Aujourd’hui, vous n’entendrez pas : « 1444e jour de la lutte du peuple français pour sa libération »

Ce n’est pas par accident, mes amis, que vous n’entendez pas ce soir « Aujourd’hui, 277e jour de l’invasion, etc. ». Ce n’est pas par oubli que vous n’entendez pas « 1444e jour de la lutte du peuple français pour sa libération » : il a fallu 1444 jours pour que cette libération commence.

Mais ces deux formules-là, vous ne les entendrez plus jamais. La litanie quotidienne, le chemin de calvaire marqué par l’écoulement des jours sans action militaire sur le sol français, tout cela, en tout cas, est terminé. Depuis ce matin, il y a des Français libérés sur une petite portion du territoire, des Français qui n’attendent plus la Libération, pour qui la lutte contre l’ennemi devient ou va devenir demain une lutte ouverte. C’est vers cette zone de bataille, vers cette poche de liberté que sont tournées toutes les pensées de ceux qui en sont loin. C’est cette poche de liberté qu’il faut agrandir par le combat de chaque côté des lignes.

L’espoir est permis, les nouvelles du premier jour sont bonnes. Ai-je besoin de vous dire à vous qu’il faut attendre la réaction allemande, qu’il faut attendre le déroulement de cette immense opération avant de se laisser aller à l’excitation ou à la joie ? Ces Allemands enracinés depuis quatre ans chez nous, ce serait folie de penser qu’on les mettra dehors facilement. Mais, c’est à la tâche, à la passion de les mettre dehors que chacun est voué.