1943 : la libération de la Corse (1)
La Corse face à la menace italienne
Au pouvoir dès 1923, les fascistes italiens rêvent de repousser les frontières de leur pays en Europe et de lui conquérir un Empire en Afrique. Après la seconde guerre avec l’Ethiopie et l’alliance conclue avec l’Allemagne nazie, Mussolini revendique en novembre 1938 l’annexion de la Tunisie, de Djibouti, de la Savoie … et de la Corse. Cette nouvelle suscite de nombreuses protestations en Corse. Le 4 décembre 1938, le président des anciens combattants du nord de l’ïle, Jean Ferracci, fait ainsi acclamer par la foule bastiaise un solennel « serment » : « Face au monde, de toute notre âme, sur nos gloires, sur nos tombes, sur nos berceaux, nous jurons de vivre et de mourir Français ».
Ces manifestations spontanées, comme l’action des comités antifascistes de Bastia et d’Ajaccio ou l’accueil chaleureux réservé au Président du conseil Edouard Daladier lors de sa visite de janvier 1939, témoignent de la détermination des Corses à refuser toute annexion. Les irrédentistes, favorables à l’Italie, ne sont alors qu’une infime minorité.
Quand éclate la guerre en septembre 1939, l’Italie n’est pas prête à une intervention militaire contre la France. Elle n’entre dans le conflit que le 10 juin 1940, alors que la situation des armées françaises est désespérée. Pourtant, l’offensive italienne de juin 1940 est un échec. L’armée des Alpes commandée par le général Olry réussit à limiter les conquêtes italiennes à quelques communes frontalières. En Corse, les opérations se résument aux bombardements des terrains d’aviations de Borgo, de l’Ile Rousse, de Ghisonaccia, de Calvi et de Campo Del’Oro.
L’Italie n’a donc eu ni le temps ni l’opportunité de conquérir la Corse avant l’armistice franco-italien du 24 juin. La population insulaire porte un jugement très sévère sur le « coup de poignard dans le dos » asséné par les Italiens à une France en pleine déroute militaire