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       Jean-Louis Debré est mort, ce mardi.

       Une part de l’histoire du gaullisme s’en va : une histoire héritée de son père, Michel Debré, architecte pour le général de Gaulle de nos institutions et homme de tant de missions, mais également une histoire qu’il a écrite lui-même, aux côtés de Jacques Chirac.

       Avant ces engagements, Jean-Louis Debré fut un homme de savoir et d’action : juriste de formation, on consulte encore sa thèse, fine et méticuleuse, sur les idées constitutionnelles du général de Gaulle, sans doute nourrie aux meilleures sources, tant Michel Debré fut pour le Général un professeur et une référence sur ces questions. Magistrat, juge d’instruction engagé dans la lutte contre le grand banditisme et le terrorisme, il se lie précocement à Jacques Chirac : collaborateur aux cabinets de l’Agriculture (1973) puis de Matignon (1974-1976), cofondateur du RPR en 1976, il entre en politique active en 1986 comme député de l’Eure.

       Homme de fidélité, il reste aux côtés du Maire de Paris dans les moments de solitude et de difficultés qui vont de la défaite de 1988 à la victoire de 1995. Membre de la garde la plus proche de Jacques Chirac, il est nommé ministre de l’Intérieur en 1995. Réélu député en 1997, les responsabilités qui s’enchainent le placent au cœur de nos institutions républicaines : président du groupe gaulliste (RPR) de l’Assemblée nationale de 1997 à 2002, Président de l’Assemblée nationale de 2002 à 2007, Président du Conseil constitutionnel de 2007 à 2016.

       Que retenir de tous ces engagements ? D’abord, une vaste culture, un goût très gaulliste pour l’histoire, un refus du présentisme étouffant, qui l’amena souvent à se poser en garant d’une forme de correction, de tenue propre au débat politique, dont il déplorait régulièrement l’abaissement. Sa pratique de l’opposition responsable en 1997, puis son respect des oppositions et sa cordialité comme président de l’Assemblée nationale nourrissaient son autorité et sa stature. Les mêmes qualités l’amèneront à défendre lesprérogatives du Conseil constitutionnel et son indépendance, en toutes circonstances.

       Pourtant, l’engagement politique n’épuisait pas la vie et les intérêts de Jean-Louis Debré. Auteur de romans policiers qu’il écrivait avec un infini plaisir, il avait, au terme de ses fonctions publiques, embrassé une vie de comédien, arpentant les planches, au contact du public, avec un bonheur évident. Nous gardons le souvenir en mai 2023, de la représentation à Beyrouth de cette pièce consacrée aux « femmes qui ont réveillé la France », avec Valérie Bochenek, de sa générosité sur scène, de sa disponibilité pour le public.

       Naturellement, Jean-Louis Debré conservait un regard avisé, acéré et, ces dernières années, inquiet sur notre vie politique et institutionnelle. En octobre 2023, à l’occasion de la nuit du Droit, Jean-Louis Debré était à Solférino, notre Fondation qu’il connaissait si bien, pour réfléchir avec nous sur l’« idée de représentation » dans la pensée du général de Gaulle, sujet qu’il abordait comme expert, mais aussi comme fin praticien de nos institutions.

       Jean-Louis Debré s’en va en nous laissant cet héritage, qu’il a contribué à préserver, et en nous passant, à son tour, le relais dans la fidélité. Cette fidélité qui a guidé sa vie mérite aujourd’hui un hommage à sa mesure.

Hervé Gaymard, Président
Jean Marie Dedeyan
Christine Branchu
Jean François Cirelli

Notre hommage à Jean-Louis Debré, en quelques photographies.

Notre hommage à Jean-Louis Debré, en quelques extraits vidéos.