Etape 3 – Yvonne de Gaulle et la Croix de Lorraine – 2. L’inauguration de la Croix de Lorraine 

Une inauguration en deux temps

D’une simple évocation, la Croix de Lorraine devient une réalité en 1972. Madame de Gaulle décide en effet de suivre au plus près ce projet. Dans une correspondance qu’elle adresse au maire de Colombey, elle prend la peine d’insérer une carte routière, découpée par ses soins, sur laquelle elle a apposé une croix de Lorraine de papier blanc afin de désigner précisément l’emplacement du monument. L’endroit où elle s’élève est de ceux par où le Général aimait à commencer ses promenades.

Le prélude de l’inauguration de la Croix de Lorraine passe par une cérémonie patriotique sous l’Arc de Triomphe à Paris, dont l’objectif n’est autre que la légitimation de l’édification de ce symbole. A l’issue de cet hommage à Paris, capitale de la nation, la France et le monde entier découvrent cette Croix de Lorraine le 18 juin 1972. Contrastant avec la croix de la tombe familiale, empreinte de simplicité et d’humilité chrétiennes, cette gigantesque Croix de granit se veut le symbole du gaullisme de guerre.

A travers ces deux lieux de la mémoire gaullienne, la distinction absolue entre l’homme public et l’homme privé, entre l’homme de Colombey, paroissien modeste et l’homme d’État qui a présidé aux destinées de la France, devient une évidence.

La foule nombreuse et serrée de pèlerins et de fidèles afflue de toute part : s’acheminant vers le sommet de la colline, elle vient rendre hommage à ce monument de l’Histoire, que représente, à lui seul, le général de Gaulle.

Quarante années plus tard, le souvenir de cette journée reste encore présent dans les mémoires.

 

La commémoration patriotique à l’Arc de Triomphe

Le 17 juin 1972, place du Général-de- Gaulle, sous l’Arc de Triomphe, une cérémonie patriotique réunit le peuple de Paris autour du ministre des Anciens Combattants et Victimes de Guerre, du Grand Chancelier de la Légion d’Honneur et du Grand Chancelier de l’Ordre de la Libération.

Après le dépôt d’une croix de Lorraine fleurie sur la tombe du Soldat inconnu, deux petits-enfants de Compagnons de la Libération prélèvent la flamme éternelle pour allumer un flambeau qui est conduit en automitrailleuse de cavalerie à Colombey-les- Deux-Églises.

A la tombée de la nuit, devant le monument aux Morts, alors que le ministre des Anciens Combattants enflamme une coupe de bronze à l’aide de la flamme perpétuelle, la Croix de Lorraine, haute de 44 mètres, habillée de granit et de bronze, s’illumine tel un phare au milieu de l’océan.

Puis, une veillée en présence de Philippe de Gaulle, le fils aîné du Général et d’Alain de Boissieu, son gendre, se tient en silence jusqu’au début de la nuit.

L’inauguration de la Croix de Colombey, 18 juin 1972

Le 18 juin, le président de la République Georges Pompidou, après avoir reçu les honneurs militaires inaugure, au cours d’une cérémonie solennelle, le mémorial en présence de Madame de Gaulle et de sa famille, de membres du gouvernement, ainsi que du conseil municipal et des enfants des écoles de Colombey.

Les deux architectes accompagnés de toute leur équipe ont du mal à cacher leur émotion, face à Yvonne de Gaulle qui les remercie et les salue. Pour tous, cette réalisation est à la hauteur de l’action de l’Homme du 18 Juin.

Aussitôt le discours officiel du président Pompidou terminé, deux jeunes Saint-Cyriens dévoilent, cachées sous un long drapé tricolore, les citations portées sur le mur de granit en lettres de bronze : elles rendent hommage au de Gaulle universel, humaniste et libéral.

Dès le départ des officiels, une foule nombreuse, arborant des drapeaux à croix de Lorraine s’avance depuis le bas de la colline jusqu’à l’aire de recueillement du monument.

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