La France à la Libération

Un bilan humain et matériel très lourd

Si la population manifeste sa joie et sa reconnaissance à l’arrivée des libérateurs, le quotidien des Français demeure toutefois précaire. De nombreuses familles sont endeuillées (familles des déportés et des 163 000 civils morts pendant les combats de la libération) et attendent le retour de leurs proches (déportés, prisonniers de guerre ou requis du Service du Travail Obligatoire, soit au total plus d’1,5 million de Français à rapatrier au printemps 1945). Les pénuries alimentaires persistent car la production agricole a fortement diminué pendant le conflit.

Les destructions matérielles sont également importantes : 2,6 millions d’immeubles ont été détruits ou endommagés ainsi que la moitié sur réseau ferroviaire. Dans les régions fortement bombardées ou dans les poches allemandes, les civils sans logis sont contraints de fuir ou de trouver des logements provisoires. Le déminage est également une priorité : 13 millions de mines sont disséminées sur 1% du territoire. Cette tâche est confiée à 50 000 prisonniers allemands et 3000 démineurs volontaires.

Gérer l’épuration

Une des tâches les plus difficiles confiées aux commissaires de la République, représentants du gouvernement provisoire consiste à gérer l’épuration. Les violences et crimes commis par la Milice et l’Occupant engendrent un fort désir de vengeance. L’épuration extrajudiciaire, en dehors de toute décision de justice, a touché 9 000 personnes désignées comme collaborateurs et 20 000 femmes tondues entre 1943 et 1945, accusées d’avoir entretenu des relations intimes avec l’Occupant. Toutefois, l’épuration est rapidement encadrée : au total, près de 350 0000 individus font l’objet d’une procédure judiciaire et 7000 peines capitales sont prononcés (dont 11% seront exécutées). L’épuration judiciaire est un phénomène massif mais contrasté et inégal selon les régions et les secteurs concernées. Les procès menés après-guerre ravivent les tensions. La volonté de restaurer l’unité nationale explique l’adoption entre 1947 et 1953 de lois d’amnistie mettant un terme à l’épuration.

Des réformes économiques et sociales d’envergure

Le retour des libertés fondamentales à la Libération se traduit par la multiplication des réunions publiques, manifestations de rues et un renouvellement de l’information (nouveaux titres de presse et programmes radiophoniques orchestrés par des journalistes résistants). En 1945, le droit de vote est élargi aux femmes puis aux militaires.

De grandes réformes économiques et sociales sont également mises en œuvre par le GPRF présidé par le général de Gaulle. Conformément au programme du CNR, les nationalisations touchent les secteurs-clés, une planification économique est mise en œuvre par l’Etat et la création de la Sécurité sociale (octobre 1945) ou des comités d’entreprise améliorent la protection sociale des citoyens.

Si cette rénovation républicaine demeure limitée (dans le domaine des droits des femmes, des nomades, ou du statut des peuples de l’Empire français par exemple), c’est surtout sur le plan institutionnel que les espoirs de renouveau sont déçus, provoquant le départ du général de Gaulle en janvier 1946.

Témoignage
Bibliographie
  • Fondation Charles de GaulleLe rétablissement de la légalité républicaine 1944, Bruxelles, Complexe, 1996
  • Kupferman FredLes premiers beaux jours : 1944-1946, Paris, Calmann-Lévy, 1985
  • Liquière Patrice, Bloch-Lainé FrançoisRestaurer, réformer, agir : la France en 1945, Paris, La Documentation française, 1995
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