Qui pourrait dire aujourd’hui où se trouve l’autorail De Dietrich, surnommé « Autorail des Présidents » et immatriculé XD2511 à la SNCF, qu’utilisa le général de Gaulle pour son voyage à Lyon en décembre 1944 e lors de ses autres déplacements jusqu’à la fin du conflit, avant d’être affecté pendant une longue période aux voyages présidentiels ou officiels pratiquement jusqu’à son retrait du service en 1974 ?

L’histoire pourrait commencer ainsi : il était une fois un industriel passionné de chemins de fer, soucieux de préserver tant que possible le matériel ferroviaire présentant un intérêt historique, qui entreprit d’en constituer une collection complète et la fit remiser dans les emprises des usines de sa société.

Voilà comment, dans les années soixante-dix, il sauva de la destruction l’autorail présidentiel, à un moment où, après sa radiation, son avenir demeurait incertain. L’engin, des années après, trouva refuge à l’usine de Chambry, à Laon où, ses aménagements intérieurs intégralement conservés, il servit pendant des années de salle de réunion, à proximité d’autres matériels de chemins de fer miniers eux aussi sauvegardés.

Après le décès de l’industriel, des projets de transformation du site ne permettaient plus d’assurer son hébergement sur place. De plus, les travaux très lourds de remise en état de la motorisation et les impératifs de sécurité imposés par la SNCF excluaient toute possibilité de le faire circuler à nouveau sur le réseau national. Seule sa présentation à l’état statique était envisageable. Les dirigeants du groupe optèrent donc pour cette solution.

La prospection auprès de divers musées et associations pouvant être intéressés par le projet débuta.

Juillet 2013… Un vendredi vers 20h… Un autre passionné de trains en déplacement professionnel dans la zone industrielle de Laon, aperçoit par le portail ouvert du dite l’autorail et comprend au premier coup d’œil de quoi il s’agit. Sans perdre une seconde, il descend de voiture et s renseigne auprès des employés du site qui en sortent. Les quelques informations qu’il obtient, quoique vagues, confirment en tous points sa première idée et il décide de se renseigner de manière plus approfondie. Le lundi matin, il téléphone dès la première heure à l’usine et sollicite l’autorisation de venir photographier l’engin. Après diverses démarches, satisfaction lui est accordée et il retourne à Laon début septembre. Là, à sa grande surprise, il découvre l’intérieur de l’engin parfaitement conservé dans son état de l’époque des voyages présidentiels, à l’exception des deux pupitres de conduite de l’engin démontés à chaque extrémité (voir photos). Au cours de la conversation, le responsable du site lui apprend, à sa grande joie, la décision officielle de sauvegarder l’engin emprunté par le général de Gaulle. Après son transfert prochain, il sera mis à l’abri avant d’intégrer ultérieurement, après restauration, les collections d’un musée de la société De Dietrich du côté de Tergnier. Le passionné de chemins de fer, tout joyeux de la bonne nouvelle, reprend deux heures plus tard la route de Paris.

Signalons pour mémoire, que ce même passionné possède également des photos des installations de l’ancien dépôt de Noisy-le-Sec prises entre février 1985 et août 1987, date de sa fermeture. L’établissement possédait un atelier sécurisé et gardienné en permanence, où la SNCF remisait les matériels roulants spéciaux dédiés aux déplacements présidentiels ou officiels. Y figurait l’autorail qu’utilisait le général de Gaulle pour ses déplacements entre Paris et Bar-sur-Aube, lorsque les conditions climatiques interdisaient l’utilisation des hélicoptères. Parmi les autres engins affectés au service de la présidence de la République, on rencontrait également une rame Grand Parcours spéciale, l’autorail de commandement série X 3 800, bien reconnaissable à sa livrée particulière vert olive et crème, plusieurs locomotives A 1 A-A1A 68 500 et des voitures voyageurs spéciales de type VIC, sans oublier l’incontournable C 61 000 utilisé pour les manœuvres. Les clichés montrent l’intérieur de l’atelier ainsi que les cuves à carburant, aujourd’hui disparues, qui servaient à l’approvisionnement du parc officiel.

Après leur démantèlement, seule une faible partie des bâtiments, visibles depuis la gare de Noisy-le-Sec, subsistera, vendue à une entreprise privée.

Une tradition bien sympathique de l’association AJECTA consistait en l’affrétement chaque année du « train de la Libération » entre Longueville et Provins, le dernier dimanche d’août. Cette circulation d’un matériel historique, interrompue depuis 2019 en raison des travaux d’électrification de la section Graetz-Armainvillers-Nogent-sur-Seine qui imposaient chaque week-end l’interruption totale des circulations dans la zone de Longueville, devrait reprendre dans l’avenir. Il convient de mentionner, pour mémoire, la présence dans les collections du chemin de fer de la vallée de l’Eure, à Pacy-sur-Eure, d’une BB Whitcomb immatriculée 8 082. Cette machine, apportée en France par l’armée américaine juste après le débarquement de Normandie, tracta le premier train de voyageurs, composé de voitures « saucisson » qui entra en gare Saint-Lazare après la libération de Paris. Depuis l’engin, en attente de restauration, reste visible dans les emprises du musée, pendant la saison estivale, aux horaires d’ouverture.

X