La politique culturelle de la France dans les années 1960

Du Secrétariat aux Beaux-Arts à la création du ministère de la Culture

La nomination d’André Malraux, qui dispose du rang de Ministre d’Etat, aux Affaires culturelles en juillet 1959 montre la volonté du général de Gaulle de renouveler en profondeur l’action de l’Etat dans ce domaine. Les IIIe et IVe Républiques avaient créé un Secrétariat d’Etat aux Beaux-arts, dont le rôle était d’assurer la conservation des Monuments historiques et le dialogue avec le monde artistique. En nommant André Malraux, Charles de Gaulle désigne un écrivain de renom, théoricien de la Culture, pour qui celle-ci permet de « transformer le destin en conscience ». La politique menée est donc bien plus ambitieuse, et l’on peut considérer, comme Malraux l’exprime, l’Etat assume après 1958, dans le domaine de la Culture, des fonctions « tout à fait différentes ». Le lien n’est bien entendu pas coupé avec le monde de l’art : certaines commandes prestigieuses (Chagall peint le plafond de l’Opéra Garnier) ou l’effort fait en 1965 pour la sécurité sociale des artistes le montrent. Des artistes majeurs de leur temps sont directement associés à la politique du Ministère, comme le couple Renaud/Barrault, nommé à la tête de la scène nationale de l’Odéon, et soutenu dans ses choix de programmation par le Ministre (affaire des Paravents de Jean Genet, en 1966). Albert Camus se tue en 1960 dans un accident d’automobile en se rendant à un rendez-vous au cours duquel devait lui être proposé un poste d’administrateur de la Comédie française. De même, plusieurs procédures encore d’usage aujourd’hui, comme l’avance sur recettes pour le financement des films, sont mises en œuvre.

La culture incluse dans les acquis de l’Etat Providence

Mais l’essentiel réside dans l’effort mis en œuvre pour assurer une meilleure diffusion de l’art auprès des populations. L’une des priorités de Malraux est en effet de populariser la création artistique et de la rendre accessible au plus grand nombre. La création de festivals, comme la Biennale de Paris, et surtout la création des Maisons de la Jeunesse et de la Culture (10 inaugurées en 1969) vont dans ce sens : il s’agit de rendre la culture immédiatement accessible, et, pour reprendre la formule de Malraux, de « faire disparaître cet horrible mot de « province » » en décentralisant l’accès aux œuvres d’art.

La culture comme instrument de rayonnement de la France dans le monde

On notera enfin le souci de Malraux dans la lignée de la pensée du général de Gaulle, de faire de la culture un instrument de rayonnement pour la France à l’étranger. Le prêt de la Joconde à New York pour une exposition, contre l’avis de la Direction des Musées de France, ou la création, en 1966, du premier Festival des Arts nègres, à Dakar, en compagnie de Léopold Sedhar Senghor font de la culture un outil de diplomatie.

Bibliographie
  • Foulon Charles-LouisAndré Malraux et le rayonnement culturel de la France, actes du colloque international, Université de Saint-Quentin-en-Yvelines, 21-23 novembre 2001, Bruxelles, Complexe, 2003
  • Foulon Charles-Louis, André Malraux, ministre de l’irrationnel, Paris, Gallimard, 2010
  • Larcan AlainDe Gaulle, inventaire : la culture, l’esprit, Paris, Bartillat, 2003
  • Serroy Jean, De Gaulle et les écrivains, Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, 1991
X