Biographie de Charles de Gaulle

Charles de Gaulle est né à Lille le 22 novembre 1890 dans une famille catholique et patriote. Son père, Henri de Gaulle est professeur de lettres et d’histoire.
Le jeune Charles fait ses études chez les Jésuites et opte très tôt pour la carrière des armes. Il est reçu en 1908 à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr, au 119e rang. Avant d’apprendre leur métier d’officier, les élèves doivent connaître la troupe. Charles de Gaulle est donc muté dans un régiment pour y faire l’expérience de son futur métier. Le voilà élève officier au 33e régiment d’infanterie d’Arras, commandé alors par le colonel Pétain. Après ses quatre années d’études à Saint-Cyr, il est à nouveau nommé à Arras en 1912.

A la déclaration de la guerre, le 2 août 1914, le lieutenant de Gaulle rejoint les armées du Nord-Est. Blessé trois fois au combat, il est laissé pour mort lors de la bataille de Douaumont, près de Verdun, en 1916. Mais il a en réalité été fait prisonnier par les Allemands. Enfermé dans une citadelle, il tente à cinq reprises de s’évader, mais est chaque fois repris. Il ne sera donc libéré qu’à l’armistice, le 11 novembre 1918.

Au moment où l’Allemagne nazie envahit la France, Charles de Gaulle s’illustre à plusieurs reprises à la tête de ses chars, arrêtant notamment les Allemands à Abbeville (27-30 mai 1940).
Nommé général le 1er juin 1940, de Gaulle devient quelques jours plus tard sous-secrétaire d’État à la Défense nationale et à la Guerre, dans le gouvernement de Paul Reynaud. Mais le 16 juin, il apprend la démission du président du Conseil, son remplacement par le maréchal Pétain et la demande d’armistice.

Le 17 juin de Gaulle part aussitôt pour Londres afin de poursuivre la guerre. Avec l’accord de Churchill et après l’annonce de l’armistice faite par le maréchal Pétain, il lance un appel à la résistance sur les ondes de la BBC, le 18 juin. Général rebelle, il est condamné à mort par contumace en août.

Reconnu par Churchill « chef des Français libres », de Gaulle organise des forces armées qui deviendront les Forces françaises libres. Par ailleurs, le général de Gaulle dote la France libre d’une sorte de gouvernement en exil, le Comité national français, qui deviendra le Comité français de la Libération nationale (CFLN) le 3 juin 1943, après l’arrivée de De Gaulle à Alger. Un an plus tard, le général de Gaulle devient le président du gouvernement provisoire de la République française (GPRF).
A partir de 1942, les relations sont plus étroites entre la France libre et la résistance intérieure. De Gaulle charge Jean Moulin d’organiser en France le Comité national de la Résistance (CNR) dans lequel toutes les tendances des partis politiques, des syndicats et des mouvements de résistance doivent être représentées, afin de coordonner la lutte contre l’occupant, contre Vichy et pour la libération du territoire national.

Le Général prend la parole à Bayeux, le 16 juin 1946. Dans son discours, il expose un véritable projet constitutionnel avec un exécutif fort, une séparation claire des pouvoirs, germe de ce que sera la Constitution de la Ve République. Mais il n’est pas écouté, puisqu’en octobre les électeurs approuvent le texte qui devient la Constitution de la IVe République et qui donne un poids important au pouvoir législatif.
Dès lors, de Gaulle entre dans l’opposition. En 1947, il lance un mouvement, le Rassemblement du peuple français (RPF), qui compte rapidement de très nombreuses adhésions. Son but est de lutter contre le poids excessif des partis et de favoriser une réforme constitutionnelle. Malgré ses premiers succès électoraux, le RPF connaît un déclin lors des scrutins suivants. De Gaulle décide alors de le mettre progressivement en sommeil à partir de 1953.
Commence alors, pour plusieurs années, « la traversée du désert » : de Gaulle se retire à Colombey-les-Deux-Églises, rédige ses mémoires, voyage un peu. Sa vie publique est nettement ralentie, mais il reste très attentif aux événements.

La IVe République dérive vers une crise grave à cause de son instabilité ministérielle et de son impuissance face à la guerre d’Algérie qui a éclaté le 1er novembre 1954. Certains responsables politiques en viennent à souhaiter le retour du Général.
Or le 13 mai 1958, un comité de vigilance, composé de Français d’Algérie, appelle à manifester contre le FLN à Alger. Un comité de salut public est créé, à la tête duquel se trouve le général Salan. Celui-ci lance un appel au général de Gaulle le 15 mai. Le 19, le Général se dit “ prêt à assumer les pouvoirs de la République ”. Le processus est lancé.
Le 29 mai, le président de la République, René Coty, fait appel “ au plus illustre des Français”. Le 1er juin, le général de Gaulle devient ainsi le dernier président du Conseil de la IVe République. Il reçoit des députés les pleins pouvoirs et œuvre pendant l’été 1958 à la rédaction d’une nouvelle Constitution, qui s’avère très proche des propositions avancées à Bayeux (exécutif fort).
Les Français approuvent cette Constitution par référendum le 28 septembre 1958, avec 79,2% de “oui”. L’Empire l’approuve également, sauf la Guinée qui devient ainsi le premier Etat d’Afrique à obtenir son indépendance. Le 21 décembre 1958, Charles de Gaulle est élu président de la République française au suffrage universel indirect.

A la fin des années 1960, la France bénéficie d’une forte croissance économique dans le contexte des “ Trente Glorieuses ”. Mais le pays « s’ennuie » et les événements de mai 1968 en sont le révélateur. Comme dans de nombreux pays, la contestation commence dans les milieux étudiants à partir de mars 1968. Les syndicats et les partis politiques de gauche profitent de ce contexte agité pour lancer une grève générale qui sera suivie par les ouvriers. Cette grève générale paralyse le pouvoir pendant le mois de mai, provoquant une crise sévère qui ébranle le pouvoir.

Pour le Général, l’État doit rétablir l’ordre contre “ la chienlit ”, le désordre, la menace du totalitarisme. Les accords de Grenelle passés entre le gouvernement, les représentants des syndicats et du patronat aboutissent à des mesures classiques mais ne calment pas le jeu. La disparition soudaine et inexpliquée de De Gaulle, le 29 mai, accentue les doutes du pays. Où est passé le Président ? En réalité, il s’est rendu à Baden Baden rencontrer le général Massu. L’éloignement lui permet de prendre le recul nécessaire pour sortir de la crise. Dès son retour à Paris le 30 mai, son allocution radiodiffusée a le ton de la fermeté. Elle est suivie d’une immense manifestation organisée par les gaullistes sur les Champs-Élysées. De Gaulle dissout l’Assemblée nationale. La reprise du travail se fait progressivement, mais les relations entre de Gaulle et le peuple français ne seront plus les mêmes.

Le 27 avril 1969, de Gaulle soumet aux Français un projet sur la régionalisation et la réforme du sénat. Sa proposition est rejetée par référendum par 52,4% des voix. Fidèle à sa promesse et respectueux du peuple souverain, de Gaulle démissionne : à minuit dix, un communiqué annonce : “ Je cesse d’exercer mes fonctions de président de la République. Cette décision prend effet aujourd’hui à midi. ”

Charles de Gaulle se retire à Colombey-les-Deux-Églises, s’abstient de toute prise de position publique, reçoit quelques fidèles et poursuit l’écriture de ses Mémoires. Seul le premier volume des Mémoires d’Espoir est achevé lorsqu’il meurt, le 9 novembre 1970.

Conformément à son testament, de Gaulle ne reçoit pas de funérailles nationale. A Colombey-les-Deux-Eglises, sa dépouille est transportée sur un engin blindé dans la petite église, en présence de sa famille, des Compagnons de la Libération et des habitants de son village. Il est enterré au cimetière auprès de sa fille Anne, avec une simple inscription sur sa tombe, “ Charles de Gaulle 1890-1970 ”. Le 12 novembre, à Notre-Dame de Paris a lieu une cérémonie officielle avec les autorités de l’État et les personnalités étrangères.

De Gaulle a à peine retrouvé les siens, en décembre 1918, qu’il est envoyé en Pologne pour participer à la formation de la nouvelle armée chargée de lutter contre l’Armée rouge. À son retour en 1921, il épouse à Calais Yvonne Vendroux, qui lui donnera trois enfants. Le capitaine de Gaulle poursuit sa carrière militaire et commence à s’initier aux affaires de l’Etat : en 1931 il est en effet affecté au secrétariat général de la Défense nationale à Paris.
Durant l’entre-deux-guerres, De Gaulle réfléchit à une réforme de l’armée et aux relations entre l’armée et le politique. Deux idées majeures sont développées dans les ouvrages qu’il écrit à l’époque : 1°) l’armée doit être soumise aux décisions des hommes politiques. 2°) il est nécessaire, pour la défense de la France, de constituer un corps de blindés (chars).
Colonel en 1937, de Gaulle voit d’ailleurs confier le commandement du 507e régiment de chars à Metz. Lors de la déclaration de guerre de la France et l’Angleterre à l’Allemagne le 3 septembre 1939, il est nommé commandant par intérim des chars de la 5e Armée.

En revanche, de Gaulle se heurte aux alliés qui ne le reconnaissent pas comme le représentant légitime de la France : ce n’est que le 23 octobre 1944, après la libération de Paris, que le GPRF est reconnu par les États-Unis, l’Union soviétique et la Grande-Bretagne ! Pourtant, le Général avait toujours dit que le choix des Français se ferait librement et démocratiquement après la libération du territoire.

Après le débarquement en Normandie, le 6 juin 1944, de Gaulle insiste auprès du général Eisenhower, commandant en chef des armées alliées, pour que Paris soit libéré rapidement, alors que la stratégie prévoyait d’aller directement vers l’est sans passer par la capitale. La 2e DB du général Leclerc libère Paris le 25 août. De Gaulle se réinstalle au ministère de la Guerre, rue Saint-Dominique à Paris, dans le bureau qu’il occupait jusqu’au 10 juin 1940, signifiant ainsi que Vichy était une parenthèse et que la République n’a jamais cessé d’exister. Le lendemain, 26 août, le Général descend triomphalement les Champs-Élysées.
Président du gouvernement provisoire, de Gaulle se trouve rapidement en désaccord avec l’Assemblée constituante sur la conception de l’État et le rôle des partis. Il préfère donc démissionner le 20 janvier 1946, mais il a rempli la mission qu’il s’était donnée le 18 juin 1940 : libérer le territoire, restaurer la République, organiser des élections libres et démocratiques, entreprendre la modernisation économique et sociale.

La tâche la plus urgente concerne l’Algérie. De Gaulle multiplie les voyages et s’achemine vers la solution de l’indépendance : en 1959, il propose l’autodétermination aux Algériens et organise en 1961 un référendum sur ce thème : 75% des Français disent “ oui ” à l’autodétermination de l’Algérie. C’est un soutien massif pour le chef de l’Etat et un revers pour le partisans de l’Algérie française qui multiplient les attentats et tentent même un putsch à Alger en avril 1961. Les négociations entre Français et Algériens finissent par aboutir aux accords d’Evian, signés le 22 mars 1962, acceptés par référendum en France et en Algérie. L’Algérie peut accéder à l’indépendance, mais une volonté de coopération a été maintenue entre les deux Etats.
Si les séquelles de la guerre d’Algérie persistent dans les années qui suivent (rapatriement des Français et des Harkis, attentats de l’OAS), le chef de l’État est toutefois libéré du problème algérien et peut désormais s’attacher à renforcer le rang de la France.

L’année 1962 marque un véritable tournant, tout d’abord sur le plan institutionnel : le Général propose l’élection du chef de l’État au suffrage universel. Cette réforme suscite une vive opposition, mais le référendum sur la révision constitutionnelle, avec 62.2 % de « oui », est un énorme succès.
Vis-à-vis de l’étranger, ensuite, de Gaulle entend mener une politique d’indépendance nationale, en dotant la France de ses propres moyens de défense : la première bombe atomique française éclate à Reggane au Sahara en février 1960. De Gaulle refuse la tutelle des Etats-Unis et retire en 1966 la France du système intégré de l’OTAN – mais la France reste membre de l’Alliance atlantique.
Dans le même temps, la France entre dans la Communauté économique européenne (CEE) le 1er janvier 1959. Le général de Gaulle s’est rapproché dès 1958 de l’Allemagne fédérale, recevant le chancelier Adenauer dans sa propriété de Colombey. Il entend développer un axe franco-allemand fort. En revanche, le Président français se montre réticent vis-à-vis de l’entrée de la Grande-Bretagne dans la CEE, car il la considère comme le “ cheval de Troie ” des États-Unis.
De manière générale, de Gaulle cherche à s’affranchir de la politique des deux blocs. Se méfiant de l’impérialisme américain, il prononce plusieurs discours remarqués : à Phnom-Penh, au Cambodge, il stigmatise en 1966 la politique américaine au Vietnam ; en juillet 1967, le “ Vive le Québec libre ! ” marque son opposition à l’impérialisme américain, tout en défendant la présence historique de la France en Amérique du Nord. Néanmoins, le général de Gaulle n’a jamais failli à sa fidélité au bloc occidental et par exemple, lors de la crise de Cuba en 1962, il a été le premier à soutenir Kennedy contre Khrouchtchev.

En 1965, l’élection présidentielle au suffrage universel direct est mise en pratique pour la première fois. Mis en ballottage au premier tour (avec 43,7% des voix), de Gaulle est finalement élu au second tour face à Mitterrand, avec 54,8% des voix.

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