1943 : la libération de la Corse (5)

Résister malgré la répression

Avant novembre 1942, les mouvements de Résistance manquent d’effectifs et de moyens, même si beaucoup de Corses refusent d’accepter la défaite. Tout change avec l’occupation et les atteintes plus évidentes à la souveraineté française. Le 11 décembre 1942, le capitaine Bonifaci, qui fait partie des services français de renseignements, est ainsi arrêté en Corse, puis incarcéré à Rome. Il est le premier d’une longue liste de patriotes. En 1943, avec l’installation de la police politique fasciste, l’OVRA, la répression accompagne, suit ou provoque la montée des résistances. De janvier à juillet 1943, 110 notables sont arrêtés sans jugements. Les arrestations sont suivies de déportation sur l’ile d’Elbe ou en Calabre, à Ferramonti Di Tarsia, ou d’internement au camp d’Albereto.

La répression est féroce, que conduisent notamment les services du contre-espionnage militaire italien (SIM). Le réseau gaulliste R2 Corse de Fred Scamaroni est décapité en mars-avril 1943, ainsi que les mouvements Combat et Franc-Tireur. Depuis mars 1943 un tribunal militaire italien siège à Bastia. Il prononcera 53 déportations en Italie et 17 condamnations à mort. Jean Nicoli, membre du comité départemental du Front national, est ainsi arrêté le 27 juin 1943. Il est condamné pour « aide à espions ennemis » et exécuté le 30 juillet.

Pourtant, la Résistance gagne du terrain. Les patriotes corses accueillent à grand risques des missions venues d’Alger et débarquées par des sous-marins. Ils commencent à recevoir des armes parachutées ou transportées par mer.

Des zones refuges s’organisent. A Petreto-Bicchisano, Jules Nicoli et Tony Ogliastroni composent le chant des patriotes corses : La Sampiera. La région, montagneuse, est le cœur d’une zone de résistance organisée par le Front national. Les Chemises noires fascistes arrêtent 36 habitants du village le 6 juillet et mettent le feu à la forêt de Valle Mala. Le 21 août, en Casinca, les carabiniers cernent la région de Poggio : Arthur Giovoni, Paulin Colonna d’Istria et François Vittori n’échappent que de justesse à l’arrestation.

 

 

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