de l’exactitude des faits, des noms et des dates qui impressionnait. Ses liens avec la Fondation Charles de Gaulle étaient étroits et toujours chaleureux.
La France perd un acteur et un témoin de cette rude et magnifique épopée qui l’avait hissée de l’abîme, où l’imprévoyance, la lassitude et la confusion des esprits l’avaient précipitée. Ce que nous devons encore davantage méditer dans les saisons gâtées que nous traversons. Nous pleurons aujourd’hui le Valeureux, autant que l’homme que nous respections et que nous aimions.
Jacques Godfrain
Ancien ministre
Président d’honneur de la Fondation Charles de Gaulle
Nous sommes, l’amiral de Gaulle et moi, au pied de la statue de son père, au rond-point des Champs-Élysées. Nous attendons le président de la République pour le dépôt d’une gerbe. Sachant que l’amiral avait de fortes douleurs dans les jambes et au genou, j’avais fait installer deux fauteuils. Je lui dis : « Amiral, en attendant le Président, allons nous asseoir » et il me répondit : « Écoutez Godfrain, un de Gaulle ne montre jamais ses faiblesses » et nous sommes restés debout.